Dough, ou la comédie bonne-pâte.

Par Lakshmiz

On connaît peu John Goldschmidt, le réalisateur de qui s'est surtout illustré comme documentariste pour la télévision ainsi que dans la production. Ce londonien de naissance a vécu à Vienne en Autriche puis il a suivi des cours à la FAMU (l'école nationale tchèque du cinéma et des arts dramatiques, située à Prague) avant de retourner à Londres pour parfaire sa formation au Royal College of Arts. Fort de son parcours et de son expérience télévisuelle, le réalisateur a fait partie du jury des BAFTA (British Academy Film and Television Arts) mais également de celui de l'EFA (European Film Academy). A 72 ans, John Goldschmidt revient à la réalisation avec une comédie qui flirte avec le feel-good movie. Le pitch est aussi simple qu'il est cocasse : Nat Dayan est un boulanger juif londonien vieillissant, à l'image de sa boutique, petit commerce traditionnel et familial. Il porte à bout de bras cet héritage qu'il aimerait voir résister à la concurrence : un supermarché qui ambitionne de racheter les commerces avoisinants. Mais voilà que le même supermarché décide de lui voler son apprenti. C'est au pied du mur que le boulanger accepte de former Ayyash, jeune réfugié musulman originaire du Darfour, comme nouvel apprenti. Un job qui a comme seule vocation de servir de façade pour le jeune homme, accessoirement dealer de cannabis. Rien qu'à la lecture du synopsis, le film fleure bon la comédie sociale et nous remémore les histoires les plus savoureuses de Ken Loach ou encore l'irrésistible The Full Monty de Peter Cattaneo. emprunte cette voie, peut-être un peu trop timidement, et on peine à le classer dans un genre particulier. S'agit-il d'un feel good movie dramatique ou d'une comédie sociale à part entière ? A vous de voir, et finalement la question importe peu.


Le drôle de duo formé par Jonathan Pryce, bien connu des sériphiles pour son rôle du Grand Moineau dans , et Jerome Holder, un nouveau venu dans le cinéma, fonctionne assez bien. Si l'on sent par moments Jerome Holder encore un peu trop timide vis-à-vis de son jeu d'acteur, cette réserve n'est pas problématique puisqu'elle s'inscrit bien dans le rôle de Ayyash. Jonathan Pryce et Jerome Holder forment ensemble un duo émouvant et attachant. Tout le piment de cette comédie repose sur les interactions entre ces deux personnages diamétralement opposés, tant dans leurs âges que leurs appartenances sociales et religieuses. Mais aussi dans leurs activités ! Comme l'annonce le titre, signifie pâte en anglais mais aussi, en slang, fric. Une belle synthèse des activités de chaque personnage mais également de leurs états d'esprit. Nat Dayan manie tous les jours la pâte à pain avec révérence et Ayyash se lance dans le juteux trafic de shit dans l'espoir d'offrir un meilleur avenir à sa famille. Bien évidemment les deux activités vont finir par se mêler pour le plus grand plaisir de la clientèle et de Nat qui voit son commerce revivre. Vous me direz, semble pétri de bons sentiments et de problématiques éculées déjà vues un milliard de fois au cinéma. Certes, la comédie de John Goldschmidt reprend les thématiques usuelles du conflit générationnel et religieux ou encore de la rivalité commerciale en les traitant avec espièglerie et bienveillance. Si l'on ne peut pas s'émerveiller quant à l'originalité du propos, il faut tout de même saluer une narration sobre qui parvient à éviter les clichés du genre. Côté réalisation, vous ne trouverez pas non plus de prouesses techniques ou stylistiques. Cadrage et mise en scène sont tout de même soignés. En définitive, est une comédie sympathique et honnête. Elle ne cherche pas à forcer son trait ou arracher vos rires, elle veut simplement vous faire passer un bon moment. Sans autres prétentions.