Genre : horreur, gore (interdit aux - 12 ans/- 16 ans selon la version)
Année : 1986
Durée : 1h29
Synopsis : Le professeur Pretorious, un homme pervers et cruel, assisté de son collaborateur Crawford Tillinghast, met au point un système de résonance vibratoire qui accroît la glande pinéale et crée un sixième sens. Mais la première expérience tourne mal et Pretorious est tué. D'abord accusé de meurtre, Tillinghast est ensuite interné dans un hôpital psychiatrique. La jeune et ambitieuse docteur Katherine McMichaels s'intéresse aussitôt à son cas et parvient à obtenir sa libération provisoire afin de retenter l'expérience dans le laboratoire de Pretorious. Mais celui-ci revient d'entre les morts sous la forme d'une créature monstrueuse à la libido démesurée.
La critique :
En 1985, Brian Yuzna (à la production) et Stuart Gordon (à la réalisation) présentent Re-Animator, librement inspiré d'une nouvelle de H.P. Lovecraft. Au menu : du gore qui gicle, de l'humour noir, un soupçon d'érotisme et une atmosphère macabre très deuxième degré. Jackpot ! Ce petit film de série B devient immédiatement culte. S'il n'obtient qu'un succès d'estime dans les salles obscures, le film fera par la suite un carton monumental dans les vidéos clubs du monde entier.
Plus de trente après sa sortie, Re-Animator fait toujours l'unanimité et il est considéré comme un classique de l'horreur des années 1980. Forts de cette réussite, Brian Yuzna et Stuart Gordon renouvellent l'expérience l'année suivante avec From Beyond (en français, Aux portes de l'au-delà), une nouvelle adaptation de l'oeuvre de Lovecraft. Et très logiquement, devant un public toujours plus demandeur d'émotions fortes, ils placèrent le curseur encore plus haut. From Beyond sera donc plus gore et plus torride que Re-Animator. S'il enlève le côté humoristique de ce dernier, Gordon ne veut pas perdre ses fans de la première heure.
Il reconstitue donc le duo gagnant du premier film, à savoir le très déjanté Jeffrey Combs et la très belle Barbara Crampton, qui provoqua bien des frissons chez les teenagers de l'époque... A ce duo, s'ajoute la présence de Ken Foree, surtout connu pour avoir participé au Zombie de Romero. Au moment de sa sortie sur les écrans français, le magazine spécialisé Mad Movies titrait : "From Beyond, le meilleur film d'horreur des années 1980 ?". On pouvait, en effet, se poser l'égitimement la question.
Le film de Stuart Gordon correspondait en tous points aux critères de l'époque et réunissait tous les ingrédients pour devenir un classique du fantastique. Hélas, pour l'avoir revu récemment pour les besoins de cette chronique, j'ai trouvé que From Beyond avait tout de même pris un sacré coup de vieux. En premier lieu, les effets spéciaux (pourtant au top en 1986) sont évidemment aujourd'hui totalement dépassés. Ajoutons à cela que l'interprétation n'est pas exempte de tout reproche. Si les acteurs principaux s'en tirent remarquablement (mention spéciale à un Jeffrey Combs toujours plus barge), les interprètes secondaires surjouent un peu trop.
Nous sommes bien en présence d'une série B. L'élément le plus rédhibitoire reste sans nul doute l'absence totale de second degré et de touche humoristique. Or, c'est très souvent l'humour régressif qui a permis à des oeuvres dites "mineures" de traverser les décennies, sans trop souffrir du poids des années. Il n'y a qu'à prendre l'exemple d'Evil Dead, réalisé avec trois bouts de ficelle et pourtant devenu un incontournable, culte pour des générations de cinéphiles. Attention, SPOILERS !
