Plus exactement l’arc dramatique transformationnel. Transformationnel parce qu’il y a… une transformation. Quelle transformation ?
L’arc dramatique transformationnel (que nous résumerons à arc dramatique) d’un personnage est le changement émotionnel par lequel votre protagoniste passera d’ici la fin de l’histoire.
Cet arc dramatique est indispensable (pour une bonne histoire) et il est l’élément dramatique le plus intimidant pour un auteur.
A retenir :
LA MOTIVATION EST CE QUI POUSSE LES PERSONNAGES VERS LEURS OBJECTIFS.
La motivation est une part importante de l’arc dramatique de vos personnages. C’est en fait cette motivation que vous avez tissée dans votre histoire qui motive votre personnage à être meilleur qu’il ne l’était avant qu’il ne débute son aventure.
Cependant, ce que votre personnage dit ou pense vouloir, ce qu’il fait au vu et su de tous les autres personnages et du lecteur est un objectif visible, extérieur dans lequel tous les personnages de l’histoire sont plus ou moins impliqués. Mais cet objectif n’est peut-être pas ce que votre personnage veut vraiment. Ce qu’il veut vraiment est DIFFERENT de ce qu’il veut apparemment. Pour distinguer les choses, l’on va dire que son objectif dans l’histoire est le but du personnage. Ce qu’il veut vraiment, à l’intérieur de lui, sera sa motivation.
Tout commence avec un protagoniste (Il existe plusieurs arcs dramatique mais intéressons-nous pour l’instant à celui du héros de votre histoire, à savoir le protagoniste), tout commence avec un protagoniste, donc, qui pense savoir ce qu’il veut.
Au cours de l’histoire, cependant, il prendra des décisions, il agira et réagira sur le plan émotionnel et il finira par découvrir ce qu’il veut vraiment. Il va se réveiller le dormeur parce que jusqu’à présent, il se leurrait plutôt lui-même en essayant de vivre sa vie (celle du début de l’histoire, celle en fait qu’il a vécu avant que l’histoire commence).
Maintenant qu’il a compris ce qu’il veut vraiment, il veut l’obtenir. Donc, il élabore un nouvel objectif, il a maintenant une motivation.
Prenons le cas de John McClane. Son objectif apparent est d’empêcher le méchant de l’histoire Hans Grüber de réussir ses plans machiavéliques et de libérer les otages. Mais il y a un enjeu important pour McClane car parmi les otages, il y a Holly, sa femme dont il est séparé. La vraie raison de sa venue à Los Angeles est de se rabibocher avec sa femme. C’est sa motivation, c’est ce qui le pousse à prendre tous ces risques.
Le personnage est l’épine dorsale de votre histoire. Il vous en faut un avec lequel votre lecteur va pouvoir se connecter, entrer en empathie avec lui, éprouver de la compassion pour lui. Ce lien doit être maintenu tout au long de l’aventure. Il faut donc que l’évolution de votre personnage s’étende sur toute la longueur de celle-ci et pas seulement au cours du premier acte comme cela peut arriver parfois.
C’est comme si vous preniez un pain d’argile que vous allez modeler au cours de l’histoire. La dernière touche de votre création, vous la donnerez à la fin de votre histoire.
Introduisez vos personnages et rapidement, donnez juste ce qu’il faut d’informations à leur sujet pour accrocher votre lecteur, pour établir un lien d’empathie durable.
Surtout débarrassez vos personnages de tous leurs clichés, n’en faites pas des stéréotypes. Si vous craignez de tomber dans le piège du stéréotype, utilisez soit l’ennéagramme (voir à ce sujet nos leçons sur la création de votre personnage à l’aide des ennéatypes, ICI) soit des archétypes qui définissent davantage la fonction de votre personnage dans l’histoire et qui vous permet cependant d’ajouter à l’archétype retenu autant d’éléments qui auraient pu biaiser sa psyché, autant d’événements dans son enfance (voir notre leçon sur la psychologie de votre personnage ICI) qui auraient pu définir la personnalité actuelle de votre personnage (voir nos leçons sur les archétypes ICI).
Au cours de son voyage, continuez à développer votre personnage, à lui donner davantage de dimensionnalité par ses actions et ses dialogues en révélant davantage d’informations sur son passé. Vous éclairez ainsi le personnage pour renforcer le lien établi entre lui et le lecteur.
A lire :
PERSONNAGE A TROIS DIMENSIONS
Votre personnage doit être aussi capable d’entreprendre une transformation. Cet arc dramatique qu’il va connaître a pour but de le rendre meilleur. Or pour rendre meilleur quelqu’un, il faut qu’il y ait quelque chose à améliorer. Si votre personnage apparaît parfait aux yeux du lecteur, l’ennui pointera rapidement son spectre maléfique, le lien sera rompu ou carrément pas établi. Et si un lecteur éprouve de l’ennui vis-à-vis de votre personnage, c’est que celui-ci est ennuyeux.
Prenons un personnage citadin qui découvre soudain qu’il étouffe en ville et décide de s’installer à la campagne. S’il s’adapte sans problème à sa nouvelle vie, ce serait trop parfait et le voir se fondre dans le paysage comme s’il y était né n’a rien de bien excitant. Par contre, si vous montrez les difficultés et les échecs qu’il rencontre à simplement cultiver un bout de champ, si vous montrez qu’il surmonte les épreuves, qu’il apprend de ses erreurs (aidé souvent en cela par un mentor qui le guide mais qui ne fait pas à sa place), vous rendrez son aventure beaucoup plus passionnante.
Gardez à l’esprit que votre histoire est une voie royale pour permettre à votre lecteur de s’échapper de son quotidien. Et il va s’appuyer sur vos personnages pour s’installer dans votre histoire et s’y sentir bien.
L’arc dramatique de votre personnage principal doit nous montrer plusieurs facettes de celui-ci. Un scénario, c’est de l’émotion. Une émotion qui sera dramatisée par le conflit. Une action ou réaction émotionnelle dérive du caractère du personnage, de sa constitution psychologique (ou émotionnelle). Cette construction psychologique spécifique à votre personnage est sa faculté ou sa tendance à ressentir de la joie, de l’amour, de la frustration, de la compassion, de la haine, du désespoir ou pourquoi pas, ne rien ressentir du tout. Cela tient compte de son tempérament bien sûr, mais aussi de sa capacité à changer rapidement ou non d’état émotionnel (tel que la colère, le désespoir…).
Lorsque nous sommes lecteurs, nous avons besoin de voir cette constitution psychologique de votre personnage, de voir comment elle se traduit dans les faits de sa vie quotidienne.
Comme ce ne sont pas les événements qui influencent nos émotions mais l’interprétation que nous en faisons, nous réagissons à ceux-ci par des attitudes émotionnelles préexistantes. En d’autres termes, nous aurons toujours la même réaction émotionnelle face à des événements différents si notre perception émotionnelle de ces événements nous place toujours dans le même état d’esprit. Les événements que vous placez sur le chemin de votre personnage déclencheront chez lui des attitudes émotionnelles d’une façon similaire. Ces attitudes devront être montrées. Elles vous aideront probablement à imaginer les réactions de votre personnage dans les différentes situations où vous le placerez.
Car nous avons besoin de voir comment votre personnage réagit émotionnellement aux autres personnages de votre histoire, de le voir prendre des décisions irrationnelles parce que guidées par ses émotions face aux obstacles.
Les réponses émotionnelles de vos personnages servent à les développer, à créer en eux des dimensions qui les rendront crédibles. Une crédibilité qui ne doit cependant pas les rendre ennuyeux.
