"Cooties" présenté à l' Étrange Festival 2015

Par Mauvaise Lune @MauvaiseLune

Depuis quelques temps, l’acteur Elijah Wood s’est lancé dans la production de petits films d’horreur indépendants via sa société SpectreVision, alternant le bon et le moins bon mais tout en conservant une intégrité artistique indéniable. Un an après A girl walks home alone at night (qui avait fait bonne impression lors de la dernière édition de l’Étrange Festival), Wood revient en tant que producteur et acteur avec Cooties, un nouveau projet fun et enthousiasmant.

Réalisé par le jeune duo de cinéastes Jonathan Milott/Cary Murnion, Cooties n’avait à première vue pas de quoi rassurer quant à son improbable duo de scénaristes. En effet, on retrouve à l’écriture Leigh Wannell (scénariste de plusieurs opus de Saw et des Insidious) et Ian Brennan, créateur de Glee. Le film suit le parcours de Clint (interprété par Elijah Wood), professeur et apprenti romancier qui intervient en tant que remplaçant dans une petite école élémentaire. Suite à un nugget de poulet infecté par un virus, une petite fille va se transformer en zombie et contaminer les autres enfants. Le film investit donc la comédie de zombies, devenue presque un genre à part entière depuis quelques années. Sans dynamiter les codes, le scénario se montre d’une efficacité redoutable dans sa première partie en présentant simplement son concept : c’est-à-dire une bande de bras cassés face à des élèves assoiffés de sang. En effet, il ne faut pas plus de cinq minutes à Whannell et Brennan pour poser leur univers absurde ainsi que les enjeux émotionnels de leurs personnages, le tout soutenu par un rythme sans temps mort qui ne décroîtra pas jusqu’à la fin. Le film s’amuse à proposer une galerie de personnages totalement loufoques et caricaturaux (avec notamment un Rainn Wilson hilarant en prof de sport) pour les rendre de plus en plus humains au fil du récit, ces-derniers étant contraints d’unir leurs forces pour espérer survivre.

Malheureusement, si ce concept est formidablement exécuté, il constitue aussi la limite du film. Comment proposer une comédie originale à base de zombies plus de dix ans après Shaun of the Dead ? Le film ne parvient hélas pas à compenser ce manque d’originalité par sa mise en scène, finalement assez banale malgré un certain savoir-faire lors des scènes de tension ou lors des jaillissements gores. L’originalité ne viendra pas non plus de son propos sur la malbouffe, qui, bien qu’au cœur du film uniquement par le concept, n’est finalement que brièvement esquissé. Malgré une scène d’introduction très réussie montrant le processus de fabrication des nuggets de poulet (pour finalement atterrir dans la bouche d’une petite fille), cette idée n’aboutit pas vraiment à une critique de l’industrie alimentaire, et donne finalement l’impression de n’être qu’un prétexte comme un autre à une succession de gags. Mais c’est dans son excellent casting (Elijah Wood, Alison Pill, Rainn Wilson…) et son humour irrévérencieux que Cooties réussit à emporter l’adhésion, balançant des punchlines hilarantes à la minute et ne laissant jamais le temps au spectateur de s’ennuyer. Ce n’est sans doute pas assez pour renouveler le genre ou marquer les esprits sur la durée, mais en ces temps tristes pour le cinéma d’horreur, il est toujours plaisant de voir des films honnêtes et sérieusement fabriqués.

Sans être forcément inoubliable, Cooties est une savoureuse comédie, fun, rythmée et portée par son formidable casting. On attend maintenant de voir Elijah Wood sur de nouveaux projets aussi sincères et honorables.