[critique série] A YOUNG DOCTOR'S NOTEBOOK

Série créée à partir de l'oeuvre de Mikhail A. Bulgakov (1891-1940), diffusée à partir du 6 décembre 2012 sur la chaîne britannique Sky Arts.

Réalisé par Alex Hardcastle et Robert McKillop

Avec Daniel Radcliff, Jon Hamm, Adam Godley, Rosie Cavaliero, Vicki Pepperdine, Charles Edwards...

★★★★★

Sortie en DVD/Blu-Ray le 14 octobre 2014 aux Editions Montparnasse.

[critique série] A YOUNG DOCTOR'S NOTEBOOK

Envie d'une série déjantée ? Envie de se retrouver coincé dans un hôpital de campagne en pleine Russie dans un froid glacial ? A YOUNG DOCTOR'S NOTEBOOK est pour vous !

Les deux saisons, de six épisodes chacune, retracent les débuts du jeune Docteur Vladimir Bomgard ( Daniel Radcliff ), tout juste diplômé, dans un établissement isolé, désert et soumis à un climat des plus continental. Shooté à la morphine, le jeune homme rencontre, lors de ses crises hallucinatoires, son double plus âgé ( Jon Hamm) dans de caustiques échanges, souvent philosophiques et farfelus. Les répliques font mouche. Du rythme, la série n'en manque jamais. Le format court utilisé, de 26 minutes, devient de plus en plus rare mais force les scénaristes à se surpasser. Ils parviennent ici à créer une sorte de sitcom historique et burlesque particulièrement élaboré où chaque plan et chaque silence comptent. Les dialogues sont piquants, les situations abordées dans chaque épisode extrêmes et diverses, ou parfois, avouons-le, très crues et sanglantes. En 26 minutes, rien à jeter. A chaque chapitre un patient différent ou un cas médical inédit pour le médecin, qui provoquent des diagnostiques aléatoires ou des solutions plutôt...radicales. On rit beaucoup, à coup de scalpel, de scie ou d'hémorragie.

[critique série] A YOUNG DOCTOR'S NOTEBOOK

L'hôpital rustique est au milieu de nul part, plongé la plupart du temps en plein hiver. Le comique provient de l'inexpérience du Dr Bomgard mais également du climat, propice à tous les excès. Âmes sensibles s'abstenir, mais passé le premier jet de sang, un mot s'impose : encore ! La série propose une excellente alternative et une plus grande diversité que sa collègue américaine The Knick, trop sérieuse et se repaissant dans de longues scènes sanguinolentes.

L'étude sociologique qui émane de A YOUNG DOCTOR'S NOTEBOOK, presque extraterrestre dans le monde des séries, est fine et précise. Durant le séjour de Vladimir, la Révolution Rouge éclate et sème le chaos dans les environs. Confrontant le jeune docteur à de nombreuses épreuves, morales ou physiques, la finesse du scénario transforme le pur divertissement en voyage initiatique au pays de la médecine.

[critique série] A YOUNG DOCTOR'S NOTEBOOK

L'excellente prestation de Daniel Radcliff et Jon Hamm, bien loin d' Harry Potter et de Don Drapper ( Mad Men), est parfaite, et leur complicité est évidente. Pourtant, quel(s) contraste(s) ! Différence de taille, d'accent ( Radcliff est anglais, Hamm américain, et tous deux gardent leurs propres intonations !) ou de diction, rien n'est fait pour créer une ressemblance entre les deux, qui jouent pourtant le même personnage. Mais on s'en fiche ! L'intérêt réside dans leurs dialogues et l'absurde qui s'en dégage parfois.

Les deux acteurs sont secondés par d'excellents comédiens ( Adam Godley, Rosie Cavaliero et Vicki Pepperdine) qui, par leur interprétation et l'épaisseur de leur rôle, créent de fortes oppositions avec " les " Dr Bomgard. Cette diversité met la dernière touche au tableau corrosif que peint la série. Tous incarnent les assistants du docteur et créent autour de lui les tensions, désirs ou jalousie qui produisent de savoureuses situations comiques.

A YOUNG DOCTOR'S NOTEBOOK se consomme vite, et surtout sans aucune modération !

Pauline R.