Femmes de Sade (Un roughie qui a la classe !)

Femmes_De_Sade

Genre : pornographique, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1978
Durée : 1h25

L'histoire : Rocky DeSade, un quinquagénaire à la stature imposante, vient de purger sa peine de prison. Aussitôt sorti, il viole la petite amie de son co-détenu, libéré en même temps que lui. Sa dérive va alors le mener dans les quartiers chauds de San Francisco, où il va agresser plusieurs prostituées. Dans le sex shop tenu par Johnny, DeSade vole une invitation pour une soirée libertine costumée donnée par la haute société. Arrivé sur les lieux de l'orgie, plusieurs de ses victimes le reconnaissent et décident de se venger. 

La critique :

Aujourd'hui, je tiens à vous proposer l'avant dernière chronique consacrée aux roughies sur le blog. Inutile à présent de vous rappeler ce que représentaient, il y a quelques décennies, ces films pornographiques outrageants. On n'en finirait pas d'énumérer la litanie de leurs déviances extrêmes. L'article, fort commenté, de Water Power n'a fait que confirmer le pouvoir d'attraction hors du commun que ces oeuvres ignominieuses exercent encore de nos jours.
Toutefois, Femmes de Sade reste un cas à part dans cet univers de dépravation. Une erreur de casting en quelque sorte. Réalisé par Alex de Renzy, qui par la suite tournera les classiques X-comédies Baby Face et Pretty Peaches, ce film se démarque complètement du genre dans lequel il a été un peu trop vite catalogué. Autant les vrais roughies affichaient un flagrant manque de moyens, des mises en scène à l'emporte pièces et sentaient à plein neez l'underground fauché, autant avec Femmes de Sade, on a droit à un véritable film et des "prestations haut de gamme".

Non pas que le scénario brille par son originalité débordante (il ne faut pas abuser tout de même !) mais plutôt à cause de crédits mis en oeuvre par la production au service du scénario concocté par Alex de Renzy. On voit que le réalisateur a disposé d'un budget largement supérieur à la moyenne et pour un peu, on se croirait revenu quelques années en arrière, à l'époque du porno chic. Mais n'exagérons rien tout de même. Si Femmes de Sade a été répertorié en tant que roughie, c'est bien qu'il y a une raison.
Trois raisons plus exactement, à savoir trois scènes puissamment hardcore (sur lesquelles je reviendrai), que l'on ne risque pas de retrouver sur un X ordinaire, si tant est que cela existe. Les moyens ont été mis notamment sur le nombre d'acteurs (plus d'une quarantaine) et les costumes magnifiques de la scène finale. Quant au titre, mensonger à souhait, il reflète bien mal le thème du film et n'a que peu de chose à voir (si ce n'est le nom du personnage principal) avec le divin marquis. Le seul et véritable roughie "sadien", celui qui en utilise tous les codes, date de 1975 et s'appelle Defiance of Good.

Mais cela est une autre histoire. Attention, SPOILERS ! Arrivé au terme de sa peine, Rocky De Sade, un colosse quinquagénaire, sort d'une prison californienne. En même temps que lui, son co-détenu retrouve à la fois la liberté et sa petite amie qui l'attend dans une décapotable rutilante. DeSade s'invite de force et monte dans le véhicule du couple. Mais les deux jeunes amoureux sont tellement heureux de se retrouver qu'ils décident de s'accorder une pause caline dans un petit chalet en forêt.
Commençant à trouver le temps long à picoler des bières, DeSade débarque tandis que les tourtereaux sont en pleine action. Il assome le jeune homme et viole brutalement sa fiancée. Puis, sa dérive le conduit dans les rues de North Beach Sex District, le quartier très chaud de San Francisco. Là, errant sur le trottoir au milieu des sex shops et des peep show, il rencontre une jeune prostituée dont il va abuser au cours d'un coït absolument incroyable. L'histoire délaisse alors quelques temps notre géant mal embouché pour s'intéresser à Johnny, le propriétaire d'un sex shop et à sa petite amie, Joyce.

Celle-ci, prostituée occasionnelle, fréquente quelques copines frivoles qu'elle ramène au magasin de Johnny pour tailler le bout de gras, le soir après le "travail". Ce coquin de Johnny laisse alors son esprit vagabonder en rêvant à des situations très érotiques qui le mettraient en scène avec ces jeunes femmes. Un soir, son ami Tony lui remet un paquet d'invitations pour une soirée libertine costumée, organisée prochainement. DeSade fait alors irruption dans le magasin, arrache une invitation des mains de Johnny puis décampe sans demander son compte. Au hasard d'un boulevard, DeSade croise Joyce qui tapinait gentiment.
Il lui propose alors cent dollars pour une passe. Mais le brutal géant va s'appliquer à humilier la pauvre fille au cours d'un jeu sadomasochiste dégradant, sans oublier de la passer sévèrement à tabac. Peu après, arrive le soir de la grande réception où tous les notables libertins de la région se sont donnés rendez-vous. Dans cette orgie festive et psychédélique, DeSade pense passer inaperçu par son déguisement. Mais son imposante stature va vite le trahir.

Reconnus par plusieurs de ses anciennes victimes, il sera enchaîné et outragé avant de périr par asphyxie tandis que la foule chantera et dansera autour de sa dépouille. Femmes de Sade est une oeuvre pornographique de qualité. La photographie est belle, la musique funky entraînante et le montage tout à fait incohérent. On ne peut certes pas crier au génie sur la mise en scène, mais celle-ci a le mérite d'être en totale conformité avec l'objectif premier du film : montrer des corps dénudés en action sans pour autant proposer un vieil étalage de viande, comme c'est trop souvent le cas dans la pornographie.
Ici, le spectateur suit une véritable histoire, parsemée bien sûr de violentes transgressions, mais il n'est pas sans cesse matraqué par une succession ininterrompue de séquences sexuelles. La scène finale, qui ne dure pas moins d'une demi-heure, constitue sans conteste le point culminant du film. Nous avons droit à une somptueuse orgie filmée avec distanciation et jamais agressive visuellement. Les costumes sont superbes et les femmes sont fort jolies, ce qui ne gâche rien.

J'en viens à présent aux fameuses scènes qui ont fait la réputation du film. La première est une auto-fellation que se pratique Ken Turner alias Rocky DeSade. Ce pervers, exercice de souplesse, a été réédité bien plus récemment dans Shortbus de John Cameron Mitchell. Les deux suivants interviennent durant la partouze géante. On y voit un dogue allemand surgir dans la pièce principale pour aller lécher goulûment l'entre cuisses d'une des participantes. Quant à la dernière, ele met aux prises DeSade allongé et prisonnier de chaînes, que trois jeunes femmes vont ridiculiser en lui urinant dessus toutes en même temps, avant qu'une autre ne vienne "parachever le travail" en déféquant sur le satyre.
Bref, trois jolis moments de décadence à qui le film doit grandement sa célébrité. Loin des standards ultra formatés de la pornographie actuelle, Femmes de Sade offre un spectacle réellement très agréable. Bien éloigné également de l'univers glauque et violent des roughies underground, le film d'Alex Renzy a acquis au fil du temps une patine très chic qui lui fait mériter entièrement son statut de classique du X.

Note : 15.5/20

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