2015 : Le top 10 de la rédaction

2015 se termine, et comme beaucoup d’autres, la rédaction du Cinéphile Anonyme se plie à l’exercice difficile du top 10. Se remémorer, trier, sélectionner, créer des hiérarchies… tant d’actes parfois cornéliens pour condenser le ressenti d’une année de cinéma, et choisir les films qui resteront ancrés dans nos souvenirs. Mais quels sont ces films ?

TOP 5 films année 2015

Top 10 de l’année 2015

  1. Vice-Versa, de Pete Docter et Ronnie Del Carmen

  2. Mad Max : Fury Road, de George Miller

  3. Le Pont des espions, de Steven Spielberg

  4. Mustang, de Deniz Gamze Ergüven

  5. It Follows, de David Robert Mitchell

  6. Crimson Peak, de Guillermo Del Toro

  7. A la poursuite de demain, de Brad Bird

  8. Star Wars – Le Réveil de la Force, de J.J. Abrams

  9. Youth, de Paolo Sorrentino

  10. Foxcatcher, de Bennett Miller ex æquo Kingsman : Services secrets, de Matthew Vaughn

Le Cinéphile Alchimiste

  1. Mad Max : Fury Road, de George Miller
  2. Crimson Peak, de Guillermo del Toro
  3. Vice-Versa, de Pete Docter et Ronnie del Carmen
  4. Le Pont des espions, de Steven Spielberg
  5. A la poursuite de demain, de Brad Bird
  6. La Bataille de la montagne du tigre, de Tsui Hark
  7. Suburra, de Stefano Sollima
  8. Sea Fog, les clandestins, de Shim Sung-Bo
  9. Chappie, de Neill Blomkamp
  10. Kingsman : Services secrets, de Matthew Vaughn

A n’en pas douter, nous venons de vivre une année de cinéma exceptionnelle, riche en superproductions spectaculaires comme en petites pépites inattendues venues des quatre coins du monde. Du sable brûlant de Fury Road au subconscient d’une petite fille en passant par des manoirs gothiques ou encore une mafia romaine en déclin, cette année 2015 aura brillé par son éclectisme en balayant un spectre d’émotions impressionnant. Mais par-dessus tout, cette année cinéma aura été une année de la main tendue, placée sous le signe d’un humanisme salutaire essentiel en ces temps difficiles. Aussi différents soient-ils, ces dix films partagent pour la plupart la même profession de foi humaniste, qu’elle soit à travers l’œil optimiste et galvanisant de Brad Bird, ou celui, bien plus grave et mélancolique de Steven Spielberg. Si cette année a aussi été généreuse en bouses intergalactiques, certains films militants tels que Crimson Peak ou Chappie ont toutefois permis de redonner foi en la créativité de l’industrie hollywoodienne, et ce malgré leurs injustes échecs commerciaux. A l’heure où les franchises installées dominent et où l’industrie tend à s’uniformiser, il est toujours plaisant de découvrir des œuvres singulières et incarnées, qui ne se soumettent à aucun diktat idéologique ou stylistique de leur époque. Des œuvres précieuses, dont il faut savoir s’étonner de l’existence au sein d’une industrie qui carbure à la nostalgie. Bref, 2015 fut à bien des égards une année de cinéma formidable, riche en classiques instantanés dont les images évocatrices laisseront une trace indélébile dans l’imaginaire collectif. Oh what a year, what a lovely year !

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Le Cinéphile Cinévore

  1. Mad Max : Fury Road, de George Miller
  2. Vice-Versa, de Pete Docter et Ronnie Del Carmen
  3. Le Pont des espions, de Steven Spielberg
  4. Crimson Peak, de Guillermo Del Toro
  5. Star Wars – Le Réveil de la Force, de J.J. Abrams
  6. The Walk – Rêver plus haut, de Robert Zemeckis
  7. Youth, de Paolo Sorrentino
  8. Les Secrets des autres, de Patrick Wang
  9. American Sniper, de Clint Eastwood
  10. Foxcatcher, de Bennett Miller ex æquo Ni le ciel ni la terre, de Clément Cogitore

