Arrête ton cinéma : Breitman et Balasko en roue libre totale !

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Diane Kurys

C'est dans l'enthousiasme que Sybille démarre l'écriture de son premier film. Actrice reconnue, elle va passer pour la première fois de l'autre côté de la caméra. Tout semble lui sourire. Ses productrices Brigitte et Ingrid sont deux personnages loufoques mais attachants et Sybille se jette avec elles dans l'aventure, mettant de côté sa vie familiale. Mais, du choix improbable des actrices, aux réécritures successives du scénario, en passant par les refus des financiers, le rêve merveilleux va se transformer en cauchemar. Incorrigible optimiste, Sybille réalisera trop tard que ses productrices fantasques et totalement déjantées vont l'entraîner dans leur folie...

Arrête ton cinéma, c'est la vie de Sylvie Testud en tant que réalisatrice, vue par Sylvie Testud, avec Sylvie Testud, mais pas réalisée par Sylvie Testud. Vous suivez ? Ça peut paraître farfelu, mais ça reste pourtant tout simple : après avoir lu C'est le métier qui rentre, et parce qu'elles sont de grandes amies, Diane Kurys a décidé d'adapter l'ouvrage de Sylvie au cinéma. La pauvre Sylvie voulait passer d'actrice à réalisatrice, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a vraiment souffert ! Avec le succès de la série Dix pour cent sur les coulisses du cinéma français, la réalisatrice et son amie espèrent profiter d'un intérêt naissant pour le film... mais est-il aussi réussi que cette série ?

Rebaptisée Sybille pour l'occasion, Sylvie Testud revient ainsi sur son projet de premier film autobiographique : mariée à Adrien (incarné par Fred Testot), deux enfants, on sent tout de même que quelque chose lui manque. Ce désir de parler d'elle, de mettre en scène son histoire de famille, la découverte de son père dans un hôpital. Il n'en faut pas plus pour séduire deux productrices : Ingrid ( Zabou Breitman) et Brigitte ( Josiane Balasko). Ce que Sybille ne sait pas, c'est qu'elle a choisi les productrices les plus ignobles de France. On n'aurait pas pu trouver meilleures actrices pour ces rôles, puisqu'elles se sont toutes deux données à coeur joie ! Odieuses au possible, les vannes et situations complètement absurdes et extravagantes s'enchaînent, tout comme l'élaboration du scénario constitue une véritable partie de téléphone arabe entre une Sybille déboussolée et chacune de ses productrices. Un jour, l'une lui dit que son scénario est parfait ; un autre, la seconde lui dit tout le contraire. C'est peut-être d'ailleurs l'un des premiers défauts du film : le scénario stagne trop dans ces multiples réécritures, même si chacune comporte son univers propre, et propices à de nouvelles vannes. Il n'y a pas qu'avec Sybille que les deux productrices sont atroces ! Tout le monde en prend pour son grade, qu'il s'agisse de leur assistant Alphonse ou de Jack ( François-Xavier Demaison), l'agent de Sybille.

Malheureusement, le personnage de Sylvie Testud a tendance à s'effacer complètement au profit des innombrables délires d' Ingrid et Brigitte, qui en font même parfois un peu trop : le côté grand spectacle comique du film tombe légèrement dans le ridicule lorsqu'on entend très clairement que le bruitage d'une claque donnée par Breitman à Balasko a été rajouté au montage. Effet de style ou pas, ça faisait un peu tâche. On peine également à s'attacher à Sybille, malgré ses scènes d'hallucinations et de rêveries assez réussies, notamment à son histoire d'amour plutôt bancale avec un Fred Testot pas franchement au meilleur de sa forme. Le film cabotine autant que la production de celui de Sybille, et finit par tourner un peu en rond également ; cela a beau être le cheminement qu'a dû suivre Sylvie Testud pour faire son propre film, mais le tout finira peut-être par lasser certains spectateurs. À tel point que la fin du film paraît radicalement expédiée et bâclée, juste parce qu'il fallait bien en écrire une. Si certains gags ou scènes tombent à plat (le cliché du " oh madame je vous kiffe trop " quand Sybille prend un taxi ou le coup de la coke chez les producteurs, bien trop convenu), on sent tout de même que l'esprit d'équipe est présent, et que le plaisir de tourner est là : et quel bonheur de voir d'autres actrices comme Claire Keim ou Virginie Hocq se prêter au jeu des castings du film de Sybille, acceptant tout et n'importe quoi, et tournant en dérision même la figure de l'actrice.

Dans Arrête ton cinéma, Josiane Balasko et Zabou Breitman se donnent à fond dans la peau de productrices odieuses... Ce n'est pas suffisant pour faire oublier un scénario bancal.