The Theatre Bizarre (Segments horrifiques)

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Année : 2010

Genre : Horreur / Film A Sketchs

Durée : 1h54

L'histoire : Une femme est attirée par un étrange bâtiment et y pénètre. Assise dans une grande salle, elle assiste à un spectacle étrange ou un personnage lui raconte sept histoires sur le thème de la peur.

La critique :

Projeté au festival de Gerardmer 2012 où il avait été nominé, ainsi qu'au Festival du film Européen de Strasbourg la même année, The Theatre Bizarre est, à la base, un hommage au Théâtre Du Grand Guignol, où des spectateurs venaient frissonner devant des pièces de théâtre macabres. The Theatre Bizarre est, à l'origine, une initiative du cinéaste David Gregory qui, via son label Metaluna, décide de réunir plusieurs légendes du fantastique pour sept histoires différentes. 
Une seule consigne imposée à tous les cinéastes : ils doivent travailler avec un budget limité, chaque segment ne doit pas excéder dix minutes de bobine. Les metteurs en scène sélectionnés oeuvrent donc tous dans le genre et ont également en commun des univers bien particuliers et surtout loin de toute censure.

Comme il fallait s'y attendre, le film arrive chez nous directement dans les bacs Blu/Ray et DVD, auréolé d'une sacré réputation (des gens se seraient évanouis ou seraient sortis pour vomir à la vision du sketch de Karim Hussein). Quoi qu'il en soit, une suite est déjà annoncés avec les participations d'Alexandre Bustillo, Pascal Laugier, Xavier Gens et Gaspar Noé.
Si pour ce premier opus, il y a du joli monde derrière la caméra, c'est également le cas devant puisqu'on retrouve notamment Udo Kier en narrateur. Il faut bien l'avouer, le résultat final est assez inégal, ce qui paraît finalement assez logique vu les personnalités très différentes des cinéastes. The Theatre Bizarre s'ouvre par un prologue tourné dans un vrai théâtre situé à Broadway, qui donne immédiatement le ton et servira de fil rouge durant tout le film.

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Justement baptisé Theatre Guignol, il met en scène une jeune femme qui se retrouve dans une grande salle de théâtre pour assister à un spectacle de pantins, le tout dirigé par un curieux personnage, qui va lui faire découvrir plusieurs histoires. Segment assez étrange où Udo Kier philosophe sur la mort et que l'on doit à Jeremy Kasten (le remake du film Wizard Of Gore).
Cette partie a tendance à demeurer trop énigmatique pour convaincre totalement, y compris dans  sa conclusion finale. Reste, encore une fois, le plaisir d'entendre et de voir le grand Udo Kier assez en forme pour l'occasion. 
La première histoire à ouvrir le bal est The Mother Of Toads, signé par Richard Stanley, qui s'est fait connaître dans les années 80 avec Hardware, puis porté disparu durant plusieurs années.
A noter que ce segment est produit notamment par Jean Pierre Putters, le créateur du magazine Mad Movies, dont le nom figure également comme responsable du casting. C'est peut-être donc à lui que l'on doit la présence toujours agréable de Catriona Mc Coll, égérie de Lucio Fulci à la fin des années 70 et dont les cris résonnent encore dans la mémoire des cinéphiles. 
L'histoire se déroule en France et raconte comment un couple de touristes assez mal assortis (il aime tout ce qui est ancien, elle reste une fille superficielle) fait la connaissance, dans un marché, d'une femme vendant de curieux objets. Après lui avoir acheté des boucles d'oreilles en forme de pentagramme, celle-ci leur avoue qu'elle possède une édition originale du fameux Necronomicon. L'après midi même, le bonhomme se rend avec sa compagne voir cette étrange femme. Ils n'en ressortiront pas vivants, car, les apparences peuvent parfois être trompeuses.

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Si il demeure assez classique sur le plan du scénario, The Mother Of Toads (littéralement La Mère Des Crapauds, ce qui vous donne une idée de la menace pesant sur le couple) s'inscrit pourtant sans mal comme le meilleur de l'anthologie tant sa réalisation en fait un objet angoissant, sanglant et prenant. Une sacrée réussite de la part de Richard Stanley avec une Catriona Mc Coll parfaite et diabolique, ce qui n'est pas le cas des deux autres membres du casting, mais ça n'attenue pas le plaisir de ce premier segment mystique. La seconde histoire s'intitule I Love You.
Elle est signée Buddy Giovinazzo, un cinéaste plutôt classifié underground. L'histoire se déroule quasi intégralement dans un appartement où un homme se réveille dans sa salle de bains, le corps couvert de sang. Incapable de se rappeler ce qui lui est arrivé, il voit alors débarquer sa femme qui lui annonce qu'elle souhaite le quitter, car fatiguée de sa jalousie maladive.

