Evil Dead - 1981 (Tex Avery Vs Zombies)

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Genre: horreur, gore, comédie horrifique (interdit aux - 12 ans)
Année: 1981
Durée: 1h20

L'histoire : Cinq jeunes vacanciers s'installent dans une baraque au cœur d'une sinistre forêt. En descendant dans une cave lugubre, les deux garçons de la bande découvrent un vieux magnétophone qui, une fois remis en marche, émet une incantation magique. Laquelle réveille les forces du mal, déclenchant ainsi une horreur sans nom.  

La critique :

Les années 1980 ou l'essor de toutes ces productions horrifiques qui se tournent vers le comique, avec des réalisateurs encore méconnus à l'époque, entre autres, Peter Jackson (futur papa du remake de King-Kong et surtout de la trilogie du Seigneur des Anneaux) et Sam Raimi (appelé à mettre sur pellicule les aventures de l'homme-araignée).
Les jeunes cinéastes se démarquent par leur humour iconoclaste : il faut oblitérer les productions du passé, celles de la Hammer, ainsi que tous ces films d'épouvante sur le satanisme, en particulier L'Exorciste, et insuffler une énergie nouvelle, à la fois explosive et égrillarde. Lorsque l'horreur rencontre le cartoon et l'univers de Tex Avery. De son côté, Peter Jackson réalise Bad Taste, Meet the Feebles et Brain Dead qui asseoient sa notoriété.

Quant à Sam Raimi, il effectue ses premiers essais vers le milieu des années 1970 avec toute une kyrielle de courts-métrages. Dans le même temps, il fait la connaissance de Bruce Campbell, qui devient son acteur fétiche. Sam Raimi se passionne de plus en plus pour le cinéma d'horreur et fantastique. C'est donc avec ses potes qu'il écrit, réalise et produit son tout premier long-métrage.
Son nom ? Evil Dead. A l'époque, Sam Raimi ne le sait pas encore. Mais cette oeuvre bricolée de toute pièce et avec les moyens du bord va devenir un film culte et même un classique du cinéma horrifique. Le succès dépasse même son propre concepteur. Deux nouveaux chapitres seront réalisés, toujours sous la direction de Sam Raimi et avec Bruce Campbell.

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Puis, en 2013, un reboot homonyme est produit par Hollywood, toujours avide de ressusciter les mythes au nom du business et dans un esprit de lucre. Bruce Campbell se laisse séduire et enjoler. Il accepte de reprendre son personnage fétiche (Ash), qui a assis sa notoriété auprès des amateurs du cinéma bis, dans une série télévisée, Ash Vs. Evil Dead en 2015.
Presque 35 ans plus tard, "Papy fait toujours de la Résistance" si j'ose dire... Attention, SPOILERS ! Un groupe d'amis part en vacances dans une maison perdue dans la forêt. Peu après leur arrivée, ils constatent quelques phénomènes étranges qui vont les amener dans la cave sombre de la maison. Ils y découvrent un livre et un magnétophone.

L'enregistrement contenu dans le magnétophone leur révèle que cette maison était celle d'un archéologue qui s'était retiré ici pour étudier le livre intitulé Le Livre des Morts, ou Necronomicon. Relié en peau humaine et écrit avec du sang humain, le Necronomicon contient des incantations permettant de réveiller les esprits maléfiques en sommeil. Le groupe décide d'écouter la suite de l'enregistrement, les incantations prononcées par l'archéologue finissent par réveiller d'antiques forces maléfiques.
Le cauchemar commence alors pour la bande d'amis. Au programme, une oeuvre folle. Un film de jeunesse débarrassé de tous les sponsors hollywoodiens qui peut exprimer toute son impudence et son outrecuidance avec une totale liberté d'expression. Dans Evil Dead, on se contrefout du cinéma d'horreur traditionnel.

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Pour Sam Raimi, il faut bouleverser tous les codes, tous les préceptes dictés par un cinéma consensuel. Ce jeune effronté l'ignore encore. Mais bientôt, sa fougue sera achetée et dévoyée par la machine hollywoodienne à travers des productions mercantiles, étriquées, "marchandisées" et stéréotypées. Leur nom ? Spider-Man et ses suites qui signeront l'apogée du super héros américain triomphant, nouvelle égérie de la paix dans le monde. Une autre vision. Une autre époque...
Dès les premières images, Evil Dead plonge littéralement le spectateur dans les ténèbres, la grisaille, un univers âpre et inconnu, une forêt en déshérence, parsemée par des arbres branchus et latifoliés, aux formes étrangement phalliques. Le ton est donné, d'entrée. Puis, nos héros se retrouvent dans une cabane elle aussi en perdition.

Peu à peu, l'étau se resserre, inextricable, incoercible et inexpugnable. Un livre des morts, le Necronomicon, va bientôt sonner le glas de notre petite troupe. A partir de là, le film happe littéralement le spectateur à la gorge. Dans Evil Dead, point de conversations oiseuses et byzantines. Le rythme haletant et trépidant est émaillé par des cris d'orfraie et des voix d'outretombe, celles du mal.
Les femmes se transmutent alors en sorcières mortes-vivantes à l'appétit aiguisé et pantagruélique. Ash, le héros du film, est décontenancé. Il est condamné à subir les inimitiés et les humeurs (sanglantes) de monstres machiavéliques à la langue fourchue. C'est dans cette folie hystérique et viscérale que s'inscrit Evil Dead sans jamais relâcher la tension. Même la dernière image vient colleter un dernier uppercut en pleine tronche.

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Entre deux, Sam Raimi multiplie les gros plans sur les visages ébaubis de ses protagonistes : des yeux ulcérés et exorbités, des mains trémulantes, des voix chevrotantes, des dépouilles qui sourdent de la terre... Une forêt bien vivante et libidineuse qui viole, assassine et terrorise. Bienvenue en plein cauchemar ! Celui d'Evil Dead. Sam Raimi vient d'inventer une nouvelle forme de terreur au cinéma, tout en empruntant chez Tex Avery, avec un humour cartoonesque et une musique souvent dissonante.
Certes, en raison de son budget dispendieux, cette modeste série B a tout de même bien souffert du poids des années. C'est probablement la raison pour laquelle Hollywood a voulu relancer la machine par un remake (pardon... un reboot...) plus moderne, moins couillu surtout. Cherchez l'erreur. Néanmoins, presque 35 ans plus tard, Evil Dead, premier du nom, reste toujours une référence et a bien mérité son statut de film culte.

Note : 16/20

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