[Rétrospective] Le début d’année 2015 au cinéma- Chapitre II: Février

Par Kevin Halgand @CineCinephile

ATTENTION, JEU CONCOURS POUR FÊTER MON RETOUR ET POUR VOUS PROUVER L’AMOUR QUE J’AI POUR VOUS: UN ROULEAU DE SCOTCH (IDENTIQUE A CELUI PRÉSENTÉ CI-DESSOUS) A ÉTÉ DISSIMULÉE A L’INTÉRIEUR D’UNE DES IMAGES QUI VONT SUIVRE. SI VOUS TROUVEZ DANS QUELLE IMAGE IL A ÉTÉ INCRUSTÉ, DONNEZ LA RÉPONSE DANS LES COMMENTAIRES OU EN TWEET SUR http://twitter.com/CineCinephile. UN TIRAGE AU SORT SERA EFFECTUE, LE GAGNANT REMPORTERA UN BLU-RAY ZONE FREE DE WHIPLASH ET UN DVD EDITION COLLECTOR ZONE 2 DE ENTER THE VOID. POUR CEUX QUI NE ME CROIENT PAS, UNE PHOTO DES DEUX FILMS SERA ENVOYÉE SUR LE TWITTER INDIQUÉ CI-DESSUS. LA RÉPONSE SERA DONNÉE LA SEMAINE PROCHAINE. BONNE CHANCE A TOUS!

Bonjour.

Voilà, ça c’était mon intro pour cette semaine. Puissant hein? Plus que ça: brillant. Evidemment, parce que dans un « bonjour » écrit, on ressent toute l’émotion et l’accueil que donnent directement l’auteur du billet; une sorte d’ouverture psychique, une acceptation menant à une suspension consentie de l’incrédulité qui permet au rédacteur d’ouvrir sa matrice comCE DÉBUT DE CHRONIQUE EST POMPEUX ET NUL NOM DE ZEUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUS.

Parce que oui, vous connaissez sûrement ce genre de bons à rien qui font des introductions en se demandant déjà pourquoi leurs écrits sont si nuls. Ben, c’était moi tout craché. A chaque fois que je démarrais un écrit, je n’avais plus aucune idée pour argumenter. Question d’inspiration… Ou d’incompétence, je sais pas encore. Alors, j’ai pris mon clavier en main. J’ai démarré la semaine dernière une rétrospective de ce début d’année avec un peu d’humour et de critique bien sentie, bien décidé à me racheter (d’ailleurs, si jamais vous ne l’avez toujours pas lu, elle est ici. Ou là. Là. LA BORDEL!). J’allais enfin devenir un rédacteur fidèle.

Au fait, moi c’est Tanguy. Non, pas Earl.

Après quelques retours très positifs pour le mois de janvier (en même temps, c’est rare de recevoir des commentaires négatifs pour des écrits, on vous ignore simplement si on ne vous aime pas vu qu’on vous dit que trop rarement les choses en face), me voilà de retour cette semaine pour le mois d’avril. Non je déconne, ce serait pas logique. On va parler de février, bien entendu. Et c’est un sacré programme de prévu, puisque pas moins de TREIZE films sont à l’affiche pour cette chronique. Allez, trêve de bavardages, on a du flash-back sur la planche (oui bon normalement c’est pas cette expression, mais là moi j’aimais bien alors du coup j’ai fait ça enfin passons).

Papa ou maman, de Martin Bourboulon: Première vraie comédie française de l’année, il y a de quoi défendre aisément Papa ou maman malgré les défauts. Parce que oui, la mécanique qu’effectue le scénario du film est loin d’être novatrice, elle abuse de tous les poncifs du genre sans s’inquiéter et le film semble partir en roue libre et n’être qu’une empilation de vannes sans véritable progression de l’intrigue. Mais le film a une qualité dite plus haut: il est drôle. Il est même très, très drôle. Le premier quart-d’heure poussif laisse place à un déferlement de blagues toutes aussi désopilantes les unes les autres; et Martin Bourboulon semble maîtriser une caméra et quelques notions de mise en scène comiques. De plus, Marina Foïs et Laurent Lafitte semblent s’en donner à coeur joie, et leur bonne humeur est très communicative. Et vu la pauvreté de notre niveau de comédie aujourd’hui dans notre pays, j’ai envie de dire: MERCI.