L'homme tentera par tous les moyens de la retenir, en vain. Et la présence, par la suite, du nouveau compagnon de celle-ci ne va pas arranger les choses. Le réalisateur signe un petit film convaincant et bien fichu, pourvu d'une fin attendue, mais néanmoins efficace. A travers ce segment, Buddy Giovinazzo parle surtout d'amour et comment celui-ci peut devenir rapidement possessif et destructeur.
La troisième histoire est, à mon sens, l'une des plus faibles. Pourtant, on la doit au maquilleur de légende devenu cinéaste et comédien, Tom Savini (qui remplace Greg Nicotero, prévu à l'origine, mais bloqué sur la saison 2 de la série The Walking Dead). Un homme qui, sur le plan de l'horreur, n'a plus grand chose à prouver (ses travaux sont reconnus et niveau réalisation, on lui doit le très bon premier remake de La Nuit Des Mort Vivants).

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The Wet Dreams commence avec un rêve où un homme infidèle est en compagnie d'une charmante jeune femme. Tout se déroule bien jusqu'a ce qu'il s'aperçoive que celle-ci est munie d'une paire de pinces à la place du vagin et prête à lui couper ses parties intimes. Au réveil, l'homme frappera par erreur sa femme. La suite de l'histoire révélera que le type est constamment la proie de ce genre de rêve où il finit à chaque fois castré, à tel point qu'il est suivi par un spécialiste, incarné par Tom Savini lui même.
Mais, au final, tout ceci n'est-il vraiment qu'un rêve ? Dans l'ensemble
, le scénario est clairement trop alambiqué et finalement peu crédible. En plus, les comédiens ne sont vraiment pas au niveau. La cinquième histoire est signé Douglas Buck, un nom qui peut inspirer autant d'envie que de craintes, selon si on est fan du travail du bonhomme ou pas. Quoi qu'il en soit, ses précédentes réalisations ne m'ont pas laissé indifférent, et c'est encore le cas ici puisque The Accident est le segment le plus atypique du film.
Pour tout dire, ce n'est même pas un film d'horreur. 
L'histoire est celle d'une fillette en voiture avec sa mère et qui découvrent un accident sur la route, impliquant deux conducteurs de moto et un animal sauvage. Paralysée, la gamine assiste aux événements et, en parallèle, interroge sa mère le soir même sur ce qui s'est passé. Si ce segment s'avère intéressant et bien joué, il souffre surtout du fait qu'il n'y a pas de scénario derrière. Résultat, si The Accident possède une très belle réalisation, il est dommage que le fond tourne à vide et demeure finalement un peu trop simpliste. 
Passons maintenant à la sixième histoire, Visions Stains, que l'on doit à Karim Hussain, cinéaste ayant notamment collaboré avec l'espagnol Nacho Cerda. A noter que le metteur en scène devait s'atteler à une autre histoire, mais, celle-ci exigeant un trop gros dépassement de budget, fut finalement écartée. 

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Tout commence avec l'assassinat d'une SDF par une autre femme qui, après l'avoir achevée, lui plante une aiguille dans l'oeil avant de s'injecter au même endroit le produit obtenu. Une voix off nous explique alors que la meurtrière prélève un liquide sur ses victimes et se drogue afin d'avoir les souvenirs de la personne décédée qu'elle retranscrit sur des feuilles. Seulement, comme souvent quand on veut tenter des expériences, la jeune femme voudra aller trop loin et le paiera très cher. 
Malsain et dérangeant, Visions Stains s'avère aussi très bien interprété et réalisé. Par ses thèmes comme la recherche du bonheur et l'addiction à la drogue, il demeure le plus intéressant avec le segment de Richard Stanley. En tout, ça reste mes deux préférés, ce qui est loin d'être le cas du dernier court métrage.

Soyons clair, Sweet est sans aucun doute le plus sanglant, trash, barré et frappadingue des segments de The Theatre Bizarre avec des scènes de bouffe absolument dégueulasses qui rendraient presque allergique à toute forme de nourriture. L'histoire commence de manière simple avec une femme qui annonce à un homme son désir de le quitter tandis que celui-ci se lamente d'amour pour elle. Dans le même temps, des flash-back nous révèlent les moments intimes du couple. Au final, notre homme servira de plat principal pour une confrérie de cannibales adeptes du fétichisme culinaire. 
Porté par un jeu des comédiens outrancier, bardé de couleurs fluos et présentant un couple très mal assorti, ce segment signé David Gregory (cinéaste et initateur du projet, je le rappelle) devient à ce point écoeurant que j'ai personnellement failli m'arrêter plusieurs fois, pour aller vomir avant une scène de décapitation et un festin anthropophage bien gore. Au final, The Theatre Bizarre demeure inégal par les qualités diverses de ses histoires, mais son audace et le vent de libérté (d'ou son interdiction aux moins de 16 ans) qu'il fait souffler en fait un film extrêmement précieux.

Note : 12/20

The Theatre Bizarre (Segments horrifiques)

Titi