Nahid

Nahid
Nahid, jeune divorcée, vit seule avec son fils de 10 ans dans une petite ville au bord de la mer Caspienne. Selon la tradition iranienne, la garde de l’enfant revient au père mais ce dernier a accepté de la céder à son ex femme à condition qu'elle ne se remarie pas. La rencontre de Nahid avec un nouvel homme qui l'aime passionnément et veut l’épouser va bouleverser sa vie de femme et de mère.
Nahid – 3 Février 2016 – Réalisé par Ida Panahandeh
L'an dernier le festival de Bordeaux a accueilli Mehran Tamadon pour son documentaire « Iranien » qui montrait la place prédominante de la religion dans la société iranienne. On y découvrait aussi partiellement, le peu de place qui était accordé à la femme en Iran. Une facette de ce pays que l'on voyait peu ! Mais cette année le fifib corrige cela en accueillant le premier film de Ida Panahandeh « Nahid » primé lors du dernier festival de Cannes dans la sélection « Un Certain Regard ». Un film iranien cela va de soit mais aussi un film sur une femme dans l'Iran actuel, torturée par toutes les contradictions de sa société …
Nahid est une jeune maman divorcée qui vit seule avec son fils d'une dizaine d'année. Installée dans une petite ville de bord de mer, elle essaye aussi bien qu'elle peut d’élever un fils turbulent qui souffre du divorce de ses parents. Une situation conflictuelle qu'elle a du mal a supporter. Seule pour faire face à ça, elle ne peut compter sur un conjoint potentiel car son divorce l'en empêche ! Et si la société iranienne permet le divorce ainsi que la garde exclusive pour la mère, elle ne peut malgré tout se remarier sous peine de se voir retirer son enfant. Il s'enclenche ensuite un véritable cas de conscience pour Nahid, un dilemme insoluble entre l'amour qu'elle porte pour Massoud, le gérant d'un hôtel sur la plage et celui qu'elle a pour son fils ! Au milieu de ça, une société intransigeante, figée dans ses traditions, ses convictions et ses peurs qui n'hésite pas à écraser ceux qui ne s'y tiennent pas … 

Mon ressenti au final est assez partagé car d'une part il y a une intrigue classique au contour prévisible et d'un autre coté ce fond si intéressant sur la société iranienne. Un déséquilibre qui n'aide pas a la bonne tenu du film malgré une réalisation superbe de Ida Panahandeh !
Le scénario qui est ici co-écrit par la réalisatrice elle même et Arsalan Amiri se concentre sur les difficultés de Nahid à concilier vie de mère et vie de femme ! Et en tissant une histoire à trois entre Nahid, l'ex et le nouveau copain, le récit appuis sur les contradictions et absurdité du régime iranien sauf que cela ne vas pas plus loin ! A cause en partie d'un scénario qui ne sort pas dans ses grandes lignes du cadre, de son histoire globale a son déroulée, le film ne surprend a aucun moment, enchaînant les évidences comme des perles, Nahid est divorcée, elle galère, elle lutte, elle tente de refaire sa vie, son ex ne veut pas … A quelques nuances près, l'histoire est maintes fois vu et peine à convaincre !
Cependant on ne peut enlever à ce film ces indéniables qualités plastiques et une réalisation de qualité. Fascinée depuis ses études à l'université des Arts de Téhéran par la dimension visuelle du cinéma, Ida Panahandeh en a gardé un goût très fort pour les visuels très travaillés. L'ambiance, le ton, voir même le rythme passe par cet impeccable réflexion sur les décors, les couleurs et la période de l'année a laquelle le film a été tourné. Le gris sera la couleur prédominante, elle symbolise la solitude et la tristesse de Nahid mais aussi l'immobilisme de la société iranienne. Elle est omniprésente et elle est aussi bien gérée par son chef op Morteza Gheidi qui fait preuve de beaucoup de soin pour rendre à l'écran les multiples nuances de gris dont le récit est parcouru ! Faisant ainsi ressortir avec beaucoup de contrastes les autres couleurs et les sentiments des personnages.
Un rendu visuel impeccable qui appuie à merveille le propos de la réalisatrice ! Ensuite elle rend avec sérieux le quotidien mouvementé de cette femme, bien que parfois le rythme en pâtisse a cause des redondances du scénario. Ida Panahandeh montre de belles idées de mise en scène, sa gestion du hors-champ, appuyant encore une fois sur l'aspect « fais mais ne soit pas vu » ou encore ces passages que l'on voit Nahid et Massoud par l'intermédiaire d'un moniteur d'un système de sécurité ! Signe du secret « partiel » de leur relation … Car se cache ici toute l'hypocrisie d'un système patriacal et oppressif pour la femme, qui est maintenue dans un état de fausse liberté ! Pourtant Nahid se bat, de toutes ses forces et elle essaye de concilier ses désirs avec la réalité d'une vie qui l'enferme entre quatre murs, ceux de sa famille mais aussi ceux de ses propres envies, incompatible avec l'Iran d'aujourd'hui. Une belle preuve de courage, d'envie et d'abnégation malgré le poids des traditions.
Le casting du film est quant à lui de qualité. Ida Panahandeh s'entoure de la fine fleur du cinéma et du théâtre en Iran. On trouve ainsi Sareh Bayat qui incarne Nahid, une femme de caractère qui se bat avec énormément de force, fragile, seule mais dont le regard fait passer bien des sentiments. Au tour d'elle on trouve deux hommes, l'un c'est Pejman Bazeghi dans le rôle du bienveillant Massoud et l'autre c'est Navid Mohammadzadeh dans le rôle d'Ahmad ! Deux personnages antagonistes mais très proches dans leurs interactions avec Nahid, l'un est doux, affable et protecteur pendant que l'autre, agité, instable et dangereux se permet absolument tout. Et au final ils jouent aussi bien tous les deux. Pour finir il y a Milad Hosseinpour qui interprète Amir Reza, l'enfant, le petit chéri de ses parents mais aussi « l'objet » qu'ils se disputent ! Une situation d’extrême nervosité que nous ressentons avec beaucoup d'intensité, de force et de détresse, une interprétation juste et au plus près de son personnage. 

Malgré des qualités évidentes, Nahid ne décolle vraiment jamais et verse peu à peu dans l'ennui ... 

Nahid