Death Tube (Les "Pokémon" sont devenus des psychopathes)

Death Tube (Les

genre: horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
année: 2010
durée: 1h57

l'histoire : Le site internet "Death Tube" montre en direct des meurtres, qui attirent des milliers d'internautes. Mais cela uniquement une semaine par an, pendant laquelle 8 membres de la communauté sont enlevés puis enfermés par le "DeathMaster" du site, pour ensuite être confrontés à des épreuves éprouvantes. Les vainqueurs gagnent la liberté et le respect, les perdants, une mort atroce en direct sur Internet.. 

La critique :

Cela fait déjà une quinzaine d'années que le cinéma asiatique s'inquiète des dérives de notre société moderne et consumériste. Un constat dressé à la fois avec humour, violence et sadisme par Battle Royale de Kinji Fukasaku. Dans un tout autre genre, Suicide Club de Sion Sono se focalisait lui aussi sur le marasme et la déréliction d'une jeunesse japonaise en pleine dépression et déliquescence.
En l'occurrence, Death Tube, réalisé par Yôhei Fukuda en 2010, bouffe un peu à tous les râteliers. En apparence, Death Tube s'apparente à un nouveau torture porn, dans la grande tradition des films d'horreur des années 2000, entre autres, Saw et Hostel. Mais pas seulement.

En effet, Death Tube n'est pas sans rappeler certains snuff movies, notamment dans sa mise en scène, qui flatte notre voyeurisme... En outre, le film de Yôhei Fukuda partage quelques similitudes avec Battle Royale. Lui aussi repose sur un jeu sadique et mortel dans lequel les candidats doivent s'entretuer pour survivre ! Un vrai paradoxe ! Attention, SPOILERS !
"Death Tube" est un site de partage particulier. Tous les ans, durant une semaine, le Deadmaster de "Death Tube" diffuse en streaming live des meurtres en direct qui attirent des centaines de milliers d’internautes. Le concept : 8 membres sont sélectionnés, enlevés, enfermés puis soumis à une épreuve de logique éprouvante. S’ils réussissent l’épreuve, ils gagnent leur survie et le respect de la communauté toute entière.

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S’ils échouent, ils gagnent l’assurance d’une mort atroce, spectaculaire et gore devant des centaines de milliers d'internautes. Contrairement à Battle Royale et Suicide Club, Death Tube élude toute critique de notre société égotiste et hédoniste. Le film se divise clairement en trois parties bien distinctes. Dans la première, Death Tube s'apparente à un nouveau torture porn de facture classique.
Le long-métrage se contente de présenter ses différents personnages. Tous sont de jeunes adultes, à peine sortis de l'adolescence, et accrocs au site "Death Tube". Parmi nos huit héros, seul un protagoniste fait figure d'exception, puisqu'il s'agit d'un adulte dans la force de l'âge (un quarantenaire sans doute...).

Dans ce premier acte, les règles du jeu sont claires et précises. Pour s'en sortir, les divers protagonistes doivent faire preuve de solidarité et donc s'aider les uns les autres. Si la première demi-heure du film se révèle sans surprise, tout du moins assez gentillette, surtout pour un torture porn, Death Tube prend un tournant radical dans sa seconde partie.
Cette fois-ci, place aux choses sérieuses ! Comme l'affirmait le tueur au puzzle dans Saw : "Que la partie commence !". A partir de là, le film révèle le "visage" des deux DeadMasters, soit deux hommes déguisés en oursons machiavéliques. Death Tube se détourne alors des torture porn habituels et se transforme en un jeu macabre à la trajectoire funeste.

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En effet, le long-métrage dresse un constat assez pessimiste et rédhibitoire. Les candidats sont tous des personnes égoïstes, incapables de s'entraider pour survivre. Chacun pense d'abord à sauver sa peau. Quant aux deux psychopathes, ils symbolisent justement toute la vacuité et la cruauté de leur jeu sadique et barbare. Leurs costumes, en apparence inoffensifs et assez enfantins, ne sont pas sans rappeler cette culture "Pokémon", qui reflète par ailleurs ce consumérisme fou et ce nihilisme égotiste.
A partir de là, les deux assassins se jouent et s'ébaudissent des protagonistes. En l'occurrence, ces derniers sont mis à rude épreuve à travers des épreuves mortelles. Néanmoins, Death Tube change à nouveau de direction dans sa troisième et dernière partie.

Si le film est plutôt laconique sur les véritables intentions de nos deux oursons psychopathes, il se révèle plus loquace sur l'identité et la personnalité de certains protagonistes. Clairement, Death Tube cherche à décontenancer et à surprendre son public. Mission plutôt réussie dans l'ensemble, à condition de fermer les yeux sur les quinze dernières minutes du film.
Un autre criminel se cache parmi les candidats. Hélas, il n'est pas le seul assassin parmi les protagonistes. Encore une fois, le jeu met en exergue la véritable nature des divers candidats. Ici, point de solidarité, ou alors c'est une solidarité de façade, destinée à mieux farder notre égocentrisme et nombrilisme. Telle est la diatribe dressée par Death Tube. Malheureusement, le film n'est pas exempt de tout reproche.
En effet, le long-métrage multiplie les longueurs dans sa première partie. Ensuite, on se contrefout un peu (beaucoup) des diverses victimes, assez peu attachantes au final. En vérité, les vrais "héros" du film, ce sont les deux oursons criminels de service. Bref, Death Tube possède un vrai potentiel. Potentiel qu'il exploite par instants, mais sans convaincre pour autant. 
Certes, Death Tube a au moins le mérite de se démarquer de la concurrence. En résulte un torture porn à la fois énigmatique et inabouti. 

Note: 10.5/20

Death Tube (Les  Alice In Oliver