Culte du dimanche : Princess Bride de Rob Reiner

Par Fredp @FredMyscreens

Avec l’été il est temps de replonger dans le contes de fées (oui ça n’a aucun rapport mais il faut bien mettre une introduction à cet article). Alors pourquoi ne pas retomber dans la fraîcheur et la drôlerie méconnue de Princess Bride de Rob Reiner ?

Révélé avec la parodie Spinal Tap puis s’étant fait un nom avec l’adaptation réussie de Stephen King Stand by Me, Rob Reiner continue d’aborder des genres bien différents mais qui donne souvent des films cultes des années 80. Juste avant que Willow ne débarque au cinéma, il adapte donc le roman de William Goldman, Princess Bride, qui a tous les ingrédients du conte de fées traditionnel. Mais voilà, Reiner est bien conscient de la chose et va apporter à son film une touche d’humour iconoclaste que l’on imaginait pas dans le genre.

En effet, Princess Bride, c’est encore une histoire de fantasy avec une princesse forcée de se marier à un méchant seigneur et kidnappée par des pirates alors qu’un preux aventurier vole à son secours. Mais le réalisateur la place tout de suite dans le contexte de l’esprits des gamins des années 80 car c’est le grand-père qui raconte cette histoire à son petit-fils qui se fait passer pour malade pour jouer aux jeux vidéos et qui n’est intéressé que par les séquences d’action. Les bisous et autres moments romantiques, ce n’est pas pour lui et il ne va pas se priver d’interrompre le récit lorsque l’histoire ne lui plait pas.

Et pendant ce temps là, dans l’histoire qui est racontée, le réalisateur use et abuse du kitsch, des décors en carton pâte, des costumes qui rappellent le bon vieux robin des bois avec Errol Flyn et l’humour qui nous renvoie souvent aux Monty Python et leur Sacré Graal. Entre l’hommage aux bons vieux films de cape et d’épée et le second degré le film navigue toujours très justement entre émotions parfois surfaites sur fond de coucher de soleil et scènes d’action bien chorégraphiées et un humour qui s’inscrit dans les réactions des personnages caricaturales ou blasées, jouant complètement sur les clichés du genre avec des répliques parfois en décalage complet avec l’époque.

Ainsi, derrière le côté kitsch, on se prend facilement au jeu et on rit volontiers devant les rats géants, les réaction d’un géant en pleine crise existentielle, le désir de vengeance d’Inigo Montoya ou le ridicule du méchant très méchant et très bête. Il faut dire que le film n’abuse pas sur la durée et reste bien rythmé avec une fraîcheur permanente que l’on doit à des comédiens (en premier lieu Robin Wright, Carl Elwes mais aussi Mandy Patinkin) qui prennent eux-aussi plaisir à jouer ces personnages auxquels ils apportent plus qu’une simple caricature, de véritables répliques cultes comme « Comme vous voudrez»  ou « Mon nom est Inigo Montoya, tu as tué mon père, prépare-toi à mourir»  qui font immanquablement sourire dans leur contexte.

En plus de ce second degré permanent qui nous empêchera de prendre au sérieux les films de fantasy ou de cape et d’épée qui suivront, Princess Bride développe par contre un petit message sérieux sur la jeunesse des années 80 qui a perdu de vue le charme des contes de fées pour la violence des jeux vidéos. Mais voilà qu’à la lecture de cette histoire le gamin à qui on raconte l’histoire tombe lui aussi sous le charme du récit et changera complètement d’avis. Une manière pour lui de grandir à travers la fantasy finalement.

Bien plus intelligent qu’on ne pourrait le croire, Princess Bride est donc une petite perle acidulée qui apporte enfin un peu d’humour et de fraîcheur à la fantasy en lui rendant autant hommage qu’en la tournant au second degré. C’est un véritable concentré de bonne humeur kitsch à qui Shrek doit sans doute beaucoup et il n’est donc pas étonnant qu’il soit, malgré son manque de notoriété dans certaines contrées, assez culte. Et le réalisateur ne s’arrêtera pas en si bon chemin puisqu’il continuera avec l’humour des comédies romantiques dans Quand Harry rencontre Sally.