Casse-Noisette, féérique spectacle du Bolchoï de Moscou

Casse-Noisette, féérique spectacle du Bolchoï de Moscou

Le dimanche 20 décembre, nous avons pu assister à la traditionnelle représentation de Noël de Casse-Noisette au Bolchoï de Moscou. Ce ballet, composé par Piotr Ilitch Tchaïkovski, chorégraphié par Youri Grigorovitch qui s’est inspiré de Marius Petipa a été diffusé dans les cinémas Pathé-Gaumont. Créé pour la première le 18 décembre 1892 au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, ce conte pour enfant tiré de l’œuvre d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann adaptée par Alexandre Dumas mène une adolescente à travers un conte initiatique qui la voit devenir adulte.

La veille de Noël, Marie (Anna Nikulina que l’on a vu dans Ivan le terrible) reçoit un casse-noisette (Denis Rodkin, déjà inoubliable dans Le lac des cygnes et, lui aussi, Ivan le terrible) en cadeau de son père. Lorsque la nuit tombe et que Marie s’évade au pays des rêves, les jouets de sa chambre prenne vie et la marionnette se transforme en Prince charmant par l’entremise du magicien Drosselmeyer (Andreï Merkuriev). Une bataille contre le Roi Souris (Vitaly Biktimirov) et un voyage à travers un monde féérique débute alors.Casse-Noisette, féérique spectacle du Bolchoï de Moscou Marie (Anna Nikulina) et Casse-Noisette (Denis Rodkin)

L’air est à la fête en cette veillée de Noël. Entourée de ses amis, Marie reçoit son cadeau de Drosselmeyer. Épaté par les finitions épatantes du jouet articulé, elle danse et virevolte, insouciante. Seule sa robe, plus éclatante que les autres, volontairement pâle permet de la distinguer des autres enfants présents.C’est ainsi que commence Casse-Noisette. La légèreté semble de mise pour un conte enfantin de Noël. Seul Drosselmeyer, le magicien, semble être instigateur d’autres projets. A la fois épatant et mystérieux, il s’adonne à ses tours de magie. L’énergie de cette journée forte en émotion va chambouler l’inconscient de la jeune Marie. Dans son sommeil, la voilà qui se met à rêver que son casse-noisette prend vie. Féérique, l’aventure qui va naître de ce rêve n’en est pas moins dénué de dangers que l’ombre inquiétante du mage et la présence menaçante du Roi Souris incarnent. La musique de Tchaïkovsky oscille en conséquent entre les petits airs enjoués et les moments plus lyriques engageant les combats mais symbolisant les moments de doute de l’enfant.Casse-Noisette, féérique spectacle du Bolchoï de Moscou Drosselmeyer (Andreï Merkuriev)

Marie, qui la veille jouait innocemment, se voit devenir une jeune femme éperdue d’amour pour un prince venant la sauvée des dangers du monde. Ces périples, symbolisés par le Roi Souris, prennent fin lorsque celui-ci est défait par Casse-Noisette. C’est une rupture avec son ancien monde. Le prince l’emmène alors en voyage de noce. Les métamorphoses sont fréquentes sur le plateau, plusieurs fois, le sapin de Noël change de dimension passant de l’attribut de salon au majestueux roi enneigé de la forêt. Longtemps, la ballade de Marie consistait en plusieurs tableaux dans un monde remplis de pâtisseries dansantes. Grigorovtich a voulu accentuer l’effet concernant le passage en l’âge adulte en changeant ce concept pour un voyage aux accents orientaux. C’est ainsi que le second acte s’ouvre sur des scènes mettant en scène des danses chinoises, probablement aussi inconnues et mystérieuses pour Marie mais plus ancrées dans le réel. Le soin apporté aux décors, sur fond de nuit étoilée où se perchent dans les cieux des jouets par milliers, la neige étant omniprésente, est comme d’habitude particulièrement important pour le Bolchoï de Moscou, renforçant l’aspect onirique du récit.

Casse-Noisette, féérique spectacle du Bolchoï de Moscou

Marie (Anna Nikulina) et Casse-Noisette (Denis Rodkin)

Par son univers spécifique, Casse-Noisette peut constituer une très bonne introduction au ballet pour les plus jeunes. Il était d’ailleurs prévu aux origines pour n’être jouer que dans les écoles de ballet. Nous sommes loin des prouesses artistiques de La dame aux camélias ou du Lac des cygnes mais Casse-noisette gagne en féerie ce qu’il perd en sensualité.

Boeringer Rémy

Pour voir la bande-annonce :