Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2016
Durée : 1h31
Synopsis : 1630, en Nouvelle Angleterre. Une famille de colons quitte sa communauté et part s'installer dans une ferme isolée. Tous espèrent y mener une vie pieuse au milieu de cette étendue encore sauvage. Mais les événements étranges qui s'enchaînent vont progressivement les dresser les uns contre les autres.
La critique :
Amis lecteurs, vous aimez le gore bien crado et les victimes hurlantes à qui on arrache les intestins ? Alors, dans ce cas, il vaut mieux passer votre chemin, car le film dont je vais vous parler aujourd'hui risque clairement de déplaire à ceux qui ne jurent que par les films de torture à la Saw ou Hostel. The Witch est le premier long métrage de Robert Eggers. Passionné de légendes anciennes, le bonhomme décide de s'inspirer de contes du XVIe siècle, relatant des histoires de sorcellerie et construit une sorte de huis clos au climat progressivement étouffant.
L'histoire se situe en Nouvelle Angleterre et commence alors qu'une famille, victime de son intégrisme religieux, se voit rappeler à l'ordre par les responsables de la communauté où ils vivent. Préférant mener une vie pieuse loin de toute civilisation, le père décide de s'installer avec sa femme ses deux fils et sa fille dans une ferme isolée, à proximité d'une forêt.
Les ennuis commencent lorsque le bébé de la famille disparaît subitement. Les soupçons se portent rapidement sur Thomasin, l'aînée des enfants qui en avait la garde. Ce sont ensuite les récoltes qui sont détruites, puis Caleb, le plus grand des garçons, disparaît à son tour. La paranoïa et l'isolement vont progressivement s'installer, tandis qu'une ombre démoniaque rôde autour de la ferme, prête à frapper n'importe quand. Lors de sa projection au festival de Gerardmer 2016, The Witch divisa les spectateurs, ce qui peut véritablement se comprendre à la vision d'un film quelque peu anti-commercial, surtout dans la période actuelle où la plupart des longs métrages tentent d'offrir leur quota de frissons, à coup d'images chocs, souvent intégralement contenues dans les bandes annonces.
A la violence, Robert Eggers préfère la suggestion, choisissant de ne jamais rien expliquer de ce qui se passe à l'écran, et préférant laisser le spectateur se faire sa propre interprétation des événements. Autant le dire, The Witch fait bien plus penser au cinéma des années 70 (et notamment à celui du Roman Polanski de cette époque), qu'aux actuelles productions Blumhouse Pictures, ce qui explique sans doute le rejet massif de certains envers ce film. D'autant que la réalisation se compose uniquement de longs plans séquences, donnant parfois l'impression de voir du théâtre filmé. Pourtant, la personne qui acceptera de se laisser porter dans ce voyage au bout de l'enfer, découvrira une oeuvre particulièrement forte et réussie.
The Witch est d'abord un film porté par des personnages auxquels le réalisateur laisse tout le loisir de s'épanouir. Il y a d'abord le père de famille, William. Un homme solide en apparence, mais qui va rapidement démontrer l'ampleur de sa lâcheté, qu'il tente de cacher derrière son recours à la foi chrétienne. Il ira jusqu'à laisser Thomasin, sa propre fille, se faire accuser à sa place. Lors d'une scène, cette dernière lui renvoie d'ailleurs son manque de courage à la figure, lui balançant qu'il n'est bon à rien, hormis couper du bois et se soumettre à sa femme.
Indéniablement, la jeune fille est le personnage essentiel du film, car finalement, tout tourne autour d'elle. C'est d'abord Thomasin qui perd le bébé, se fait accuser de vol et même d'être une sorcière par ses jeunes frères et soeurs.
Quant à Caleb, le second enfant de la famille, il s'agit d'un adolescent prépubère qui se voit tirailler entre ses hormones (il ne peut s'empêcher de jeter des coups d'oeil vers le corsage de sa grande soeur) et son envie d'être un bon chrétien, capable de résister au péché de chair. Ce péché auquel il s'abandonnera lorsque la sorcière, sous l'apparence d'une belle jeune femme, lui donnera un tendre baiser.
Oeuvre complexe et envoûtante, portée par des comédiens tous parfaits et des décors naturels aussi beaux que menaçants, The Witch est avant tout une expérience singulière, plus inconfortable (certaines images mettent réellement mal à l'aise) que véritablement flippante, et dont la dernière image risque de vous hanter pour longtemps. Pas le film d'horreur de l'année mais, un long métrage à part qui mérite d'être découvert.
Note : 16/20