Critique – Francofonia

Francofonia d'Alexandre Sokourov. Une vision très subjective de l'Histoire. Notre critique.

Francofonia, le Louvre sous l'occupation est le dernier film d'Alexandre Sokourov. Présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise, il parle du sort du musée du Louvre durant l'occupation. Film de fiction qui utilise également les documents d'époque, Francofonia peut désarçonner le spectateur par ses partis pris de mise en scène. Alors voici notre éclairage.

Un tête à tête sous l'occupation

Il oppose Jacques Jaujard, le directeur du musée du Louvre à l'époque, au baron de Metternich, un responsable du patrimoine respecté dans son pays, chargé de représenter le Reich à Paris pour son secteur favori. Francofonia nous présente deux scènes où les deux hommes se toisent puis s'accommodent l'un à l'autre par leur amour de l'art et de la France. Ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter la dispersion des œuvres jusqu'à ce que Metternich, trop francophile aux yeux d'Hitler, soit relevé de ses fonctions en 1942. Mais cet aspect qui apparaissait central dans l'intitulé du film s'étiole un peu devant la part d'imagination et de romantisme du réalisateur russe.

La part d'invention de Sokourov

Francofonia choisit plusieurs cardes narratifs pour évoquer, outre le sort du Louvre durant l'occupation, le sort des œuvres en général et le lien entre collection muséales et les guerres en particulier. Pour ce faire, le film débute par une longue et ennuyeuse introduction d'un cargo en perdition sous l'assaut de vagues énormes. Il transporte de grosses caisses dans lesquelles se trouvent visiblement des œuvres inestimables qui risquent de sombrer dans la tempête. Des conversations échangées entre le réalisateur lui-même et le capitaine du cargo et interrompues par la mauvaise liaison traduisent leur inquiétude sur le devenir de ces œuvres mais sapent d'entrée l'envie du spectateur. Plus amusante est le digression napoléonienne de Francofonia où apparaît Napoléon qui parcourt les collections du musée en s'adressant des louanges pour les avoir enrichies lors de ses campagnes. Évocation qui voudrait se faire l'écho du Louvre pendant la seconde guerre mondiale mais qui ne fait que dissiper davantage l'intérêt du spectateur malgré le savoir-faire indéniable du réalisateur.

Francofonia ressemble davantage à un exercice de style qu'à une reconstitution historique. En cela c'est une vision plus singulière que réussie de l'histoire que le film s'était proposé d'aborder.

Pour un avis différent sur Francofonia: http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/francofonia-le-louvre-sous-loccupation/

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