La suite de notre étude sur l’arc dramatique à appliquer à votre personnage selon son type de personnalité.
L’EXTRAVAGANT
L’extravagant partage des traits de caractère avec l’extraverti et l’excentrique mais c’est cependant un personnage fort différent.
L’extravagance est utilisée ici pour masquer une pauvre estime de soi et une profonde désespérance chez ce personnage. C’est un personnage à la fois naïf et quelque peu sournois. L’arc dramatique de ce personnage illustre une vie que l’on peut qualifier de tragique. Il y a une blessure chez lui que vous devez absolument travailler et résoudre à la fin de votre histoire.
L’extravagant a la colère facile et est émotionnellement instable. Ses colères peuvent être de véritables explosions de violence.
Lui-même ne se voit pas d’un bon œil et se considère comme une abomination, une engeance diabolique. Vous pouvez en faire un antagoniste passionnant sans tomber dans le cliché.
L’extravagant a tendance à voir les autres comme des objets qu’il jette dès qu’ils ne l’amusent plus. Il est très manipulateur (il s’en sert comme un moyen pour parvenir à ses fins, il n’en fait pas un mode de vie) et ajoute toujours une touche dramatique dans ses relations. Il tient souvent le rôle de l’amant d’une femme mariée ou de la relation extra-conjugale d’un homme. Il est clair que l’extravagant est un être immoral. Ce qui est paradoxal, cependant, c’est que l’extravagant est foncièrement jaloux lorsqu’il est impliqué dans une relation.
Alex Forrest de Liaison fatale de James Dearden dirigé par Adrian Lyne est une bonne référence pour l’extravagant.
Ce qui est remarquable chez l’extravagant est que plus la situation est intense et plus il développe des réactions psychosomatiques et des comportements erratiques. Ces dysfonctionnements psychologiques ont pour but d’attirer l’attention sur lui. On est souvent proche de la folie avec l’extravagant.
On peut dénoter, le cas échéant, de la futilité chez ce personnage. C’est le genre d’individu, par exemple, à menacer de se tuer pour éviter une séparation. Mais c’est seulement une menace. Il n’a pas l’intention ou le courage de mettre fin à ses jours. C’est une manière excessive et spectaculaire de montrer son désarroi.
Il possède une réelle intensité sur le plan émotionnel ce qui l’aide à donner ce tour dramatique à ses relations mais il est trop instable pour qu’une relation perdure. Il est souvent représenté sous la forme d’un artiste quelque soit le domaine artistique dans lequel il exerce.
Le personnage de Maléfique (Maléfique de Linda Woolverton et John Lee Hancock dirigé par Robert Stromberg) nous semble être un bon exemple d’un personnage basé sur l’extravagant.
D’abord, Maléfique est une femme blessée, trahie par un amant trop ambitieux. Les auteurs ont eu la sagesse de remonter jusqu’à l’enfance de Maléfique pour situer la rencontre entre Stephan et Maléfique ce qui indirectement inscrit la blessure dans la jeunesse de Maléfique. C’est une étape indispensable dans la définition d’un antagoniste.
L’extravagance du personnage n’est pas seulement dû au contexte puisque l’histoire appartient au genre du merveilleux mais aussi à la personnalité de Maléfique qui pour assouvir sa vengeance (et il n’y a rien de plus terrible que la rancœur d’une femme blessée) s’est imprégnée de traits de caractère de l’extravagant.
D’abord l’aspect dramatique qu’elle donne à toutes ses apparitions mais aussi et surtout cette blessure qui la consume et justifie ses actions. Maléfique est l’héroïne de cette histoire et le Roi Stephan est le méchant. L’arc dramatique de Maléfique ne se résoud pas dans la mort de Stephan. Ceci est l’objectif extérieur de Maléfique. L’évolution interne de celle-ci est beaucoup plus intéressante. Aurore est la fille que Maléfique aurait dû avoir, c’est d’ailleurs elle qui élève Aurore, les trois fées chargées de sa protection en étant parfaitement incapables. Tout au long de l’histoire, Maléfique apprend malgré elle à être cette mère qu’Aurore considère comme sa marraine (autrement dit, elle l’a confond avec sa mère).
Juste avant le climax (le combat ultime contre Stephan), c’est Maléfique qui embrasse Aurore sur le front avec un baiser d’amour véritable. Ce baiser est la résolution du problème de Maléfique puisqu’elle reconnaît grâce à lui ses instincts maternels réprimés depuis la brûlure de la trahison. Ainsi, son arc dramatique est complété.
L’HYPERACTIF
Ce qui caractérise ce personnage est que les actions qu’il entreprend ont des conséquences qui vont bien au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre son objectif. Il faut s’attendre à des dommages collatéraux avec l’hyperactif.
L’usage d’un hyperactif dans un script peut être utile lorsque votre héros fait partie d’une équipe où chaque membre de l’équipe illustre un trait de caractère qui manque au héros pour faire de lui un être complet. L’hyperactif appuie alors fortement sur ce trait dans ses actions ce qui définit à la fois le personnage hyperactif et la qualité ou l’attribut qui manque au héros et que celui-ci devra acquérir à la fin de l’histoire. Si votre héros manque de courage, par exemple, vous pourriez créer un personnage hyperactif dans ses actions courageuses dont le héros prendra exemple au cours de l’intrigue jusqu’au moment du climax où les leçons qu’il aura apprise du personnage hyperactif lui seront indispensables pour vaincre le méchant. C’est un exemple de l’usage de l’hyperactif mais vous pourriez lui trouver d’autres domaines dans lesquels sa spécialité pourrait s’exercer.
C’est généralement un personnage égocentrique enclin aux accès de colère comme d’excitation soudaine. Il est un peu imprévisible et imprudent. Il s’avère être un personnage lunatique. Il déborde d’énergie mais peut parfois causer plus de problèmes qu’il n’en résoud dressant des obstacles supplémentaires sur le chemin du héros.
L’arc dramatique de l’hyperactif est plat puisqu’en règle générale, il est l’instrument du changement chez le héros. L’hyperactif n’est pas non plus un personnage avec lequel on puisse partager ses sentiments car il n’est tout simplement pas réceptif.
