Café Society

Date de sortie 11 mai 2016

Café Society


Réalisé par Woody Allen


Avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell,

Ken Stott, Jeannie Berlin, Corey Stoll, Parker Posey, Blake Lively

Sari Lennick, Stephen Kunken


Genre Comédie dramatique


Production Américaine

Festival de Cannes 2016

Café Society, 46ème long-métrage du réalisateur sera présenté

en ouverture et hors-compétition au Festival de Cannes 2016

Synopsis

New York, dans les années 30.

Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman (Jesse Eisenberg) a le sentiment d'étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil (Steve Carell), puissant agent de stars, accepte de l'engager comme coursier.

À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n'est pas libre et il doit se contenter de son amitié. Jusqu'au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre.

Soudain, l'horizon s'éclaire pour Bobby et l'amour semble à portée de main…

Café Society - Kristen Stewart et  Jesse Eisenberg

Kristen Stewart et  Jesse Eisenberg

Notes de production relevées dans le dossier de presse.

Situé dans les années 30, Café Society est un récit foisonnant qui se déroule entre New York et Hollywood. On y croise toutes sortes de personnages, qu’il s’agisse de stars de cinéma, de milliardaires, de séducteurs, de professeurs, de femmes ambitieuses et de gangsters.
L’ampleur de l’intrigue faisait partie intégrante du projet dès le départ. "Quand j’ai écrit le scénario, je l’ai construit comme un roman. Comme dans un roman, on s’attarde un moment avec le protagoniste et sa petite amie, puis avec ses parents, avant d’enchaîner sur une scène avec sa soeur ou son frère gangster, ou encore une autre à Hollywood avec des stars et des magouilleurs. On plonge ensuite dans la société newyorkaise des clubs à la mode – la "café society" – où l’on croise des hommes politiques, des jeunes filles faisant leurs premiers pas dans le monde, des séducteurs, des maris infidèles ou des femmes assassinant leurs maris. Depuis le début, j’ai conçu cette histoire comme un récit choral qui ne s’attache pas à un seul personnage."
indique Woody Allen


Dans ce tourbillon étourdissant, on fait néanmoins la connaissance de Bobby Dorfman, originaire du Bronx, qui souhaite tenter sa chance à Hollywood avant de revenir à New York. "L’histoire d’amour de Bobby est le fil conducteur du film, reprend le réalisateur, mais les autres personnages confèrent sa tonalité au récit."

Cafe Society

Jesse Eisenberg

Comme dans un roman, l’histoire est racontée par son auteur. D’où la décision d’Allen d’introduire un narrateur et d’assurer lui-même la voix-off. "J’ai fait ce choix parce que je savais exactement quelle intonation donner à chaque mot,  Je me suis dit qu’à partir du moment où j’avais écrit l’histoire, c’était comme si je lisais oralement mon propre roman." confie-t-il.
L’expression Café Society fait allusion à ce milieu de mondains, aristocrates, artistes et personnalités qui fréquentaient les cafés et les restaurants à la mode à New York, Paris et Londres à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. Cette appellation est devenue en vogue à New York dans les années 30, après la fin de la Prohibition et l’émergence de la presse populaire titrant abondamment sur les adeptes de la Café Society.

Il existait alors des dizaines de clubs éblouissants à New York, dont certains comportaient même des orchestres symphoniques. Chaque soir, les célébrités enfilaient smokings et robes longues pour sillonner les établissements prestigieux de la ville, des clubs de jazz de Greenwich Village au mythique El Morocco de Midtown, sans oublier le Cotton Club de Harlem, sur la 142ème rue.

"Cette époque m’a toujours fasciné. C’est l’une des périodes les plus exaltantes de l’histoire de la ville, où l’effervescence régnait tous les soirs. Quel que soit le quartier, Manhattan vibrait au rythme de ses théâtres, cafés et restaurants plus élégants et chics les uns que les autres." poursuit le cinéaste.

À Hollywood, qui connaissait son âge d’or, les célébrités et les milliardaires avaient aussi leurs lieux de prédilection, mais la vie nocturne se démarquait nettement de celle de New York. "On appréciait le côté glamour du Coconut Grove et du Café Trocadero. Il n’y avait pas autant d’endroits où sortir, ils fermaient plus tôt, les gens portaient des vêtements plus légers et prenaient leur voiture pour aller d’un endroit à l’autre. Certains clubs étaient très courus parce qu’ils étaient fréquentés par les stars de cinéma, mais il y avait une forme d’élégance et de raffinement dans la vie nocturne new-yorkaise qui n’existait pas à Hollywood."ajoute le réalisateur.
Si le film brosse le portrait d’une époque, Café Society n’en est pas moins une saga familiale. Le père de Bobby, Marty (Ken Stott), est un homme bourru, mais animé par de profondes valeurs morales, qui tient une modeste bijouterie dans le Bronx.
Sa femme Rose (Jeannie Berlin) passe son temps à critiquer ses facultés intellectuelles et à pointer ses nombreux défauts. "Elle a l’impression, sans doute à tort, qu’elle aurait eu une vie meilleure avec un autre homme à ses côtés. Ils se disputent constamment, mais ils sont très attachés l’un à l’autre et ils s’aiment… même s’ils ont une manière originale de manifester leur sentiments ! En réalité, ils se précipiteraient à l’hôpital s’il devait arriver malheur à l’un ou l’autre." note Woody Allen.


Café Society - Corey Stoll et Paul SchneiderBen (Corey Stoll), l’aîné des trois enfants de Marty et Rose, est un gangster. "Ben voit bien que son père n’a jamais pu se payer quoi que ce soit et qu’il a toujours dû se battre. Il a fréquenté les gangs, il a enchaîné les boulots qui rapportent gros, mais qui n’ont rien de légal, et il s’est rendu compte qu’on pouvait mener la belle vie en étant hors la loi." constate le réalisateur.

Pourtant, même si Ben n’a pas les mêmes valeurs que ses proches, sa loyauté envers sa famille est intacte : il ne manque jamais un événement familial et propose systématiquement son aide à son frère, sa soeur ou ses parents.


Evelyn (Sari Lennick), brillante soeur cadette de la fratrie, est enseignante : elle a épousé Leonard (Stephen Kunken), lui-même professeur, et a choisi un mode de vie plus intellectuel. Leonard, qui a un peu le profil-type de l’universitaire, est un homme de principe qui adore Evelyn. Au début du film, Bobby (Jesse Eisenberg), lassé de travailler dans la bijouterie de son père, part tenter sa chance à Los Angeles.


Engagé par son oncle Phil Stern (Steve Carell), puissant agent de stars, il a le sentiment que l’horizon s’éclaircit. "Au départ, Bobby est un type candide, une sorte de doux rêveur s’imaginant qu’il peut débarquer à Hollywood et que le milieu du cinéma va lui tendre les bras". Bien entendu, rien de tout cela ne se produit.

Café Society - Steve CarellMais il veut avoir une vie plus trépidante, et il est vrai qu’il fait partie d’une génération et d’un milieu pour qui le rêve de glamour semble plus accessible – d’autant plus que son oncle, lui, y est parvenu. Confronté au monde réel, il découvre tour à tour sa beauté et ses embûches, tout en trouvant sa voie de manière à la fois touchante et chaotique."

"Bien entendu, rien de tout cela ne se produit. Mais il veut avoir une vie plus trépidante, et il est vrai qu’il fait partie d’une génération et d’un milieu pour qui le rêve de glamour semble plus accessible – d’autant plus que son oncle, lui, y est parvenu. Confronté au monde réel, il découvre tour à tour sa beauté et ses embûches, tout en trouvant sa voie de manière à la fois touchante et chaotique." souligne Jesse Eisenberg.

Redoutable entrepreneur et homme de pouvoir, Phil, l’oncle de Bobby, tutoie les plus grandes stars d’Hollywood… même s’il a du mal à reconnaître la voix de sa soeur au téléphone. "Quand on fait sa connaissance, il semble très impressionnant. Il fait constamment dix choses en même temps, il a toujours un appel urgent à passer tout en étant en réunion, et il est parfaitement à l’aise dans ce rôle. Mais plus on apprend à le connaître, plus on s’aperçoit qu’il y a chez lui une part de douceur et de fragilité, et qu’il a le sens des valeurs : il ne prend pas de décisions sans se soucier des sentiments des autres. C’est, à mon avis, ce qui le rend humain et attachant." déclare Steve Carell


Café Society - Kristen Stewart

Étant donné que Bobby ne connaît pas Los Angeles, Phil demande à son assistante Vonnie (Kristen Stewart) de lui faire découvrir la ville. Tandis qu’elle l’emmène voir les somptueuses propriétés des stars et qu’elle lui fait part de ses souvenirs et de son point de vue sur Hollywood, Bobby tombe aussitôt sous son charme.

"Vonnie est une jeune fille ambitieuse qui n’a aucune illusion sur le côté superficiel du milieu dans lequel elle fraie. C’est un monde exaltant et séduisant, mais dont elle perçoit aussi la vacuité, et cette lucidité la rend d’autant plus irrésistible." assure Kristen Stewart.


Jesse  Eisenberg reprend : "J’ai le sentiment que ces deux personnages sont à la fois attirés par le côté glamour de l’usine à rêves, tout en y résistant. Mais Vonnie incarne une formidable alternative à cet univers clinquant : elle est cynique et drôle, et elle a un vrai regard sur le monde." Malheureusement, elle a aussi un petit ami et le jeune homme doit donc se contenter de son amitié.

À Los Angeles, Bobby sympathise avec deux New-yorkais, Rad Taylor (Parker Posey), à la tête d’une agence de mannequins, et son mari Steve (Paul Schneider), riche producteur. Ce dernier invite Bobby à une projection de l’un de ses films dans sa propriété, et Bobby découvre alors un avant-goût de la vie à Hollywood.

Lorsque le petit ami de Vonnie rompt brutalement avec elle, Bobby saute sur l’occasion pour lui déclarer sa flamme : elle finit par s’éprendre de lui. Mais tandis qu’il se voit confier des missions de plus en plus importantes à l’agence de son oncle, il comprend qu’il n’est pas fait pour Los Angeles. Il propose à Vonnie de l’épouser, de l’accompagner à New York et de mener une vie de bohème à Greenwich Village. La jeune femme est sur le point de lui dire oui… au moment où son ex-petit ami revient sur le devant de la scène. Bien qu’elle soit amoureuse de Bobby, elle choisit son ancien amant, brisant le coeur de Bobby.


De retour à New York, Bobby travaille pour son grand frère Ben qui a repris la boîte de nuit Club Hangover. Particulièrement à l’aise dans cet univers, le jeune homme ne tarde pas à se rendre indispensable : glissant un mot aimable au moindre client, il réussit naturellement à attirer les membres les plus éminents de la Café Society. Rad le convainc de refaire la décoration du club et de le rebaptiser sous le nom beaucoup plus chic des Tropiques. Très vite, les mondains, les personnages célèbres, les hommes politiques et les séducteurs en tous genres s’y pressent, tandis que Bobby papillonne de l’un à l’autre, en maître des lieux accueillant. Il est devenu le roi de la nuit new-yorkaise.

Un soir, Rad présente Bobby à Veronica (Blake Lively), jeune mondaine dont le mari l’a quittée pour sa meilleure amie


Café Society - Blake Lively

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"Veronica est incontestablement blessée et un peu traumatisée par ce qui lui est arrivé, mais elle n’est pas encore blasée par cet univers. Elle possède une certaine pureté, et on s’en rend compte lorsqu’elle écoute Bobby lui parler de ses origines et qu’elle réagit avec curiosité, plutôt qu’en émettant un jugement de valeurs.

Grâce à son ouverture d’esprit, toutes les barrières sociales et politiques, très importantes à l’époque, tombent. Veronica est rapidement conquise par le charme et l’assurance de Bobby, et après quelques rendez-vous amoureux seulement, elle lui annonce qu’elle est enceinte. Bien que Bobby n’ait pas oublié Vonnie, il lui propose de l’épouser et elle accepte. "Veronica était un personnage passionnant à interpréter. En effet, si on est en empathie avec les deux amants – Bobby et Vinnie –, dès lors qu’intervient Veronica, on la trouve attachante tout en souhaitant que les deux protagonistes soient de nouveau réunis. Du coup, on est à la fois en empathie avec elle et avec eux. C’était amusant de jouer un personnage qui vient un peu tout bousculer sur son passage." analyse Blake Lively.

Après avoir collaboré avec d’immenses chefs-opérateurs, Woody Allen a fait appel pour la première fois à Vittorio Storaro, triplement oscarisé. "Pour moi, la lumière contribue directement à la narration, et Vittorio est un artiste extraordinaire", s’enthousiasme le réalisateur. C’est aussi la première fois que les deux hommes tournent en numérique. Vittorio Storaro avait déjà exploré les possibilités offertes par les caméras numériques, et il estimait que la technologie avait atteint un niveau tel de développement que les résultats lui semblaient désormais satisfaisants. Le cinéaste et le directeur de la photo ont travaillé en étroite collaboration pour mettre au point trois univers visuels distincts. "Dans le Bronx, la lumière est désaturée, quasi hivernale, évoquant la tombée du jour. C’est tout l’inverse à Los Angeles : Hollywood se caractérise par des couleurs primaires très marquées et par une palette de couleurs chaudes et solaires. Lorsque Bobby revient à New York, la lumière est plus intense et les tonalités plus vives, notamment s’agissant des scènes dans les clubs. À mesure qu’avance l’intrigue, les différences visuelles s’estompent entre les deux villes. J’adore faire en sorte que des univers qui, au départ, tranchent sur le plan esthétique se rapprochent progressivement, jusqu’à ce qu’ils se rejoignent." note Vittorio Storaro

Si le film a surtout été tourné en plans-séquences et qu’il privilégie des plans larges, correspondant à l’époque évoquée, Vittorio Storaro et Woody Allen ont utilisé la Steadicam dès qu’on entend la voix-off : "Le narrateur n’appartient à aucune époque, ni à aucun lieu précis". Il est une totale abstraction. Du coup, lorsqu’il raconte l’histoire, on s’est dit qu’il devait avoir son propre regard. On a estimé que c’était une formidable opportunité d’utiliser la Steadicam afin d’être au plus près des personnages et de laisser les émotions guider la caméra en toute liberté." indique le chef-opérateur.

Café Society -  Jesse Eisenberg et  Blake Lively,

Jesse Eisenberg et Blake Lively

Les tenues de la chef-costumière Suzy Benzinger mettent en valeur les différences entre le glamour new-yorkais et hollywoodien. "Hollywood est un monde totalement factice qui a été créé pour attirer des millions de gens dans les salles de cinéma, dit-elle. Pour les responsables de studio, il fallait absolument que les starlettes soient glamour et elles étaient habillées en tenues de soirée à chaque fois qu’elles sortaient de chez elles. On a tous vu ces photos d’avantpremières à Hollywood dans les années 30 où les femmes portent des manteaux de fourrure ornés d’orchidées. Pourtant, quand on s’y penche d’un peu plus près, on constate que ces avant-premières avaient lieu en août, lorsqu’il faisait une chaleur épouvantable en Californie ! À New York, on était plus rationnel : comme il faisait froid, les femmes portaient des chapeaux."
Le style new-yorkais se distingue de celui de la Côte Ouest : influencés par l’intense vie culturelle dans laquelle ils baignaient, les gens achetaient eux-mêmes des smokings et des vêtements de haute couture. "Les New-yorkaises étaient un peu plus européennes et un peu plus chics que les Californiennes", note Suzy Benzinger.
"À l’époque, de nombreux grands couturiers français travaillaient à New York et les femmes rivalisaient entre elles, défendant Chanel pour certaines et Schiaparelli pour d’autres." Comme elle ne pouvait pas s’appuyer sur les photos de l’époque, pour la plupart en noir et blanc, la chef-costumière a eu recours à d’autres procédés : "Je me suis plongée dans des magazines de mode des années 30 où certains articles titraient : "Voilà la dernière couleur à la mode à Paris”."

Bruce Willis était le premier choix de Woody Allen pour interpréter le rôle principal du film. Après quelques jours de tournage, l'acteur a quitté le plateau. Si l'on pensait au départ qu'il était parti se préparer à jouer la pièce Misery adaptée de l'oeuvre de Stephen King, il a été en réalité viré en raison de son incapacité à se souvenir de ses répliques, et d'un comportement inapproprié.

Il a été remplacé par Steve Carell quatre jours plus tard.

Mon opinion

Dans cette nouvelle réalisation, Woody Allen offre un film, à la fois tendre et ardent.

Un certain côté belliqueux flirte avec la légèreté. La voix off du réalisateur accompagne parfaitement le récit.  "J’ai fait ce choix parce que je savais exactement quelle intonation donner à chaque mot,  Je me suis dit qu’à partir du moment où j’avais écrit l’histoire, c’était comme si je lisais oralement mon propre roman."

Les dialogues, souvent savoureux, trouvent un point culminant avec Jeannie Berlin, dans le rôle de cette mère juive qui se lamente quand, son fils condamné à la peine capitale, a mal tourné en devenant catholique.

Le réalisateur travaille pour la première fois avec le directeur de la photographie, Vittorio Storaro. De cette collaboration découle un résultat magnifique.

Les costumes de Suzy Benzinger sont raffinés et remarquables jusque dans le moindre détail.

La satire, parfois cruelle, accompagne avec une certaine frénésie la vie de ce jeune homme attiré par le cliquant d'Hollywood, pour revenir vers le lieu de ses racines. New York.

Il faudrait citer l'ensemble du casting tant chaque acteur trouve sa juste place en offrant le meilleur.

Sans être un inconditionnel de Woody Allen, j'ai aimé ce film, subtil, sensible, parfois âpre dans le propos mais réussi de bout en bout.