Everybody Wants Some !! (Critique l 2016) réalisé par Richard Linklater

Synopsis : " Dans les années 80, suivez les premières heures de Jake sur un campus universitaire. Avec ses nouveaux amis, étudiants comme lui, il va découvrir les libertés et les responsabilités de l'âge adulte. Il va surtout passer le meilleur week-end de sa vie."

Richard Linklater avait séduit la France entière et le monde avec un portrait incroyable d'un jeune garçon que l'on suivait de l'âge de 6 à 18 ans, c'était Boyhood. La particularité était que le film avait été filmé sur 12 années à raison d'1 mois par an. Ce procédé novateur mettait en lumière à la fois le jeune Ellar Clotrane mais aussi et surtout Patricia Arquette et Ethan Hawke qui acceptaient de se montrer sans fard et avec le temps qui passe et l'usure du métier de comédien sur leur visage.

L'histoire s'arrêtait au moment où Mason arrivait à l'université... Everybody wants some !! n'est pas sa suite bien que l'histoire se passe sur le week-end précédent l'entrée à l'université de jeunes hommes prêts à en découdre avec la vie, les études, le sport et surtout les filles !

L'histoire est simple : on va suivre Jake intégrant sa fraternité des joueurs de base-ball obsédés par les filles et les fêtes, sûrs d'eux-mêmes et de leurs talents pour faire chavirer les coeurs et remporter toutes les victoires sur le terrain durant l'année.

Sur le modèle de la chronique du passage à l'âge adulte et de tous les possibles, Linklater filme des garçons qui savent qu'ils ont encore trois jours d'insouciance avant de passer à la suite. Mais quelle suite ? Car si le film joue à fonds sur les clichés du jeune étudiant déluré, délirant et pro-alcool et pétards à gogo, c'est pour mieux montrer qu'ils sont en route vers l'inconnu : prêts à faire un saut dans le vide. En effet, quelles études choisir ? Quel avenir pour eux qui sont des sportifs et sensés être les meilleurs des meilleurs ? Quelle issue s'ils ne se font pas remarquer.

Et cela se ressent lorsqu'ils s'affrontent entre eux : tournoi de ping-pong, jeu de la pichenette sur les os des mains jusqu'au sang, ingestion d'alcool jusqu'à plus soif ou de fumettes jusqu'à l'état de "stone attitude" le plus parfait possible. Et enfin, bien entendu, le premier entraînement. À chaque fois, ce sont des compétitions et à chaque fois, il y a un gagnant et un très mauvais perdant.

Enfin ces compétitions se ressentent également dans chacune des soirées, à celui qui ramènera la plus belle fille à coups de conversations crues... autour de taille de queue et de celui qui assurera le plus longtemps. Et là le film est malin car même s'il nous gratifie de quelques paires de seins et de fesses, à aucun moment il est vulgaire ou trash, voire pornographique... mais les sous-entendus gays de cette fraternité de garçons partageant le même appart en affoleront plus d'un dans la communauté homosexuelle tant la tension sexuelle (qui est le plus fort, qui a la plus grande... envie de gagner, bien entendu) est réelle. La photo ci-dessous vous laissera sans doute songeur sur la plastique des acteurs dont celle de Tyler Hoechlin (vu dans Teen Wolf) ou encore celle Glen Powell (bavard et chef de file de cette meute de jeunes loups !). Des acteurs qui se déhanchent au son d'une bande originale impeccable qui vous fera vous trémousser sur votre fauteuil de cinéma, croyez-moi !

On pourrait dire que l'on a déjà vu 100 fois, 1 000 fois ce genre de films et c'est vrai ! Mais Linklater a un talent de conteur sans pareil et l'astuce imparable : placer l'histoire au début des années 1980 où l'insouciance est forte, le sexe est un jeu et l'avenir radieux... l'Amérique ne va-t-elle pas revenir plus forte qu'avant ? Le contexte politique étant à peine esquissé mais l'arrivée de Reagan est en filigrane : une Amérique qui va reconquérir le monde.

Et là n'est pas le sujet : ces jeune hommes sont là pour le fun, pour tenter d'avoir une belle vie et coucher au maximum. Et c'est là que le film devient intéressant car bien plus que cumuler les filles pour les cumuler, ce qui est apparaît au fur et à mesure du film, c'est la recherche de l'autre. Certes, la fraternité sera là sur le campus (bien que cette équipe de baseballeurs a une chance inouïe de ne pas résider directement sur la fac) mais qui sera là avec vous le soir ? Qui partagera votre vie ? Les amis, c'est bien joli mais... ce qui transparait, c'est la recherche de l'âme soeur.

Et en ce sens, Linklater réussit, avec beaucoup de subtilité, à filmer l'amour naissant entre Blake Jenner (parfait et drôle de bout en bout) et la jolie Zoey Deutch au cours d'une nuit faite de théâtre, de recherche du lapin d'Alice, et d'un échange sur l'eau juste avant de se jeter dans le grand bain de l'université ! Un moment où le temps est suspendu, où l'amour apparait enfin dans ce film qui transforme l'histoire d'une bonne grosse fête de potes en un sommet de romantisme adorable.

En Conclusion :

Intelligemment écrit, dopé par une bande son épatante, ce portait de jeunes adolescents entrant dans l'âge adulte et aussi à l'université est terriblement sexy et diablement romantique.

Porté par un casting de belles gueules, malgré des coupes de cheveux improbables et des tenues des années 1980 que l'on aurait honte de porter aujourd'hui, Everybody wants some !! joue sur tous les clichés pour mieux les absorber et livrer une véritable réflexion sur les angoisses de la jeunesse actuelle même si les enjeux sont placés à une autre époque. Linklater n'atteint pas les sommets de Boyhood mais prouve encore qu'il n'a pas son pareil pour filmer le passage à l'âge adulte.