AU-DELÀ DES MURS (Critique) Maison close Séries Mania Saison 7

AU-DELÀ DES MURS (Critique) Maison close Séries Mania Saison 7AU-DELÀ DES MURS (Critique) Maison close Séries Mania Saison 7SYNOPSIS: Lisa, jeune orthophoniste, s'installe dans une maison en ville dont elle a mystérieusement héritée. Elle découvre des pièces et des couloirs qui apparaissent puis disparaissent, suscitant son effroi. La maison mouvante s'avère manipuler d'autres occupants, croiser d'autres espaces-temps, pour mieux offrir à Lisa l'occasion d'un voyage initiatique.

Hadmar et Herpoux c'est la promesse de séries toujours différentes, une signature et une marque qui s'est imposée au fil des années en abordant des univers singuliers et des personnages toujours savamment caractérisés. Une écriture pointue alliée à un sens de l'image qui imprime sa patte et offre toujours sa dose de frissons et d'inédit. Après le fascinant Les témoins (dont la saison 2 est actuellement en tournage), Hervé Hadmar et Marc Herpoux (avec également à l'écriture Sylvie Chanteux) proposeront sur Arte d'ici quelques mois Au-delà des murs, une mini-série en trois épisodes qui se drape d'un genre peu courant dans la fiction française: le fantastique. Si de la part du premier venu une incursion dans ce domaine soulèverait un scepticisme légitime, voir ces deux créateurs de grande et belle télévision se jeter à corps perdu dans ce type d'aventure excitait non seulement la curiosité mais plaçait également nos sens en éveil. Après les réussites Intrusion et En Immersion dans des styles différents, Arte poursuit sa politique de mini-série évènement et atypiques. Hervé Hadmar, Marc Herpoux et Sylvie Chanteux agissent ici tels des artisans qui savent créer la tension et faire monter le suspense crescendo et ils le font de main de maître. Avec une économie de dialogues et par le biais de petites scènes qui participent à générer le mystère et l'angoisse, ils nous embarquent dans leur récit et dans leur monde. Les effets et le mixage sonore sont également très soignés et propices à instaurer une atmosphère à la fois anxiogène et hypnotique. Par d'autres cela pourrait très vite tourner au ridicule mais là on est pris aux tripes par la malignité de l'histoire conjuguée à l'utilisation des sons et à l'habileté de la mise en scène, sans sacrifier inutilement aux jumps scare de circonstance dans ce genre de production. Alors certes ça ne parlera pas à tout le monde et ce ne sera pas facile d'accès mais Au-delà des murs transpire un véritable respect de la fiction de genre, qu'elle sert avec abnégation et s'avère être au final une expérience sensorielle marquante, trop peu courante par chez nous!

AU-DELÀ DES MURS (Critique) Maison close Séries Mania Saison 7

Veerle Baetens qu'on avait vue si touchante dans Alabama Monroe est parfaite et utilise admirablement toute une palette de sentiments pour restituer tantôt la peur, la détresse, l'angoisse, le renoncement jusqu'à la fureur de vivre et de survivre. La comédienne présente quasi non stop à l'image est remarquable et n'hésite pas à plonger tête baissée dans une histoire impressionnante de noirceur et à se montrer à la fois forte physiquement autant que fragile psychologiquement. On se croirait dans La quatrième dimension voire chez Alfred Hitchcock sans que ces références écrasantes ne se fassent au détriment d'Au-delà des murs qui parvient à conserver sa propre identité et son propre ton, entre onirisme et conte fantastique, revenant aux fondamentaux d'un genre trop souvent phagocyté par des effets tape à l'œil et grotesques qui n'ont jamais cours ici. L'utilisation de la lumière est un des autres atouts du travail formel dont la série peut s'enorgueillir, fait de clairs-obscurs et jouant des contrastes dans des cadres parfaitement composés, au milieu d'un décor qui dévoile petit à petit son ampleur et sa majesté et impressionne tout autant qu'il terrifie. Au-delà des murs anoblit la série fantastique française en empruntant une voie trop peu souvent suivie dans nos contrées et prouve magistralement que des auteurs confirmés savent faire parler leur talent tous azimuts et avec maestria. Et qu'il ne faut pas craindre de se frotter à un genre dès lors qu'on a quelque chose à dire et les outils pour le faire.

Crédits : Arte / Lincoln TV