Rogue - Solitaire (N'entrez jamais sur son territoire)

rogue solitaire

Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2007
Durée : 1h35

Synopsis : Australie. Le reporter cynique américain Pete McKell rejoint un groupe disparate de touristes pour une splendide croisière sur les eaux sauvages du Kadaku National Park. Mais à la suite d'un étrange accident, leur embarcation fait naufrage. Alors que le groupe attend en vain d'être secouru, un crocodile géant mangeur d'hommes apparaît à la surface de l'eau

La critique :

Le genre crocodile au cinéma ou plutôt la suite logique des Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975). A la seule différence que le requin a été supplanté par un saurien vindicatif et à l'appétit pantagruélique. Tobe Hooper est l'un des premiers réalisateurs à céder à la facilité avec Le Crocodile de la Mort (1977). Néanmoins, dans ce film, le reptile vorace de service reste assez secondaire au profit d'une ambiance eschatologique, dans la lignée de Massacre à la Tronçonneuse.
L'animal cruel et longiligne connaît sa période de gloire et son apogée dans les années 1980 et 1990 avec L'incroyable Alligator (Lewis Teague, 1982), Killer Crocodile (Fabrizio de Angelis, 1989), Killer Crocodile 2 (Giannetto de Rossi, 1990) et le "nanardesque" Crocodile Fury (Ted Kingsbrook, 1988).

A partir des années 2000 et avec l'avènement des productions SyFy et Asylum en vidéo, le genre crocodile est relancé dans des longs-métrages ubuesques et parodiques : Mega Shark Vs. Crocosaurus (Christopher Ray, 2010), Dinocroc Vs. Supergator (Jim Wynorski, 2010), ou encore la saga Lake PlacidVient également s'ajouter Solitaire, réalisé par Greg McLean en 2007. A noter que le film est sorti sous plusieurs intitulés, entre autres, Rogue puis tout simplement Eaux Troubles.
Le long-métrage est basé sur une histoire vraie. Solitaire s'inscrit donc dans la logique et la continuité d'Open Water - En Eaux Profondes (Chris Kentis, 2003) et de Black Water (Andrew Traucki, 2007). 
Quant à Greg McLean, le réalisateur s'est déjà illustré par le passé avec Wolf Creek en 2005, un film d'horreur qui avait au moins le mérite de se détacher des tortures porn habituels. 

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A nouveau, le cinéaste nous convie en pleine cambrousse australienne, plus précisément du côté d'immenses marécages, noyés par la présence comminatoire de crocodiles gigantesques et guettant patiemment leur proie. La distribution du film réunit Michael Vartan, Radha Mitchell, Sam Worthington, Caroline Brazier, Stephen Curry, Celia Ireland et John Jarratt. En outre, le scénario de Solitaire est à la fois classique et laconique. Attention, SPOILERS ! 
Australie. Le reporter cynique américain Pete McKell rejoint un groupe disparate de touristes pour une splendide croisière sur les eaux sauvages du Kadaku National Park. Mais à la suite d'un étrange accident, leur embarcation fait naufrage. Alors que le groupe attend en vain d'être secouru, un crocodile géant mangeur d'hommes apparaît à la surface de l'eau. Autant le dire tout de suite. 

On attendait plus (et même beaucoup plus) de la part du réalisateur de Wolf Creek. Certes, le réalisateur n'a rien perdu de sa virtuosité technique et esthétique via de magnifiques paysages aux couleurs châtoyantes. C'est d'ailleurs la première partie du film. Finis les jeunes éphèbes torturés par un maniaque du scalpel pour se focaliser sur un groupe de touristes. Solitaire débute presque comme une réunion champêtre sur un bateau touristique.
La croisière dans les eaux sauvages et animales du Kadaku National Park peut enfin commencer. Dès lors, le long-métrage prend une tournure presque anthropologique et écologique sur le "Dieu" crocodile, ce redoutable prédateur qui vit sur notre planète depuis la Préhistoire.

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Redouté par la faune locale, le célèbre reptile prise également les proies humaines. Donc attention à ne pas émoussé ses appétences et à surgir sur son territoire ! Telle est la dialectique de Solitaire. Le scénario du film ne brille pas vraiment par sa complexité. Dès lors, Greg McLean prend son temps pour présenter les inimitiés. Contrairement à la grande majorité des films de requins ou de crocodile, la créature n'apparaît pas dès les premières minutes de bobine.
Il faudra donc s'armer de patience avant de voir apparaître la tête oblongue et carnassière de l'animal. D'ailleurs, tout au long du film, le crocodile apparaît toujours furtivement (à peine quelques secondes) pour mieux happer sa proie avant de plonger à nouveau dans des eaux troubles et ensanglantées. Donc peu ou prou de surprises au tableau de bord.
Bien que se déroulant en pleine nature, Solitaire se transforme quasiment en huis-clos à ciel ouvert. Suite à une attaque saurienne, les touristes se retrouvent sur une petite parcelle de terre bientôt menacée par la montée des eaux. Certes, Greg McLean déploie à nouveau tous ses talents d'érudit derrière la caméra. Certes, on tient là un film de crocodile supérieure à la moyenne générale. 
Pourtant, malgré de nombreux atouts et de solides arguments, Solitaire ne parvient jamais à surprendre ni à transcender son sujet. Trop classique dans sa forme et dans sa narration, Solitaire n'est finalement qu'un énième succédané des Dents de la Mer. Il faudra attendra les quinze dernières minutes avant d'être saisi par la peur et l'effroi, avec un combat final entre Michael Vartan et l'animal. 
Dès lors, le long-métrage exploite enfin tout son potentiel... Hélas bien trop tardivement pour convaincre sur la durée et pour susciter entièrement l'adhésion. Visiblement, Greg McLean semble assez partagé entre le film personnel et les préceptes dictés par les grands pontes du cinéma hollywoodien. Par moments, le cinéaste cède tout de même à la facilité. Il peut néanmoins s'appuyer sur un casting solide, Michael Vartan en tête. Mais Solitaire n'est pas la claque annoncée et ne renouvelle en rien un genre assez moribond dans l'ensemble.

Note : 11.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver