[Critique] While We’re Young réalisé par Noah Baumbach

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« Josh et Cornelia Srebnick, la quarantaine, sont mariés et heureux en ménage. Ils n’ont pas réussi à avoir d’enfants mais s’en accommodent. Alors que Josh s’acharne sur le montage de son nouveau documentaire, il devient évident que l’inspiration n’est pas au rendez-vous. Il lui manque quelque chose… La rencontre de Jamie et Darby, un jeune couple aussi libre que spontané, apporte à Josh une bouffée d’oxygène et ouvre une porte vers le passé et la jeunesse qu’il aurait aimé avoir. Rapidement, Josh et Cornelia délaissent les amis de leur âge pour fréquenter ces jeunes cools, branchés et désinhibés… Josh avoue à Jamie qu’avant de le connaître, il n’éprouvait plus que nostalgie et désintérêt. Cette relation entre deux couples ayant vingt ans d’écart peut-elle apporter un autre souffle ? »

Réalisateur indépendant américain comme on en voit de moins en moins sur nos devantures de cinéma, Noah Baumbach n’est jamais à court de projets. De Kicking and Screaming à Greenberg, le cinéaste cherche à mettre en avant une culture par le passage de la jeunesse à l’âge adulte. D’un côté le passage à l’age adulte par la comédie avec Judd Apatow et de l’autre le passage à l’age adulte par la mélancolie avec Noah Baumbach. Ce dernier n’avait jamais eu de réelle envolée dans sa filmographie. Des films qui s’enchaînaient et qui se ressemblaient, ce qui pouvait créer une monotonie. Une monotonie qui commençait à s’installer au moment de l’arrivée de Frances Ha. Une bouffé d’air frais, pas seulement au cœur du curriculum vitae du réalisateur, mais également au cœur du cinéma indépendant américain. Drôle, pétillant, touchant et inspiré, Noah Baumbach c’était appuyé sur celle qui allait devenir son actrice fétiche Greta Gerwig pour transmettre des messages à sociaux et humains avec un naturel et une fraîcheur remarquable. Après telle perle cinématographique, le cinéaste était attendu au tournant et c’est donc avec While We’re Young qu’il revient aux fondamentaux de son cinéma.

Des personnages rêveurs et pétillants. Noah Baumbach trouve en Roger Greenberg et Frances des protagonistes qui ont des projets et qui tentent tout ce qu’il est leur pouvoir afin de voir leurs rêves se réaliser. Le temps n’est pas au désespoir, tout n’est qu’une question d’optimisme. Vis tes rêves pourrait être le message par lequel se terminent tous les films du cinéaste américain, While We’re Young en tête. Néanmoins, ce dernier ne se contente pas d’effectuer une redite des thèmes exploités dans ses précédents films. Centré autour d’un couple de quarantenaires, ces derniers ont envie de casser la routine et de ne pas suivre la routine censée correspondre à leur âge. Comment prouver qu’à l’âge de 40 ans, on est aussi frais et pétillant qu’à l’âge de 25 ans ? Tel est l’objectif lancé par ce couple de quarantenaires interprété par Ben Stiller et Naomi Watts. Au-delà de la simple remise en question des personnages, le film questionne le spectateur et le pousse à se demander si l’âge est représentatif de la façon dont on doit vivre. Au travers des moments que vont partager entre le couple de jeunes et le couple de quarantenaire, des bribes de réponses vont être exposées sans pour autant imposer une vision.

Noah Bumbach ne cherche pas à faire la morale ou à imposer son raisonnement sur la question. C’est en cette façon de faire que son cinéma est plus « frais » et atypique. Afin d’étoffer son histoire, le scénario développe parallèlement les uns aux autres, plusieurs arcs narratifs ayant comme rapprochements, les protagonistes de l’histoire. Documentariste, Josh (interprété par Ben Stiller) va être approché par Jamie (interprété par Adam Driver) qui se dit être un grand amateur de son travail. À partir de ce rapprochement, le film va lier un à un les deux arcs narratifs principaux de l’histoire que sont : la rencontre entre deux générations, ainsi que la création d’un documentaire. Alors que le premier arc s’avère être poussif et sans surprise, même si intéressant grâce aux dialogues inspirés jouant sur la sensibilité et la sincérité des personnages, le second est totalement à l’inverse du premier. À savoir, original dans son traitement, mais trop léger dans son exposition. La thématique n’est pas exploitée à son paroxysme puisque le but est d’exposer les problèmes liés au métier de documentariste et non d’en faire le plaidoyer.

C’est léger, mais c’est intéressant et c’est ce qui permet au film de gagner en consistance et en dynamique. Sans ça, While We’re Young ne serait qu’un film parmi tant d’autre, malgré la pâte Noah Baumbach qui ici possède un ton et une naïveté (terme pas nécessairement péjoratif) proche du cinéma Andersonien. Le film est beau dans son envie de ne pas juger et de mettre en avant épanouissement de l’individu. L’épanouissement d’une personne qui dépasse l’image qu’on pourrait avoir de lui et se trouve bien tel qu’il est. On a un ton, un lyrisme qui s’impose, mais une narration qui ne trouve pas son rythme. Un montage monotone, mais qui est dû à une mise en scène peu inventive, trop conventionnelle et qui manque de folie. Là où Frances Ha était audacieux et dont la mise en scène permettait à Greta Gerwig de dépasser les limites de son personnage, While We’re Young possède cette folie dans sa première demi-heure, puis retombe petit à petit jusqu’à un final prévisible et malheureusement insipide. Faute également due à une remise en question du couple principal qui n’apporte rien et a déjà été vu et revue au cinéma. Ne serait que chez Noah Baumbach.

While We’re Young reste avec ses défauts majeurs comme mineurs, une comédie mélodramatique indépendante de bonne facture. Néanmoins, on ne va pas se mentir, après être tombé amoureux de Greta Gerwig dans Frances Ha, on aurait pu espérer avoir bien plus qu’un « beau petit film ». Alors que la Ardoiseremise en question inspire au déjà-vu, le scénario se sert avec malice de la confrontation de deux générations pour créer des personnages uniques, ainsi que des situations improbables qui font naître le rire ou un sous-texte social. Des quarantenaires à la pointe de la technologie face à des jeunes qui vivent avec un rien, mais s’avèrent tout plus épanouis dans leur vie de couple. Un renversement de l’image que renvoie notre société actuelle et qui donne un certain charme au film. Les idées scénaristiques qui sont implémentées à l’arc narratif principal donnent au film son propre univers dans lequel le spectateur peut se plonger avec les personnages. Une fable prévisible et qui perd en puissance dans sa seconde partie, mais néanmoins belle, car riche et portée par un très bon choix de casting. Et ce malgré, un scénario qui ne donne pas suffisamment de corps aux personnages secondaires, Amanda Seyfried en tête.

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