Au cinéma : «Macbeth»

Après « Les crimes de Snowtown », Justin Kerzel nous livre son deuxième long-métrage : « Macbeth ». Michael Fassbender, révélé grâce à ses rôles dans « Shame » et « X-Men : le commencement », ainsi que Marion Cottilard, célèbre pour son interprétation dans « La môme », tiennent les rôles principaux. David Thewlis, Paddy Considine et Sean Harris complètent le casting. Todd Louiso, Jacob Koskoff et Michael Lesslie signent le scénario, d’après l’oeuvre homonyme de William Shakespeare. Le long-métrage fût présenté en sélection officielle, en compétition, au 68ème Festival de Cannes. « Macbeth » sort dans nos salles françaises le 18 novembre 2015.

Synopsis : XIème siècle : Ecosse. Macbeth, chef des armées, sort victorieux de la guerre qui fait rage dans tout le pays. Sur son chemin, trois sorcières lui prédisent qu’il deviendra roi. Comme envoûtés par la prophétie, Macbeth et son épouse montent alors un plan machiavélique pour régner sur le trône, jusqu’à en perdre la raison.

Nouvelle adaptation de « Macbeth », pièce de théâtre écrite par William Shakespeare, ce long-métrage surprend à plusieurs reprises dans ses choix scénaristiques. Tout d’abord, « Macbeth » prend le parti de ne réécrire aucun dialogue de l’œuvre originale, mais au contraire de respecter l’écrit du dramaturge à la virgule près. Si cela peut déboussoler durant les premières minutes, il faut avouer que ce choix scénaristique se justifie, tant cela apporte une aura extrêmement forte au long-métrage. Si « Macbeth » possède cet aspect théâtral, il n’en est pas pour autant moins rythmé. Le savant mélange entre lenteur, contemplation, férocité des propos et actions, ainsi que le rythme des rebondissements, est parfaitement étudié. Tous ces éléments mènent à une ambiance homogène, où le spectateur est transposé dans un récit intemporel et aux enjeux universels, et où le langage trouve une force inattendue et se révèle être le principal vecteur de tout le long-métrage.

Dans le rôle de Macbeth, Michael Fassbender livre une interprétation habitée et complètement incarnée, où une certaine folie douce canalise l’ensemble. Incroyable de bout en bout, l’acteur britannique, par son phrasé et ses mouvements, place le personnage en quelques secondes seulement, et va jusqu’à le pousser dans ses derniers retranchements durant toute la durée du long-métrage. À ses côtés, Marion Cotillard incarne Lady Macbeth et trouve un juste milieu adéquat entre rage extrême et stupeur. Sean Harris interprète Macduff, némésis de Macbeth, et se trouve, une nouvelle fois, terrifiant grâce à une colère intériorisée. Il est important de notifier la qualité du jeu d’acteur de Patty Constandine, même si très peu de temps à l’écran lui est accordé. De manière générale, et jusque dans les rôles plus mineurs, tous les acteurs et actrices de « Macbeth » livrent des prestations formidables où ils servent, chacun à leur manière, le long-métrage par leur force de jeu.

Si le scénario se trouve être tourné vers le passé, principalement par son langage, la réalisation de Justin Kerzel est clairement dans une proposition de modernité. Stylisée juste comme il le faut, la mise en scène de « Macbeth » joue énormément de ralentis et de coupes rapides, dans son montage. Cela offre des plans très beaux, de manière esthétique, où le mouvement des corps, les traits d’expressions des personnages et l’ambiance générale des séquences sont livrés presque de manière brut et de façon à les admirer longuement. La direction photographique de Adam Arkapaw confère également cet aspect moderne au long-métrage, en jouant sur les nuances de bleu, de gris et de rouge. La bande-originale de Jed Kurzel contribue également à cet angle de mise en scène. Grâce à cette volonté perpétuelle de modernité, « Macbeth » devient bien plus qu’une simple adaptation : une œuvre aussi riche sur le fond que sur la forme.

« Macbeth » est un long-métrage où le fond et la forme peuvent paraître en totale opposition. Hors, les deux éléments vont se compléter afin de créer une œuvre cinématographique surprenante, où le temps est un élément indistinct et où les personnages, brillamment incarnés, deviennent intemporels.

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Macbeth. De Justin Kerzel. Avec Michael Fassbender, Marion Cotillard, David Thewlis, Paddy Considine, Jack Reynor, Sean Harris, Elizabeth Debicki, David Hayman, …

Sortie le 18 novembre 2015.