Au sein d’une année en demi-teinte, le cinéma de 2015 s’est heureusement sauvé par quelques démonstrations de force salvatrices, qui se sont encore plus facilement imposées face à un marasme de plus en plus calibré, notamment dans les productions hollywoodiennes et européennes. Car au-delà des consensus et des modes, ces films ont bien souvent été des œuvres amoureuses de l’art qu’elles servent, offertes par des auteurs aussi humbles que des artisans méticuleux. Des artisans qui ont compris les codes qu’ils ont entre les mains, non pas pour les renier ou les dénaturer, mais pour leur rendre hommage et les transcender. Qu’il s’agisse de Guillermo Del Toro, Steven Spielberg ou bien évidemment George Miller, leur incroyable maîtrise technique et émotionnelle servent avant tout leur sujet, même les plus difficiles à respecter (Star Wars). Leur justesse touche alors à l’essence même du cinéma, de ses capacités d’immortalisation (Crimson Peak) à la puissance suggérée de deux images mises bout à bout (Mad Max) en passant par la traduction de sensations primaires, présentées comme au temps du cinéma des origines, mais avec des technologies actuelles (The Walk, et son personnage bonimenteur). Mieux encore, ces différents pouvoirs du septième art, exploités par des artistes talentueux, en viennent à décrire ce qui nous définit en tant qu’être humain, à une époque où nous en avons plus que jamais besoin. A ce titre, son itération la plus explicite n’est autre que le brillant et inventif Vice-Versa, qui personnifie nos émotions pour mieux nous les transmettre. Ainsi, les limites du cadre n’existent plus, et nous entrons dans une interaction particulière avec ce que nous comprenons de l’écran, pour mieux nous comprendre nous-mêmes. On pourra donc reprocher la qualité parfois discutable de la production annuelle, mais 2015 semble avoir démontré avec force la raison d’être du cinéma, et sa quête perpétuelle d’universalité. Et ce n’est pas ce cher Max qui dira le contraire…

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La Cinéphile Éclectique

  1. Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
  2. Kingsman : Services secrets de Matthew Vaughn
  3. Les Cowboys, de Thomas Bidegain
  4. Notre Petite soeur, de Hirokazu Kore-eda
  5. Shaun le Mouton, de Richard Starzak
  6. Réalité, de Quentin Dupieux
  7. Mia Madre, de Nanni Moretti
  8. Youth, de Paolo Sorrentino
  9. The Lobster, de Yorgos Lanthimos
  10. Seul sur Mars, de Ridley Scott

L’année 2015 a été écrasée par la sortie de quelques blockbusters, tels qu’Avengers: l’Ere d’Ultron, Mad Max ou plus récemment Star Wars VII. Dans cette jungle industrielle, le cinéma européen et asiatique a produit de merveilleux films, éclectiques et passionnants. On notera particulièrement la réalisation de l’hybride Réalité de Quentin Dupieux, qui, malgré sa production américaine, reste un ovni et le digne héritier des cinéastes expérimentaux et surréalistes européens. Le japonais Hirokazu Kore-eda et la franco-turque Deniz Gamze Ergüven signent des œuvres fortes et/ou engagées avec Notre Petite sœur et Mustang. Ce dernier aura marqué l’année par sa joie, sa détermination et sa conviction. Après les rudes épreuves que nous avons connues cette année, Mustang est à voir et à revoir, tant sa liberté et l’espoir qu’il dégage sont communicatifs. Mettez ensuite une touche de loufoquerie dans votre programmation avec The Lobster, film grinçant, drôle et original. Vous enchainerez enfin avec les très anglais et délirants Kingsman et Shaun le Mouton qui n’en finiront plus de vous réjouir !

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La Cinéphile Expansive

  1. It Follows, de David Robert Mitchell
  2. Vice-Versa, de Pete Docter et Ronnie Del Carmen
  3. Avril et le monde truqué, de Christian Desmare et Franck Ekinci
  4. Star Wars – Le Réveil de la Force, de J.J. Abrams
  5. Mad Max : Fury Road, de George Miller
  6. Youth, de Paolo Sorrentino
  7. Dope, de Rick Famuyiwa
  8. A la poursuite de demain, de Brad Bird
  9. Le Pont des espions, de Steven Spielberg
  10. Mia Madre, de Nanni Moretti