Jupiter: Le Destin de l’Univers, de Lana et Andy Wachowski: Véritable film qui déchaîne les passions depuis sa sortie, Jupiter Ascending (oui, son titre original est meilleur) a su avoir ses fidèles sympathisants – voire trop fidèles – et ses plus violents détracteurs. Eh bien je dois avouer que… je me situe entre-deux. Et le problème de Jupiter Ascending est assez absurde, puisqu’il y a beaucoup trop d’idées à l’intérieur. Trop d’idées de mise en scène, trop d’idées de scénario, scènes d’action surdécoupées… tout s’enchaîne beaucoup trop vite, et en guise de réaction en chaîne le film s’engouffre dans un énorme chaos provoqué au bout de seulement quarante minutes de film. C’est dommage, car il y avait de quoi faire, d’autant plus que Mila Kunis en nouvelle reine de l’Univers; et Channing Tatum en jeune chasseur de primes à l’ordre de la dynastie Abrasax sont plutôt bons, et les décors somptueux. Eh oui, on peut comprendre le cinéma et ne pas aimer le dernier film des Wachowski…

Cinquante nuances de Grey, de Sam Taylor-Johnson.

Birdman, de AlejaOh et puis non, il faudrait que j’écrive quelques mots sur « le film sulfureux avec vingt minutes de sexe sur deux heures parce qu’on veut une romance grand public ». S’il te plait Big Boss, on peut revenir vite fait en arrière?

-Cinquante Nuances de Grey, de Sam Taylor-Johnson: Fifty Shades est finalement un film romantique… comme tous les autres films romantiques, avec encore plus de défauts comparé à certains. Alors soit, les thématiques sont différentes quelques fois (quand bien même il y a des thématiques) et les symboles d’une subtilité belle à en pleurer (Anastasia Steele qui suce en gros plan un crayon de l’entreprise de Christian Grey, je sais, ça vous fait rêver tant de poésie les filles, hein), mais c’est malheureusement un film qui ne s’assume pas! La réalisation n’ose pas pousser le concept de la romance SM à son paroxysme, comme parfois le livre faisait, non sans risque. Il filme tout platement ou n’ose pas braver les interdits. Même les hors-champs sont d’une fadesse improbable. Ici, ce n’est qu’une simple romance bateau, d’une vacuité hallucinante, aux dialogues du livre littéralement transposés; avec une direction artistique et un montage dignes d’une pub pour parfums à budget colossal; et une alchimie entre Dakota Johnson et Jamie Dornan qui atteint le point zéro. Mais, et je dis bien MAIS, il y a deux qualités au film. Première: c’est très mauvais, mais on ne s’ennuie jamais devant Cinquante Nuances de Grey. Deuxième: j’ai pu, grâce au film, avoir l’idée géniale de créer des crayons à papier avec mon nom gravé dessus et après d’en distribuer à des filles. Bientôt je pense me mettre au plug. Ah, pouésie, quand tu nous tiens…

Birdman, de Alejandro Gonzalez Inarritu: Certains crieront au chef-d’oeuvre, je dirai simplement que le film est bien. Par moments même, il est très bien. Mais commençons par le commencement: l’histoire en elle-même, sur un has-been en quête de rédemption sur les planches, est passionnante sur la durée, la direction artistique est dirigée une main de maître par un Inarritu qui arrive brillamment à brasser de multiples genres afin de créer de nombreux liens entre les différents personnages, et Dieu sait qu’il y en a; et techniquement, Emmanuel Lubezski et les monteurs Douglas Crise et Stephen Mirrione ont mis la barre très haute grâce à un plan-séquence en composite (je vous explique: un composite une technique de montage comprenant plusieurs plans-séquences collés côté à côte et donner l’illusion d’un véritable plan-séquence, provoquant une certaine distorsion temporelle à défaut de changer d’endroit) remarquablement orchestré. Mais par-delà la technique, il y a plusieurs choses qui tiquent. Même si son scénario peut faire positivement grincer des dents de par un humour noir intéressant. Mais pour évoquer certains thèmes, les scénaristes usent d’une lourdeur assez dérangeante. Lorsqu’il évoque la jeune génération d’acteurs obligés de jouer dans un film de super-héros pour exister; ou l’évocation de la presse ridicule qui ne cherche qu’à casser les prestations, on pourrait croire que Inarritu et ses écrivains font la morale face caméra, avec un côté prétentieux assez aberrant. Le blockbuster parait parfois selon eux assez atroce, mais en connaissent-ils réellement son intérêt propre et son véritable processus de production? Là est la question. Mitigé, donc.

