La femme au tableau "Woman in Gold"

Par Cinealain

Ryan Reynolds, Daniel Brühl, Katie Holmes, Jonathan Pryce , Elizabeth McGovern,

Tatiana Maslany et Max Irons


Production Britannique, Américaine

La Femme au tableau est notamment produit par le célèbre Harvey Weinstein. Il explique ce qui lui a plu dans le projet : "Il s'agit d'une histoire de personnes en quête d'apaisement de leur souffrance suite à une terrible perte. Il s'agit aussi d'une histoire familiale et de l'importance d'objets personnels légués au sein de ces familles ; il s'agit enfin de justice et de la manière dont certains arrivent à renouer avec leurs racines".

Le film de Simon Curtis, s'inspire du livre The Lady in Gold d' Anne-Marie O'Connor

Au moment du tournage à Vienne, le maire de la ville a tenu à honorer Helen Mirren et lui a remis une réplique miniature en or d'une des figures arborant l'Hôtel de Ville :

" Je ne pense pas que cette récompense m'ait vraiment été destinée, je pense qu'elle a été symboliquement remise à Maria Altmann", poursuit l'actrice. "Le maire m'a dit que les efforts de Maria pour récupérer les tableaux avaient contraint Vienne à se confronter à son passé. En ce sens, elle est d'une importance capitale pour l'histoire de la ville", se rappelle la comédienne.

Cette septuagénaire excentrique lui confie une mission des plus sidérantes : l'aider à récupérer l'un des plus célèbres tableaux de Gustav Klimt, exposé dans le plus grand musée d'Autriche, dont elle assure que celui-ci appartenait à sa famille !

D'abord sceptique, le jeune avocat se laisse convaincre par cette attachante vieille dame tandis que celle-ci lui raconte sa jeunesse tourmentée, l'invasion nazi, la spoliation des tableaux de sa famille, jusqu'à sa fuite aux États-Unis.

Mais l'Autriche n'entend évidemment pas rendre la "Joconde autrichienne" à sa propriétaire légitime...

Faute de recours, ils décident d'intenter un procès au gouvernement autrichien pour faire valoir leur droit et prendre une revanche sur l'Histoire.

C'est en regardant un documentaire intitulé "Voler Klimt" diffusé sur la BBC, que Simon Curtis a découvert l'histoire de Maria Altmann et notamment son combat pour récupérer le portrait de sa tante. Il a aussitôt songé à en faire une fiction pour le cinéma tant il a été ému par ce sujet et par le fait que ce dernier :

"Liait la Seconde Guerre mondiale et l'Holocauste à l'histoire américaine contemporaine (...). À mes yeux, ce tableau et Maria Altmann sont tout à fait emblématiques du XXème siècle dans son ensemble : tous deux ont vu le jour pendant l'âge d'or de Vienne au début du siècle et tous deux ont disparu aux États-Unis à la fin du siècle américain".

Maria Altmann, née Maria Victoria Bloch à Vienne (alors en Autriche-Hongrie) le 18 février 1916 est décédée à Los Angeles le 7 février 2011.

Elle est la nièce d'Adele Bloch-Bauer, et l'épouse Fritz Altmann, un ténor.

Peu après l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, le couple décide de fuir le pays pour échapper aux exactions commises à l'encontre des juifs. Ils trouvent refuge aux États-Unis.

Ces œuvres étaient détenues par le gouvernement autrichien, lorsqu'un jugement, favorable à la restitution des œuvres, fut prononcé en janvier 2006.

Bien que l'Autriche soit encore aujourd'hui traumatisée par une partie de son histoire récente et le fait de s'être laissée intégrer à l'Allemagne nazie, la production a été très bien accueilli par les Autrichiens qui ont estimé nécessaire de raconter cette part sombre de leur passé. "C'est compliqué car nous avons reconstitué une page complexe de l'histoire culturelle de Vienne - autrement dit le débat pour savoir si ces peintures devaient être restituées à la famille ou rester dans leur musée″, raconte le réalisateur. "Pour couronner le tout, on a aussi reconstitué l'épisode le plus traumatisant de toute l'histoire du pays. On en a toujours eu conscience, mais les Viennois sont très chaleureux et nous ont offert leur hospitalité et leur soutien inconditionn els″.

Au moment où le projet a commencé à voir le jour, Maria Altmann était d'ores et déjà décédée, mais son avocat, Schoenberg, interprété ici par Ryan Reynolds, était vivant et en bonne santé et s'est donc beaucoup impliqué dans le processus de création. Son témoignage a d'ailleurs beaucoup aidé le scénariste du film, notamment pour tout ce qui concerne la partie juridique de l'affaire :

"Je me rappelle lui avoir dit, 'Randy, vous devez me parler comme si j'étais un gosse de six ans, et pas forcément malin. Racontez-moi simplement toute l'histoire dans les moindres détails'. Ça nous a été très précieux".

"Arpenter les rues où Maria a marché et où Hitler a été accueilli triomphalement a été une expérience intense", confie Helen Mirren. "C'est maintenant une magnifique ville touristique, avec des musées incroyables et l'art y est omniprésent. Mais la ville a peu changé depuis l'époque de Maria car il y a eu très peu de destructions pendant la guerre. Et c'est dans ces rues qu'ont été perpétrées de terribles injustices à l'encontre de toute une frange de la population. Deux semaines après l'arrivée des nazis, des décisions étaient déjà prises à l'encontre des citoyens de confession juive".

Afin d'adapter cette histoire et d'en tirer un scénario, la production a fait appel à un auteur de théâtre, Alexi Kaye Campbell qui fait ici son entrée dans le monde du cinéma : "Il ne surcharge pas ses personnages de détails inutiles et cisèle des dialogues acérés (...). Nous sentions qu'il serait capable de s'attaquer à une histoire aussi difficile que celle-ci et de la rendre cohérente et fascinante, et c'est exactement ce qu'il a fait".

Dommage qu'un tel sujet soit tombé dans un classicisme étouffant.

Le scénario, d'une navrante platitude force le trait pour sombrer dans un trauma facile. La réalisation de Simon Curtis ne s'impose en rien, exception faite dans certains flashbacks, ceux des adieux ou de la fuite, par exemple. Ce film est toutefois plus intéressant que le prétentieux et raté "Monuments men", réalisé par George Clonney, traitant, lui aussi, de la spoliation des biens par les nazis.

La reconstitution de l'époque est réussie, tant au niveau des costumes que des éclairages. Martin Phipps et Hans Zimmer signent une remarquable bande-son.

La femme au tableau, reste, malgré quelques bémols, important à mes yeux. Pour cette tragique page d'Histoire. Pour le devoir de mémoire, pour cette réalité dans laquelle l'horreur de la délation, bien mise en avant, n'est pas à négliger, ni à oublier. Mais aussi pour la vie douloureuse, passionnante et remarquable de cette femme.

Le film est sauvé par un casting inégal, certes, mais qui l'emporte sur l'ensemble.

Tatiana Maslany et Max Irons sont parfaits. Si Ryan Reynolds a du mal à s'imposer, il semble toutefois assez proche des souvenirs recueillis par Randol Schoenberg qu'il incarne dans le film.

Quant à Helen Mirren, une fois encore, remarquable.

Le film aurait mérité l'éclat et la subtilité que Gustav Klimt a su donner au fameux tableau. Il n'en reste pas moins un moment de cinéma assez fort dans tout ce qu'il dénonce, même si de façon quelque peu trop appuyée.