Ces 12 mois ont été marqués par de vives émotions mais la salle obscure est une illusion utopiste qui nous emporte et ouvre les portes d’une diversité créatrice d’espoir. Durant 2-3h, l’évasion nous happe et nous entraîne dans un long voyage initiatique alors que nous sommes assis devant un simple grand écran blanc. Que ce soit avec une danse endiablée d’un inventeur équivoque ou les sensations d’une petite fille, l’image cinématographique permet le réveille d’une force cathartique à l’optimisme troublant. Cette année n’a pas dérogé à la règle et nous a apporté tout un lot de sentiments. A l’instar de Riley [la petite héroïne de Vice-Versa], nous avons vécu la joie, la peur, la colère, le dégoût et l’émerveillement. Oui, énervement devant les box-office de Jupiter Ascending, Tomorrowland ou encore celui de Crimson Peak, pourtant trois projets originaux. Joie, devant le traitement des protagonistes féminins : Merci Jupiter Ascending, Lost River, Mad Max : Fury Road, Vice-Versa, Ex Machina, Le Petit Prince, Mission : Impossible 5, Crimson Peak, Sicario, Mustang, Victoria, It Follows, Jurassic World (malgré tout), Hunger Games, Dear White People, Spy, Avril et le Monde Truqué et le petit dernier, Star Wars : Le Réveil de la Force. Le chemin est encore long à parcourir (la présence des minorités est encore trop peu représentative) mais nous pouvons saluer les efforts entrepris par l’industrie. Ces films contrastent d’ailleurs avec Nos femmes, Pixels, Aladin, Les Profs et Cinquante nuances de Grey. L’année a été en outre celle des records : Universal en ressort vainqueur avec pas moins de trois films dans le top 10 des films milliardaires mais Star Wars vient de battre le record d’entrée en deuxième semaine (détenu précédemment par le film de Colin Trevorrow). Et ne parlons pas de Spectre qui obtient le meilleur démarrage français de tous les temps. Nous pouvons dire que l’espion anglais a encore un long avenir devant lui. Avec tout ceci, on oublierait presque les trois comic-book movies de l’année. Malheureusement, on ne peut que s’incliner devant le cinéma viscéral d’un George Miller, avec un personnage féminin qui n’aura jamais été aussi fort, depuis un certain temps, et la renaissance de plusieurs mastodontes. Néanmoins, je ne me fais pas de souci pour eux, l’année suivante sera très héroïque.

Oui, cet an aura été emprunt de nostalgie et de pouvoir symbolique pour la cinéphile expansive que je suis, mais je retiendrai cependant une chose : le discours bouleversant de Vincent Lindon après avoir reçu le prix d’interprétation cannois.

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Le Cinéphile Intrépide

  1. Vice-Versa, de Pete Docter et Ronnie Del Carmen
  2. Foxcatcher, de Bennett Miller
  3. Mad Max : Fury Road, de George Miller
  4. It Follows, de David Robert Mitchell
  5. Birdman, d’Alejandro González Iñárritu
  6. Snow Therapy, de Ruben Ostlund
  7. Le Fils de Saul, de László Nemes
  8. Ex Machina, d’Alex Garland
  9. Le Pont des espions, de Steven Spielberg
  10. Citizenfour, de Laura Poitras

Une année riche et intéressante qui n’a hélas pas tenu toutes ses promesses. D’un côté, certains cinéastes émérites (George Miller, Steven Spielberg) sont revenus avec brio sur le devant de la scène, quand d’autres ont quelque peu déçu (Brad Bird, Ron Howard). Néanmoins, beaucoup de premiers ou seconds films ont réussi à créer la surprise, parfois véritables tours de force techniques mais aussi œuvres minimalistes à l’inventivité ébouriffante. Des films qui ont d’ailleurs à juste titre raflé nombre de récompenses dans divers festivals. On a également pu assister au retour de cinéastes en perte de vitesse depuis quelques temps (Robert Zemeckis, M. Night Shyamalan) avec des projets étonnants, souvent risqués mais parfaitement exécutés. Beaucoup d’acteurs et actrices n’ont cessé de confirmer tout le bien que l’on pensait d’eux, à commencer par Oscar Isaac, Emma Stone ou Matthias Schoenaerts entre autres, et certains en qui on ne croyait pas vraiment ont brillé dans des rôles à contre-emploi, comme Ryan Reynolds ou Channing Tatum. Peu d’interprétations ratées en somme cette année, et toujours des portraits de personnages fascinants.

