[critique] SPECTRE

Par Pauline R. @Carnetscritique

Avec Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux, Ben Whishaw, Ralph Fiennes...

★★★★☆

Sorti le 11 novembre2015.

M is dead, God save the new M ( Ralph Fiennes) ! Sous l'impulsion de l'ambitieux C ( Andrew Scott), la fusion entre MI5 et MI6 s'effectue à Londres, non sans heurt. Pendant ce temps-là, James Bond ( Daniel Craig) est en roue libre au Mexique, à Rome, en Autriche, à la poursuite d'un dangereux criminel ( Christoph Waltz), leader du SPECTRE, organisation criminelle bien connue des amateurs des premiers films. C'est dans cette atmosphère de chaos que l'intrigue devient personnelle. Skyfall (2012)fouillait intensément dans l'intimité de l'espion . Dans SPECTRE, Sam Mendes prolonge la dissection psychologiquequ'il avait précédemment entamée. C'est dont avec un intérêt grandissant qu' on découvre encore des facettes de cet homme devenu, sous l'" ère " Daniel Craig, bien mystérieux...

Associée à l'acteur anglais , Léa Seydoux incarne ici LA figure féminine du film. La française, particulièrement bien dirigée, s'éloigne d'un certain cabotinage qu'on lui connaît parfois, fait preuve de retenue et de justesse : une James Bond girl de tout premier ordre ! Quant aux autres seconds rôles, notamment ceux de Ralph Fiennes et Ben Whishaw (" Q "), ils prennent de l'ampleur, pour notre plus grand plaisir. Ils insufflent un air rafraîchissant, créant un excellent équilibre avec les difficultés rencontrées par 007.

Sam Mendes (American Beauty, Les Noces rebelles...), encore auréolé du fantastique travail effectué sur Skyfall, ouvre ce nouvel opus par une séquence impressionnante, composée de plans séquences virtuoses, fluides et esthétiques. La Fête des Morts, cérémonie mexicaine dédiée aux défunts, sert de décor à l'habituel prélude du film. Un flot de figurants grimés en squelette déferle dans les rues, au milieu de chars mortuaires, tandis que la steadycam suit Daniel Craig dans ses déplacements, des escaliers d'un hôtel à une chambre, puis jusqu'aux toits. La maîtrise de la caméra est totale et semble d'une telle simplicité !

Des cascades inédites en hélicoptère, des poursuites en voiture ou en bateau ponctueront encore le scénario, déjà bien rythmé par les rebondissements. L'action nous fait alors oublier les quelques raccourcis du script ou certains revirements prévisibles. Alors que la durée de Skyfall ne posait aucun problème, de par son intensité, SPECTRE aurait pu être allégé de quelques scènes un peu longuettes... Mais James reste James, les costumes soignés, la belle photographie et la bande originale, tout en cuivre et aux accents parfois félins, finissent par nous convaincre complètement.

Sans avoir la maestria de volet précédent, SPECTRE est un divertissement réjouissant et diablement efficace. Les références au mythe de l'agent 007, initié par Sean Connery, s'accumulent, avec des clin d'œil caustiques sous forme de voitures, wagon-lit, de col Mao ou de chat. Cette mythologie , loin d'être copiée, est approfondie ou détournée, complétant ainsi parfaitement la saga. La personnalité de l'espion devient fascinante, volontairement complexe, portée à merveille par son interprète. Daniel Craig serait-il le meilleur James Bond depuis les débuts de cette série cinématographique ? La question reste ouverte.. il est porté par d'excellents scénario et une mise en scène astucieuse, qui font de lui une valeur sûre.

Pauline R.