Dans le laboratoire de son inquiétante demeure, le professeur Pretorious, assisté de Crawford Tillinghast, se livre à des recherches sur la stimulation de la glande pinéale. Le but est de créer un sixième sens à l'aide d'un résonateur vibratoire. Mais une nuit, alors qu'ils s'essaient à leur première expérience, la tentative tourne au drame. Pretorious est tué par de mystérieuses créatures et Tillinghast est sérieusement blessé. D'abord soupçonné du meurtre de son mentor, Crawford est arrêté par la police puis interné dans un hôpital psychiatrique.
La belle et ambitieuse docteur Katherine McMichaels s'intéresse aussitôt à son cas. Sous le prétexte de recherches sur l'état schizophrénique, elle obtient l'autorisation de ramener son nouveau patient sur les lieux du drame afin de reconstituer l'expérience de résonance vibratoire. Sous la surveillance du sergent Bufford Brownlee alias Bubba, Crawford et Katherine retournent au laboratoire maudit. Dès leur arrivée, ils branchent le résonateur vibratoire mais des événements terrifiants vont alors se produire.
L'appareil infernal se rechargeant par lui-même, plonge les participants dans un monde parallèle où des créatures voraces se jettent sur eux. Et l'horreur atteint son apogée lorsque le professeur Pretorious, transformé en bête monstrueuse, revient de l'au-delà pour déclarer sa flamme à Katherine... Stuart Gordon était-il amoureux de Barbara Crampton ? On pourrait le croire tant le réalisateur a eu le don de la mettre en scène de façon pour le moins sulfureuse. Dans Re-Animator, la tête décapitée du Docteur Lang (encore un détraqué celui-là !) léchait langoureusement l'entre-cuisses de l'actrice.
Dans From Beyond, c'est cette dernière, à travers son personnage de nymphomane sous influence, qui prend les devants et se pare de cuir pour abuser de son patient lors d'une scène très "hot". Barbara Crampton, source de fantasmes certes, mais la palme de l'interprétation revient à Jeffrey Combs, qui se surpasse dans le rôle du schizophrène de service. Un rôle qui lui collera à la peau toute sa carrière. Combs et Crampton furent véritablement les deux acteurs fétiches du réalisateur, qui les réunira une troisième et dernière fois dans Castle Freaks en 1995.
Hélas, les deux acteurs ne confirmèrent jamais cette période enchantée dans leur parcours. Jeffrey Combs continua une carrière honnête, sans plus (on l'a vu notamment face à Michael J. Fox dans Fantômes contre Fantômes). Quant à Barbara Crampton, elle se fourvoya par la suite dans d'improbables soaps, tels que Amour, Gloire et Beauté ou l'inénarrable Les Feux de l'Amour ! Ne nous méprenons pas. From Beyond reste un film sacrément couillu pour l'époque et jouit, encore aujourd'hui, d'une flatteuse réputation.
Certains emploieront même le terme (un peu trop galvaudé, je trouve) de culte. Quelques scènes sont restées en mémoire, notamment celle du "troisième oeil" sortant du crâne de Jeffrey Combs ou de la transformation, remarquable pour l'époque, du professeur Pretorious en créature visqueuse et dégoulinante. Dans ces années 1980 où l'imagination était au pouvoir, le duo Yuzna/Gordon tira remarquablement son épingle du jeu avec sa fausse trilogie étalée sur trois ans : Re-Animator (1985), From Beyond (1986) et The Dolls (1987), un petit bijou de fantasmagorie enfantine.
Après cette période de création intense, Stuart Gordon tomba peu à peu dans l'oubli du grand public et ne revint qu'en 1993, avec le très quelconque Fortress. Le passage de trois décennies a fait logiquement son travail de sape. Si en son temps, le film de Stuart Gordon marqua fortement les esprits, il apparaît aujourd'hui comme un produit délicieusement vintage quoique dépassé sur bien des points. Reste le charme indéfinissable d'une oeuvre certes bourrée de défauts, mais totalement décomplexée, horriblement jouissive et le plaisir de voir cabotiner un Jeffrey Combs au meilleur de sa forme.
Note : 14/20