Mondo Weirdo : A Trip To Paranoia Paradise (Schizophrénie, vampirisme et menstruations)

Genre : expérimental, trash, horreur, pornographique (interdit aux - 18 ans)

Année : 1990

Durée : 59 min


L'histoire : Odile, une jeune femme psychologiquement très perturbée, s'identifie à la Comtesse sanglante et moyenâgeuse Elisabeth Bathory. Cependant, durant ses périodes menstruelles, elle rêve de devenir Alice, un double fantasmagorique qui s'adonne à la luxure. Son subconscient va alors la conduire dans une expérience aux frontières de l'horreur et de la folie.

La critique :

Amis blogueurs attention, atterrissage imminent d'un ovni sur Cinéma Choc ! Un véritable film de barges qui a de fortes chances de grimper la température du blog et de secouer votre libido façon shaker. Trips hardcore clairement réalisé sous acides, Mondo Weirdo est l'une des oeuvres les plus étranges que j'ai eu l'occasion de visionner en plus de trente ans de parcours cinéphile. Autant Mondo Weirdo est une oeuvre rare, quasiment introuvable en dvd ou en vhs, autant il bénéficie de larges plages de téléchargement ou streaming via des sites spécialisés.
Tout comme The Baby of Mâcon (dans un tout autre genre), j'ai longtemps attendu avant de me lancer à l'assaut de cette heu... chose. Alors bouclez vos ceintures, il va falloir s'accrocher. Tout d'abord, de quel esprit tordu a pu bien naître l'idée d'un tel film ? Hé bien, de celui de Carl Andersen, un cinéaste allemand inconnu au bataillon et dont le principal fait d'armes aura été de réaliser ce produit délictueux en 1990.

Weird signifie "bizarre", "étrange". Le moins que l'on puisse dire, c'est que le titre va comme un gant à cette oeuvre ultra barrée et furieusement trash. Mondo Weirdo n'est pas un film. En tout cas, il ne reprend en rien les codes cinématographiques classiques. Il faudrait plutôt l'appréhender comme un songe cauchemardesque dans lequel une jeune femme en quête identitaire se débat contre ses propres démons. A la recherche de son autre "moi", elle se lance dans une exploration introspective, aux limites les plus reculées de son subconscient. Cette quête va la mener jusqu'aux confins de l'horreur et de la folie ; et le spectateur avec elle... Carl Andersen a dédié son film à Jean-Luc Godard et à Jess Franco.
Pour ce dernier, on comprend aisément la dédicace puisque la propre fille du réalisateur espagnol est la tête d'affiche de ce moyen métrage. Elle interprète le rôle d'Odile sous le nom de Jessica Franco Manera. Si la filmographie de la jeune femme se limite à trois films et à un seul long-métrage, sa composition dans Mondo Weirdo nous laisse pantois.

A la fois mystique, perverse et désespérée, l'actrice livre une performance de premier ordre. Attention, SPOILERS ! Le film commence par le témoignage d'un narrateur, un certain docteur Rosenberg, qui affirme que cette histoire serait tirée d'un fait réel. Odile, une jeune fille d'une quinzaine d'années, est extrêmement perturbée psychologiquement. Ces perturbations se transforment carrément en névroses démentielles lorsqu'elle se trouve en périodes de menstruations.
Fascinée par la comtesse sanglante moyenâgeuse Elisabeth Bathory, Odile a pour habitude de boire le sang de ses règles. Dans ces instants-là, elle s'invente un double nommé Alice qui va assouvir ses plus violentes pulsions sexuelles et ses fantasmes vampiriques. Dès lors, bienvenue dans un maelstrom d'images chocs et surréalistes qui bombardent sans répit le spectateur par des séquences toutes plus transgressives les unes que les autres. Le scénario (si on peut l'appeler ainsi) suit les divagations sensorielles de cette jeune fille qui expérimente, au fil de ses rencontres imaginaires, toutes formes de plaisirs, toujours intimement liés à l'ultra violence et l'auto mutilation.

Le film est ainsi découpé en autant de tableaux sans aucun rapport les uns avec les autres : logique dans l'illogisme puisqu'il s'agit ni plus ni moins d'un récit chimérique cérébral et non d'une histoire réelle. C'est ainsi que dans son subconscient dérangé, Odile rencontrera un groupe de rock qui joue devant deux lesbiennes en train de faire l'amour, un mannequin qui pleure du sang, des inconnus menaçants qui tentent de l'agresser, un appartement où chaque pièce cache un(e) déséquilibré(e) qui se masturbe frénétiquement, et cela continue jusqu'au générique final...
Lorsqu'on se décide à tenter l'expérience Mondo Weirdo, il est préférable et même fortement conseillé de laisser toute idée de logique de côté. Sans aucun fil narratif et diamétralement opposé à l'univers de la pornographie ordinaire, le film de Carl Andersen nous plonge littéralement dans un monde cauchemardesque, confus et craspec où les personnages traversent, tels des fantômes nus, un delirium tremens hallucinogène dégoulinant de sperme et de sang.

