Kill your friends, un portrait au vitriol de l’industrie de la musique, à la fin des années 90

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Kill your friends
par Owen Harris
Avec Nicholas Hoult , Rosanna Hoult , Bronson Webb 
GB, 2015, 1h43

Date de sortie : 02 décembre 2015  

Synopsis

En 1997, quand la Britpop réalisait des records de vente. Steven Stelfox travaille comme chasseur de talents dans une compagnie de disques à Londres. Il est à la peine car ses supérieurs le pressent de trouver un chanteur ou un groupe susceptible d’écrire un tube. Stelfox se fiche bien de la musique en tant qu’art. Souvent drogué, il veut surtout gravir les échelons et gagner un maximum d’argent. Or ses collègues ont plus de succès que lui. Une situation qu’il ne supporte plus. Comment satisfaire son ambition ? En éliminant tous les gens qui peuvent se trouver sur sa route..

Kill your friends, une comédie noire et sanglante est à la fois un bel hommage à la Britpop des années 90 et un portrait au vitriol de l’industrie de la musique de cette époque.

A propos du film

Premier long-métrage d’Owen Harris, jusqu’ici plus connu pour certains épisodes des séries Misfits et Black MirrorKill your friends brosse un portrait au vitriol de l’industrie de la musique britannique fin des années 90. Cette adaptation du roman autobiographique de John Niven (2008), par ailleurs scénariste du film, se traîne dans les coulisses d’un marché ignoble grouillant de labels avides et d’arrivistes aux dents longue. John Niven raconte 10 ans de son expérience de producteur à London Records, 10 ans de comportements répugnants, de calculs sordides dans un monde féroce où l’ambition est davantage valorisée que le talent.

Le film se passe en 1997, période où les Spice Girls sont en tête de gondole charts et la britpop (Oasis, Radiohead  ) assure sa domination sur le marché. L’art est un produit, la musique une formalité. Les labels britanniques croulent sous l’argent et l’obligation de pondre du tube au kilomètre.

Comme dans le livre, l’histoire est racontée à la manière d’un reportage à la première personne. Il est conçu comme un immense vidéoclip. La reconstitution des années 1990 passe par des scènes de concert, ranime le « Girl Power », s’attache à ce qui se passe backstage et fait appel au compositeur Junkie XL (auteur de la musique de « Mad Max : Fury Road »)

Le personnage principal, Steven Stelfox incarné à l’écran par Nicholas Hoult (Skins, X-Men, Mad Max : Fury Road…), est jeune, beau, riche, il travaille comme dénicheur de talents pour une maison de disques. Il régit les lois de l’offre et de la demande en déposant aux pieds de ses supérieurs les tubes demain. Brillant en dehors, pourri en dedans, le milieu dans lequel évolue ce jeune cador a des allures de cauchemar. Pour donner vie au personnage de Steven Steflox sur grand écran, Owen Harris s’est en partie inspiré des déboires de Don Simpson, décédé en 1996 et qui était un grand producteur américain. Ce dernier était surtout connu pour être le « bad boy » de Hollywood (consommateur de substances illicites, amateur de vodka et fêtard) et pour pousser de violents coups de gueule.

Meurtre, chantage, trahison, coucherie  tous les coups sont permis dans cette industrie où la musique n’est qu’un moyen de s’enrichir, de parvenir, de régner. On l’aura compris, Kill Your Friends tord le cou à la légendaire image sixties du producteur féru de rock, passionnée et intègre musical.  Dans Kill your friends , les directeurs artistiques sous l’emprise de la drogue sont amoraux et ne connaissent pas la musique.

La bande son de Kill your friends,  un hommage à l’âge d’or de la british pop

Kill your Friends, comédie noire et sanglante nous téléporte à Londres en 1997, à l’époque où Blur et Oasis se livrent une guerre sans merci dans les charts Britanniques. En effet, fin des années 1990, la vague « Britpop » qui a fait d’Oasis, Blur, he Verve ou Supergrass les rois de la scène depuis presque une décennie, commence à s’affaiblir.

Pour réaliser la Bande Originale, qui tient une place essentielle dans le récit, le réalisateur fait appel au compositeur Junkie XL (auteur de la musique de « Mad Max : Fury Road »). Ce dernier réussit une belle Bande Originale électrisante et éclectique.

Pour les fans de la British Pop, difficile de ne pas ressentir une pointe de nostalgie à l’écoute des deux groupes ennemis Bur et Radiohead. La Bande originale nous propose « Beetlebum » de Blur, « Cigarettes & Alcohol » d’Oasis et beaucoup de classiques comme « Karma Police » de Radiohead, « Setting Sun » des Chemical Brothers, « Return Of The Mack » de Mark Morrison et « Smack My Bitch Up » de Prodigy, « Encore une fois » de Sash

Histoire d’insuffler une touche de modernité à cette bande originale à l’esprit furieusement rock’n’roll, quelques talents d’aujourd’hui sont également passés en studio. Bastille livre l’inédit « Overload« , Royal Blood chante « Blood Hands » tandis que Rudimental et John Newman se retrouvent sur un nouveau morceau groovy baptisé « Good Thing« , deux ans après « Feel The Love« .