Critique – Toto et ses sœurs

Notre critique du documentaire d'Alexander Nanau, Toto et ses Sœurs, tourné à Bucarest.

Réalisé par l'Allemand Alexander Nanau, Toto et ses sœurs ( Toto si surorile lui) nous plonge au cœur d'un ghetto de Bucarest où vivent Totonel, 9 ans, Andrea, 14 ans, et Ana Maria, 17 ans. Un film sans concessions sur des enfants entraînés dans un monde qu'ils n'auraient jamais dû affronter. Le film a été présenté au festival de Douarnenez et au festival des Droits de l'Homme de Paris, où il a remporté le Grand prix, et au festival du film de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Une histoire de famille brutale et singulière.

Oubliée l'innocence

Malgré son titre assez neutre, voire léger, Toto et ses Sœurs est très surprenant et décrit une dure réalité. En effet, Totonel, Ana et Andrea vivent dans un appartement sombre et insalubre de Bucarest et sont presque livrés à eux-même. Leur père est aux abonnés absents et leur mère est en prison où elle purge une peine de 7 ans pour trafic d'héroïne. Au début du documentaire, elle a déjà passé 4 ans et demi derrière les barreaux et pourrait se voir accorder une remise de peine. Son regard est inexpressif et elle répond à peine aux questions de son avocat.

Critique – Toto et ses sœurs

Dehors, ses frères, Sile et Ilie, " s'occupent " des trois enfants. La vente et la consommation de drogue est toujours de mise dans l'appartement. Des types qui se piquent sont affalés dans le canapé alors que Toto essaye de s'endormir tant bien que mal. Andrea a renoncé et passe beaucoup de temps chez ses copines. L'aînée s'occupe de faire à manger mais est aussi tombée dans le trafic et la prise d'héro. Et la police ne tarde pas à venir l'arrêter aussi. Dans Toto et ses sœurs, l'enfance est malmenée, elle voyage entre les tribunaux, les parloirs, autant de lieux qu'elle ne devrait pas voir.

Les errances et l'espoir

Toto et ses sœurs s'ouvre sur une vue de la ville, auréolée de brume et de soleil. Des enfants jouent dans les rues d'un quartier qui, lorsque la caméra s'approche, se révèle pauvre et délabré. Des voix s'élèvent, mais nous n'entendrons jamais celle du réalisateur. Le film est une immersion totale dans la famille de Toto, ses sœurs et leur appartement dont la porte ne ferme pas bien car défoncée plusieurs fois par les forces de Police. Pas de commentaires, donc, et pas de regards vers la caméra non plus. Le quotidien est filmé de façon brutale et neutre, ne laissant pas de place aux images volontairement larmoyantes ou choquantes.

Alexander Nanau, qui a suivi la famille de Totonel pendant plus d'un an, nous laisse suivre son documentaire comme une fiction - tant il est vrai que certaines images peuvent sembler irréelles. La brutalité se mêle à l'ordinaire et aux moments de grâce. Des veines fatiguées, un repas chaud, une bataille de boules de neige. Dans cette famille qui a du mal à trouver son équilibre, Totonel s'acharne, sourit, apprend à lire et se révèle doué pour le hip-hop. La construction de ces trois enfants se fait dans la douleur, même si les larmes sont très rares. Un film qui fascine, dérange et nous fait réfléchir sur l'enfance et la vie, qui offre parfois ce que les parents n'ont pas pu donner.

Pour lire un autre article sur Toto et ses Sœurs, c'est sur leblogducinéma. Et voici la bande-annonce (pour patienter jusqu'au 6 janvier) :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19555094&cfilm=235031.html

Critique - Toto et ses sœurs

  • Le style en "immersion totale"
  • L'absence de sentimentalisme
  • L'enthousiasme de Totonel et Andrea

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Critique – Toto et ses sœurs

  • Titre : Toto et ses soeurs
  • Année de sortie : 2015
  • Style : Documentaire
  • Réalisateur : Alexandre Nanau
  • Synopsis : Au cœur d'une famille rom en pleine désintégration, émerge la figure de Totonel, 10 ans, dit Toto. Avec passion il apprend à lire, écrire et danser. Surtout danser et gagner le grand concours de Hip Hop. Au milieu du chaos ambiant, ses deux sœurs essayent de maintenir le mince équilibre de la famille. Le récit cinématographique d'Alexander Nanau enregistre sans pose, à hauteur d'Homme, la vie de Toto et de cette famille qui manque de tout, sauf d'humour et d'amour.
  • Durée : 1h33