Un voyage aux frontières de la quatrième dimension arty-trash où le réalisateur ne fait pas dans la demi-mesure pour déstabiliser son public Sincèrement, il faut l'avoir vu pour le croire. Mondo Weirdo est une oeuvre si haut perchée qu'à la fin de la projection, on se demande si l'on a réllement vu un film ou si on n'a pas absorbé quelques substances illicites qui, à l'instar de l'héroïne, nous auraient fait voyager vers des paradis paranoïaques et artificiels. Une certitude.
Andersen a placé la barre de la perversité à des hauteurs rarement égalées : lesbianisme ultra chaud lors de périodes menstruelles, fellation et sodomie homosexuelle, absorption de véritable sang, triolisme vampirique, gore... Certes, les actes sexuels ne sont pas filmés bien longtemps, mais ils n'en demeurent pas moins très explicites. Mondo Weirdo est donc un film pornographique. Mais le réalisateur opère un traitement si expérimental qu'il ne place pas du tout son oeuvre dans une démarche masturbatoire. En fait, c'est tout le contraire.

On se retrouve en présence d'un spectacle absolument indescriptible d'incohérence et d'agressions à la fois visuelles et auditives. Le noir et blanc est usé à l'extrême, les images sont de qualité très aléatoire pour ne pas dire déliquescentes et surtout, la bande son navigue sans cesse entre le punk et le death metal. Cet ensemble confère au métrage une atmosphère étrange, presque irréelle. A ces caractéristiques surprenantes, on ajoutera un jeu d'acteurs qui confère au cinéma muet, le film étant quasiment dénué de tout dialogue. Imaginez un esprit desaxé en total conflit avec lui-même, avec ses peurs les plus enfouies, ses colères les plus contenues, ses fantasmes les plus inavouables.
Carl Andersen a réussi le tour de force de retranscrire sur pellicule ce monde imaginaire de violences impures. A la fois orgie des corps et anarchie de l'esprit, Mondo Weirdo baigne dès la première minute dans une ambiance malsaine et crépusculaire qui perturbe le spectateur autant qu'elle le subjugue. Ultra destroy et unique en son genre, ce moyen métrage germano-autrichien (injustement) méconnu du grand public peut être considéré comme un chef d'oeuvre avant-gardiste dans l'univers parallèle du cinéma expérimental. Un fascinant cauchemar.

Note : 18/20

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Seconde chronique :

Attention, voila un OFNI (objet filmique non identifié) sur le blog Cinema Choc, une oeuvre expérimentale signée Carl Andersen, qui ne laissera personne indifférent. Son nom : Mondo Weirdo, réalisé en 1990. ATTENTION SPOILERS ! Une voix off se disant psychanalyste présente les événements du film, le tout sur un écran noir entrecoupé de séquences pornographiques en images subliminales.
Une jeune femme nommée Odile a ses règles pendant qu'elle prend sa douche. Elle se livre alors à des jeux onaniques en se caressant puis en se léchant les doigts. Elle se rend dans un bar où un groupe de rock joue pendant que deux femmes font l'amour non loin de la scène.

L'image est découpée en trois parties : sur le premier plan, notre héroine danse sur de la musique, sur le second, c'est un groupe de muisque qui se produit sur scène et sur le troisième, ce sont deux femmes qui coïente ensemble. Le couple rejoint Odile et discute avec elle. Ensuite, c'est un homme à bord d'une camionnette l'emmenera chez lui pour la violer.
Puis, Odile reprend subitement connaissance dans la rue, tout ceci n'était qu'une hallucination. Chez elle, Odile verra une femme se faire massacrer par deux hommes. Les deux bourreaux se rendent chez Odile. La jeune femme se défend et tranche la gorge d'un des deux hommes. Séquence suivante. Odile se rend dans un bar, mais en voulant ramasser un livre, un homme en érection se tient derrière elle.

Odile lui fait une fellation, mais encore une fois, cette scène sexuelle est une hallucination. Ceci se répétera quand notre héroïne croisera une saxophoniste qui, à son tour, se tranchera la gorge. Bref, les séquences paranoïaques s'enchaînent : masturbation dans les toilettes, scarifications, meurtres, vengeance, viol, coïts brutaux, castration d'un pénis, orgie sanglante et nombreuses gorges tranchées font partie des tristes réjouissances. Vous l'avez donc compris.
Mondo Weirdo enchaîne diverses scènes pornographiques, gores et peu ragoûtantes. Les fans du cinéma trash devraient apprécier cette pellicule "hard" et extrême. Le moyen métrage fait penser à ceux de Richard Kern, notamment sur la mise en scène, le coté expérimental, l'image en noir et blanc, la transgression et la musique rock/new wave en fond sonore. A juste titre, Mondo Weirdo est souvent comparé à Eraserhead, Tetsuo et Nekromantik. Tragiquement disparu en 2012, Carl Andersen a réalisé d'autres longs-métrages, entre autres Vampyros Sexos ou Killing Mom. Encore une fois, Mondo Weirdo ravira les amateurs de cinéma transgressif, mais laissera les autres sans voix dans ce trip totalement paranoïaque !


Note : 15/20

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