Love and Friendship (2016) de Whit Stillman

Adapté d'une des premières oeuvres de la célèbre romancière Jane Austen, "Lady Susan" probablement écrit alors qu'elle avait entre 14 et 18 ans seulement, ce film d'époque intrigue d'emblée grâce à la tagline sur l'affiche : Jemma Redgrave (de la Dynastie Redgrave), James Fleet vu dans Xavier Samuel vu dans"Jane Austen n'a jamais été aussi drôle" , qui rappelle un peu le mythique "Garbo rit" pour le film "Ninotshka" (1939) de Ernst Lubitsh. Réalisateur et scénariste de son 5ème long métrage après la comédie moderne "Damsels in distress" (2012), Whit Stillman retrouve ses actrices de "Les Derniers jours du disco" (1998), Chloë Sevigny en amie et confidente américaine et la sublime Ka te Beckinsale qui nous revient en grande forme après quelques années dans de s productions passées inaperçues... Au casting on reconnaitra plusieurs gueules avec des acteurs expérimentés comme Stephen Fry vu dans "Gosford Park" (2001) de Robert Altman, Jenn Murray révélée dans le rôle titre du film d'horreur "Dorothy" (2007) de Agnès Merlet et le jeune "Mr Turner" (2014) de Mike Leigh mais aussi la jeune "Anonymous" (2011) de Roland Emmerich et "Fury" (2014) de David Ayer.

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Un film choral en costume donc, dans la grande veine des Jane Austen au détail près mais d'importance, qu'ici la tragédie laisse place à une comédie satirique et même cynique. La fidélité à l'oeuvre originelle est secondaire d'autant plus que Stillman a dû faire avec un roman épistolaire, le scénario imagine donc beaucoup. On suit donc Lady Susan Vernon, veuve, par qui le scandale arrive et froissant la bonne société de son époque. Car Lady Susan Vernon est avant tout une femme forte, féministe avant l'heure qui se doit d'être une femme vénéneuse afin d'asseoir sa liberté. Le risque étant d'en devenir égoïste, manipulatrice et vénale. Interprétée par une Kate Beckinsale magnifique, Lady Susan se joue des conventions et devient une sorte de mante religieuse qui se sublime en manipulant à sa guise les pauvres benêts que sont les hommes, faisant des autres femmes des ennemies. Outre des personnages particulièrement bien croqués, on note la succulence avec laquelle les acteurs les interprètent. On ne peut que comprendre tant les dialogues sont pétillants et savoureux avec des répliques cinglantes et en toile de fond une réalité qu'on n'oublie jamais malgré l'ironie grinçante siglée Jane Austen. Elle se moque de ses conventions rétrogrades dans lesquelles les femmes étaient dans l'obligation de se créer une armure, où l'intellect se devait de surpasser les hommes à l'insu de leur plein gré bien évidemment ! La satire frappe juste et n'est jamais manichéenne, elle est effectivement drôle, magnifiquement écrite et mise en scène par un Whit Stillman inspiré. Une adaptation de Jane Austen loin du classicisme tragi-romanesque de ses oeuvres les plus connues comme "Orgueil et Préjugés"... Une très belle surprise qui devrait plaire aux femmes fortes qui se veulent l'égale des hommes, voire même plus !