Cela étant, il est regrettable de constater que l’industrie hollywoodienne continue de produire à la chaîne les mêmes reboots et suites de franchises à bout de souffle. Quand bien même on évite la catastrophe, on se retrouve devant des divertissements sans saveur ni audace, qui étire une formule dont on connaît les moindres ressorts. Seuls les derniers épisodes des sagas Mission : Impossible, Star Wars et Mad Max bien sûr, nous permettent de relativiser ce constat plutôt amer. Si un sentiment de lassitude domine donc au pays de l’Oncle Sam, il ne faut pas hésiter à explorer d’autres cinémas qui résistent encore à la standardisation. Beaucoup de films étrangers sont ainsi restés aux portes de ce Top, tels que le romanesque Trois Souvenirs de ma Jeunesse (meilleur film français cette année), le dérangeant Hungry Hearts (venu d’Italie) ou l’hilarant Les Nouveaux Sauvages (production espagnole). Reste donc à espérer pour la prochaine année, que l’étonnement et le vertige priment sur l’ennui et la banalité. En grand optimiste, quelque chose me dit que ce sera le cas.

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La Cinéphile Intuitive

  1. The Voices, de Marjane Satrapi
  2. Jupiter : Le Destin de l’univers, des Wachowskis
  3. Unfriended, de Levan Gabriadze
  4. Prémonitions, de Afonso Poyart
  5. A la poursuite de demain, de Brad Bird
  6. Hunger Games : La Révolte – Partie 2, de Francis Lawrence
  7. Jurassic World, de Colin Trevorrow
  8. Big Eyes, de Tim Burton
  9. Lost River, de Ryan Gosling
  10. Connasse : Princesse des Cœurs, de Noémie Saglio et Éloïse Lang

Pour résumer cette année cinéma, je pourrais dire qu’elle a été relativement hétéroclite. On s’est retrouvé avec des films assez particuliers et innovants (comme Unfriended) et des gros blockbusters jouant sur la nostalgie du spectateur (comme Jurassic World ou encore plus récemment Star Wars – Le Réveil de la Force). Cette année m’a notamment marquée par ses nombreuses surprises surtout au niveau de l’animation, comme Vice-Versa, qui a réussi de manière très intelligente à expliquer la psychologie et les émotions au public. En parlant d’animation, je regrette que cette année 2015 ait marquée la fin de la création des films d’animation des Studio Ghibli, qui ont décidé de faire une pause suite aux faibles entrées en salle de leurs dernières productions. J’espère sincèrement que cette année ne sera pas la dernière car ils ont fait rêver en introduisant de la poésie dans notre vie cinématographique. J’aimerais également faire un hommage au regretté Wes Craven, qui nous a quitté cette année et qui nous a fait ressentir tant de frissons mais aussi de rires avec sa saga Scream. Au final, même si cette année reste assez banale dans son ensemble, l’important est c’est de faire son propre cinéma avec amour et passion.

2015 : Le top 10 de la rédaction

Le Cinéphile Lunatique

  1. Vice-Versa, de Pete Docter et Ronnie Del Carmen
  2. Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
  3. Citizenfour, de Laura Poitras
  4. Mad Max : Fury Road, de George Miller
  5. Sicario, de Denis Villeneuve
  6. L’Hermine, de Christian Vincent
  7. Comment c’est loin, de Orelsan et Christophe Offenstein
  8. Le Petit Prince, de Mark Osborne
  9. Seul sur Mars, de Ridley Scott
  10. Star Wars – Le Réveil de la Force, de J.J. Abrams

Un top 10 principalement axé sur les films de cette fin d’année car c’est à partir de septembre que j’ai pu me rendre assez régulièrement au cinéma. Au sommet de la liste, Vice-Versa de Pixar dont le concept novateur a séduit énormément de monde. En deuxième position, Mustang de Deniz Gamze Ergüven, un long-métrage très fort sur la quête de liberté de cinq sœurs prisonnières des coutumes religieuses et familiales. Et pour compléter le podium, le documentaire Citizenfour de Laura Poitras qui nous montre la genèse de l’affaire Edward Snowden. Un film très fort qui illustre la paranoïa d’un homme qui décide de sacrifier sa vie pour protester contre des méthodes qui vont à l’encontre de l’éthique. Dans le reste de la liste, des films français et des blockbusters « plaisir coupable ». L’Hermine m’a marqué car il aborde la rencontre amoureuse, la séduction, d’une façon très subtile et très originale. Comment c’est loin, le film d’Orelsan et Gringe, ne se prend pas la tête et séduit avec l’histoire de ces deux losers qui ne pensent plus trop à l’avenir et se complaisent dans l’instant présent. Seul sur Mars et Star Wars VII entrent dans ce top pour le côté plaisir coupable et parce que j’ai loupé (et pas encore rattrapé) beaucoup de films du début de l’année.

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