Vendredi 18 décembre, à l’Institut Lumière, Le jour le plus court avec Cavalier Express

Pour « Le Jour le plus court », grande fête du court métrage organisée par le CNC, l’Institut Lumière à l’excellente idée de nous proposer Cavalier Express, un programme de huit courts métrages d’Alain Cavalier, documentaires et fictions (1982-2011).

Le vendredi 18 décembre à 19h, ce sera l’occasion de partager le regard du filmeur sur ses contemporains, mais aussi sur sa propre démarche cinématographique, des années 60 à aujourd’hui.

Durée totale du programme : 1h25
Toutes les informations pratiques sur www.institut-lumiere.org
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Cavalier Express d’Alain Cavalier
France • 8 films courts • couleur • durée 1h25
Date de sortie 12 novembre 2014  

Cavalier Express propose une nouvelle lecture de huit courts métrages d’Alain Cavalier, pensés et présentés sous la forme d’un récit unique. Un regard du filmeur sur l’Autre, mais aussi sur sa propre démarche cinématographique qui, des années 60 à aujourd’hui, n’a cessé d’évoluer vers une épure technique et artistique. Passé et présent se télescopent, se superposent et se nourrissent mutuellement dans ce nouvel opus de la collection « Une mémoire en courts ».

« Voir ce programme de huit courts métrages tournés par Alain Cavalier entre 1982 et 2011, ce n’est pas simplement parcourir une compilation des travaux brefs du cinéaste. C’est éprouver, à la faveur de ce qui circule entre les films, le mouvement d’ensemble qui a présidé à la carrière de Cavalier. » Les Cahiers du Cinéma
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Programme : 

La matelassière
Documentaire – France – 1987 – Couleur – 12’00
Tant que j’ai la force, je travaille. Mon docteur, il me dit : « Vous mourrez au travail, Madame Bouvrais. » Et je le crois, parce que c’est ma vie, ça.

Lettre d’Alain Cavalier
Documentaire – France – 1982 – Couleur – 14’00
Le cinéaste écrit le scénario de son prochain film : Thérèse. La surface blanche de la feuille de papier avant celle de l’écran.

Elle, seule
Fiction – France – 1982 – Couleur – 11’00
Réduire les 100 minutes de son film La Chamade (1962) à 11 minutes composées uniquement de visages de Catherine Deneuve, que cherche le cinéaste à travers cet exercice ?

La rémouleuse
Documentaire – France – 1987 – Couleur – 13’00
Sur un plateau du studio de Boulogne, devant le trompe-l’oeil du film L’insoutenable légèreté de l’être, Marie Mathis, rémouleuse de son état, est filmée avec sa machine à aiguiser les couteaux. C’est une star que la pollution sonore et visuelle de la rue, son lieu de travail, n’aurait pas mise en valeur.

J’attends Joël
Doc. de fiction – France – 2007 – Couleur – 11’00
C’est la finale de la Coupe du Monde de football entre la France et l’Italie. Il n’y a pas de télévision dans cette chambre d’hôte en rase campagne, et Joël qui n’arrive pas…

Faire la mort
Doc. de fiction – France – 2011 – Noir et Blanc & Couleur – 04’00
Faire l’amour ou donner la mort devant une caméra, il y a peut-être un problème.

Agonie d’un melon
Fiction – France – 2007 – Couleur – 04’00
Brève leçon d’histoire et d’ironie où un melon est aussi un cerveau. Film tract.

L’ illusionniste
Documentaire – France – 1992 – Couleur – 13’00
Antoinette est illusionniste. Elle a 86 ans et exerce ce métier avec passion. Dans un tête à tête avec la caméra, Antoinette nous fait d’abord découvrir quelques tours de magie puis évoque des moments forts de sa vie.

ALAIN CAVALIER

cavalier-alain-webAprès des études d’Histoire, il entre à l’IDHEC puis devient assistant de Louis Malle (Ascenseur pour l’échafaud, Les Amants).

Il débute la réalisation avec le court métrage Un Américain (1958). Puis il se fait connaître avec deux longs métrages politiques, subtils et rigoureux, qui lui attirent les foudres de la censure : Le Combat dans l’île (1961) et L’Insoumis (1964), tous deux traitant plus ou moins directement de la guerre d’Algérie. Malgré la présence de comédiens connus dans ces films (Romy Schneider, Jean-Louis Trintignant, ou encore Alain Delon), ce sont des échecs commerciaux et Alain Cavalier s’essaye à un cinéma plus traditionnel. Il connaît alors ses premiers succès avec le polar Mise à sac (1967), et surtout le drame bourgeois La Chamade(adapté du livre éponyme de Françoise Sagan). Mais c’est au moment où il se retrouve le plus en vue qu’il choisit de s’éloigner.

Huit ans plus tard, il revient au cinéma avec Le Plein de super (1976), vivifiant road-movie co-écrit avec les acteurs à partir de leurs expériences propres, puis Martin et Léa(1978), où le couple incarné à l’écran est un vrai couple dans la vie. En « documentarisant » ainsi les acteurs (professionnels ou non, en tous cas peu connus), Alain Cavalier affine progressivement sa nouvelle manière de faire des films.

Réduisant ses équipes techniques, renonçant progressivement à toute action dramatique traditionnelle, il aspire de plus en plus à filmer au plus près des êtres, ce qui va l’amener inévitablement vers le documentaire. Après Ce répondeur ne prend pas de messages (1979), inclassable performance où Cavalier met en scène sa propre intimité sentimentale, et après Un étrange voyage (1980, prix Louis-Delluc 1981), où il filme sa fille raconter sa vie, une étape capitale dans sa méthode de travail va être franchie avecThérèse (1986). Simple et radical, le film est un pur moment de grâce. Stupéfiant de délicatesse et de vitalité, il questionne la sainteté au travers de la vie de la jeune carmélite Thérèse de Lisieux. Le film est ovationné au Festival de Cannes 1986 où il reçoit un Prix du jury, puis est plébiscité aux Césars l’année suivante, avec six récompenses obtenues dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario.

Le réalisateur pousse plus loin encore l’épure avec Libera me (1993), film sans dialogues qui revient avec force sur les thèmes de ses premiers films (oppression et torture). Parallèlement, il se lance dans une série de vingt-quatre portraits épiphaniques de femmes exerçant à Paris des métiers en voie de disparition (matelassière, cordonnière…).

Vies (2000) marque une nouvelle avancée. Au plus proche de l’essence artisanale de son art, Cavalier tourne désormais absolument seul grâce à la caméra DV ; la légèreté de l’outil lui permettant enfin de filmer idéalement « au plus près de son expérience. » Il dit ne plus être un cinéaste, mais un « filmeur ». En 2002, il mêle fiction et réalité dans René, où l’un de ses amis, comédien de 155 kilos, s’engage à perdre du poids. En 2004, sort Le Filmeur justement, journal intime filmé en vidéo sur plus de dix ans. Ce kaléidoscope méditatif sur la fuite du temps marque combien le cinéma d’Alain Cavalier est devenu l’accomplissement de son parcours intérieur (il apparaît comme un commentateur-acteur d’une histoire qu’il vit et reconstruit en même temps). Il est le père de l’actrice et réalisatrice Camille de Casabianca.

(Source Festival de la Rochelle)

Autoportrait dessiné par Alain Cavalier en 2007