[Critique] Les Cowboys

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Réalisé par : Thomas Bidegain
Avec :
François Damiens, Finnegan Oldfield, Agathe Dronne
Sortie :
25 novembre 2015

Durée: 1h45
Budget:
Distributeur :
Pathé Distribution

3D: Oui – non

Synopsis :
: Avec l’aide de son fils, un père tente de retrouver sa fille Kelly, qui s’est laissée enrôler dans un mouvement djihadiste. Cette famille pourtant parfaite va petit à petit connaître des bouleversements.

4 Stars

Notre avis : Avec les nombreux récents événements liés aux mouvements djihadistes (on parle d’Al-Qaïda dans le film), Les Cowboys s’inscrit parfaitement dans son temps. Pour autant, Thomas Bidegain n’est pas un opportuniste. Le réalisateur n’a aucunement profité de l’actualité pour amener son film au-devant de la scène. Son scénario a été écrit bien avant les attentats du 7 janvier 2015 à Paris dans les locaux de Charlie Hebdo, évènement depuis lequel le sujet de l’enrôlement des jeunes à DAESH est devenu largement abordé dans chaque média.

Et c’est bien là que nous emmène Les Cowboys. Nous ne voyons pas « comment » la fille du personnage principal a été convertie à ce parti extrême, mais nous sommes impliqués dans les impacts que cela a dans son milieu originel. Choix audacieux du réalisateur Thomas Bidegain, mais choix malin puisque suivre Kelly, la jeune femme, dans son enrôlement progressif reviendrait à traiter ce que de nombreux spécialistes offrent dans les médias et dans des livres. Thème d’actualité mais informations non redondantes grâce à l’angle avec lequel il est traité : on adhère !

On valide également ce choix audacieux grâce aux jeux de chaque acteur. Chacun d’entre eux est étonnant. Nous prenons l’habitude petit à petit de voir François Damiens dans des rôles sérieux, celui-ci étant même un personnage tragique. Comme l’explique lui-même l’acteur, c’est dans ce type de rôle qu’il se sent totalement épanoui et le spectateur le ressent très bien ! C’est un François Damiens plus que convainquant qui se dresse devant nous. Il est à lui seul l’allégorie de l’espoir ainsi que de l’amour parental. On sait aujourd’hui qu’il est très difficile de renouer avec des jeunes enrôlés à DAESH ou tous autres partis djihadistes. Pourtant, François Damiens qui joue le père de la jeune femme arrive presque à nous convaincre que tout est possible et son inquiétude débordante d’amour nous lie très vite à son personnage.

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Autre rôle majeur, celui de Kid, frère de Kelly, interprété par Finnegan Oldfield. Tout le long du film, l’importance de son personnage monte de plus en plus en puissante, jusqu’à nous épater dans les dernières minutes du film. Au début, Kid est le simple fils ainé d’une famille parfaite liée par une passion commune qu’est la culture cowboys. On le voit se métamorphoser petit à petit, à l’instar de sa bulle familiale qui n’a plus rien de comparable avant la disparition de Kelly, et après.

La jeune femme est interprétée par Iliana Zabeth. Elle se fait assez discrète à l’écran malgré son rôle central. Les Cowboys se déroule sur plus d’une dizaine d’années (le suivi temporel est notamment possible à suivre grâce à des rappels historiques : attentats du World Trade Center, métro de Londres en 2012, ainsi que les attaques à Madrid). Ces transitions temporelles sont justifiées et efficaces bien que l’on puisse comprendre qu’elles ne plaisent pas à tous les spectateurs.
Cette chronologie nous expose une Kelly changée à chacune de ses brèves apparitions. Cela nous tient largement en haleine puisque le spectateur est plus que curieux de connaître la métamorphose d’une personne sous influence d’un groupe si puissant qu’est DAESH (sous le nom Ai-Qaïda dans le film).

Le seul petit bémol à Les Cowboys pourrait être le manque de moyens utilisés pour impliquer et pour sensibiliser un peu plus les spectateurs aux problèmes de l’enrôlement des jeunes dans ce type de groupes extrêmes. Mais après tout, est-ce vraiment là la finalité du film ? On ne peut pas en vouloir à Thomas Bidegain. En revanche, le film nous fait nous rendre compte que malgré que ce thème soit plus que jamais d’actualité, le départ de personnes vers ces systèmes radicaux s’opère depuis bien plus longtemps que nous pourrions le croire.

Thomas Bidegain fait fort pour son premier long métrage en solo (nous le connaissions déjà pour ses travaux en collaboration avec Jacques Audiard). Bille en tête, le réalisateur ose, et ça fonctionne. Le résultat, en plus d’être intéressant, est captivant.

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