[CRITIQUE] : Money Monster

[CRITIQUE] : Money Monster
Réalisateur : Jodie Foster
Acteurs : George Clooney, Jack O'Connell, Julia Roberts, Dominic West, Giancarlo Esposito,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min.
Ce film est présenté Hors Compétition au Festival de Cannes 2016
Synopsis :
Lee Gates est une personnalité influente de la télévision et un gourou de la finance à Wall Street. Les choses se gâtent lorsque Kyle, un spectateur ayant perdu tout son argent en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage pendant son émission, devant des millions de téléspectateurs…

Critique :
#MoneyMonster ou un regard acéré et honnête façon thriller haletant sur le capitalisme ambiant prônant l'individualisme égoïste.Belle claque— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 12, 2016

Si la Jodie Foster actrice n'a décemment plus rien à prouver, force est d'avouer que la Jodie Foster réalisatrice non plus, tant la talentueuse madame s'est échinée à suivre l’adage " tourner peu mais tourner bien ", depuis ses tout début en 1991 avec le bouleversant Le Petit Homme.
Deux films plus tard (les excellents Week-end en Famille et Le Complexe du Castor) et quelques épisodes de séries TV chez Netlifx (les précieuses House of Cards et Orange is The New Black), là voilà de retour sur la Croisette cinq ans après Le Complexe du Castor, avec Money Monster.
Vrai-faux événement puisqu'il figure certes dans la Sélection Officielle, mais hors compétition là ou on en faisait l'un des favoris dans la course à la Palme depuis plusieurs mois.
Premier faux-pas de la part du Festival cette année ?
[CRITIQUE] : Money Monster
La question se posait bien là, tant voir Jodie Foster s'attaquer à la crise financière après les brillants Margin Call et The Big Short, dans un pur film de studio et dominé par un casting indécent de talents (George Clooney, Julia Roberts, Jack O'Connell, Dominic West et Giancarlo Esposito); c'était une équation qui, pour nous, méritait plus qu'une projection sans enjeux - le film sort dans les salles obscures le jour même de sa présentation.
Surtout que Foster ne s'attache pas ici au point de vue bavard des traders ou des banquiers, mais bel et bien à celui plus musclé et empathique des premières victimes de la crise - comme le brillant 99 Homes de Ramin Bahradi -, le citoyen ricain moyen; via le destin compliqué de Kyle.
Un simple épargnant qui après avoir écouté les conseils mal avisés du gourou de la finance à Wall Street Lee Gates, a perdu tout son argent.
Complétement acculé, il exige réparation et décide de prendre en otage le présentateur vedette en pleine émission, le parant d'un gilet d'explosifs tout en menaçant de le faire exploser si réparation n'était pas faite.
Seul face aux caméras et en plein direct devant des millions de téléspectateurs, Gates n'aura que son bagou légendaire et l'aide de sa productrice, Patty Fenn, dans son oreillette, pour expliquer à son agresseur les raisons de sa faillite...
Satire/thriller engagé et foutrement tendu, prenant à bras le corps le problème de la crise financière qui gangrène le pays de l'Oncle Sam tout en offrant en prime, une mise en abyme fascinante dans le monde de la télévision US; Money Monster est une critique acerbe et férocement cynique du néolibéralisme et des sociétés capitalistes contemporaines prônant l'individualisme égoïste, tout en épinglant la manie du monde 2.0 ou tout malheur est raison à un buzz conséquent sur les réseaux sociaux.
[CRITIQUE] : Money Monster
Dans la plus pure tradition du genre (sans artifices putassiers, le film s'apparente même presque à un huis-clos), Foster dresse un portrait sans concession du monde actuel via un script joliment ficelé (même si un poil prévisible) et haletant, jouant autant avec la montre qu'avec le cœur d'un auditoire totalement acquis à sa cause.
En pleine possession de ses moyens - sa mise en scène et sa direction d'acteurs sont grandioses -, la réalisatrice offre non seulement à Julia Roberts (épatante, on ne l'avait plus vu aussi impliquée depuis Erin Brockovich) et George Clooney (impeccable) leur meilleur rôle de récente mémoire; mais surtout à l'inestimable Jack O'Connell, l'occasion d'exploser dans une partition qui le fera enfin connaitre du grand public après l'occasion manquée Invincible d'Angelina Jolie-Pitt.
Diablement efficace, honnête et prenant, Money Monster est la claque cinématographique attendue, une chronique bouillante et haletante qui démontre non-seulement le savoir-faire évident de Jodie Foster derrière la caméra; mais qui fait surtout pleinement décoller une sélection Cannoise déjà bien entamé hier par le bonbon acidulé Allenien, Café Society...
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Money Monster