Les Nouveaux Héros, de Dom Hall et Chris Williams: Là encore, on est face à un film adoré par de nombreuses personnes, mais qui comportent quelques problèmes. Outre les divergences entre les comics Marvel et ce long-métrage, très « Disneyien », qu’est Les Nouveaux Héros, le film a tout d’abord une animation magnifique, et la relation entre le jeune Hiro, dont le frère aîné meurt brutalement en début de film, et son fidèle serviteur Baymax, est assez bien exploitée afin d’évoquer d’une manière poétique mais également frontale, le thème brutal du deuil. Mais, et je dis bien mais, la politique de Disney semble parfois prendre le dessus: les gags de Baymax s’enchaînent parfois très difficilement, le personnage semblant parfois devenir un fourre-tout comique aléatoire dans l’optique de vendre des figurines à son effigie. De plus, tous les personnages secondaires ne sont que des side-kicks comiques avilissants de bêtise ou d’une lourdeur inimaginable lorsque le film entre dans une dimension tragique, ce qui ne facilite pas forcément l’affection que l’on pourrait avoir pour eux. Et non, ce ne sont pas des costumes de super-héros que vous avez messieurs-dames, non. Non, ce sont des COSTUMES… DE SKYLANDERS! La réalisation aussi semble parfois vide ou totalement impersonnelle, comme si elle était déjà prisonnière de l’univers cinématographique Marvel. Les Nouveaux Héros, donc, n’est pas si réussi que ce que tout le monde disait… Mais comme diront certains – et c’est une réflexion que je hais plus que tout -, c’est fait pour les plus jeunes, et pas pour nous, alors on ne peut pas critiquer…

Réalité, de Quentin Dupieux: Allez, on quitte un peu les films contestables pour parler, cette fois-ci, d’un film qui a su remettre les pendules à l’heure au cinéma. Quentin Dupieux, dont j’ai rédigé un dossier en février (il est ici. Ou là. Et là aussi.), nous a offert son meilleur film cette année avec Réalité, où son délire absurde prend une dimension inimaginable. Réalité ne nous tient jamais la main, il nous perd dans les méandres de l’absurde tout en délivrant un message cinglant à l’industrie du cinéma, avec nettement plus de finesse que dans Rubber, et c’est appréciable. De plus, en plus d’être hilarant, Réalité est angoissant et anxiogène. Sa musique lancinante, qui monte crescendo; sa réalisation labyrinthique dont on perd chaque indice à chaque scène; et les prestations des acteurs font monter une sorte de tension et quelques frissons. Une véritable spirale absurde, qui n’a sans queue ni tête, sans début ni fin, mais un véritable plaisir à entrer à l’intérieur, et se laisser prendre au jeu. Kubrick mes couilles.

Bis, de Dominique Farrugia: J’ai pas grand-chose à dire dessus en fait, si ce n’est quelques reproches. Pardon, de nombreux reproches en fait. Le film n’est pas très drôle (mais parait que c’est pas ma génération… dans ce cas-là, on a qu’à faire des salles de cinéma intergénérationnelles, avec des sièges Stannah pour salles troisième âge et des ateliers coloriage dans les salles des 7-11 ans), le casting est très mauvais (parce que oui, Kad et Franck Dubosc sont d’excellents humoristes, mais ce sont toujours des acteurs ridicules) à l’exception d’un surprenant et plutôt touchant Gérard Darmon; et la réalisation, signée Dominique Farrugia, est bourrée d’effets hallucinants de nullité ou de mauvais goût. Oui, c’est très mauvais, mais ça a plu puisque le film a reçu un petit succès critique et public en France. Hélas…

Kingsman, services secrets, de Matthew Vaughn: il est très difficile pour moi de vous donner un avis concret sur Kingsman, parce que je suis toujours le cul entre deux chaises à propos de ce film. Si le film offre de grandes bouffées d’air frais lors du découpage de ses scènes d’action, toutes hallucinantes; il semble toujours osciller entre la parodie pure et simple; ou la sinueuse comédie d’espionnage. De plus, le film n’est jamais très drôle, jamais très touchant; et semble ne pas toujours assumer sa violence (absence complète de sang dans les séquences d’action, et rire de la violence ou de la mutilation, c’est pas vraiment mon trip). Mais je préfère que vous vous fassiez votre propre avis sur ce film, car je suis toujours dans le flou à son propos.

American Sniper, de Clint Eastwood: Le flou critique, chapitre 2. Que penser véritablement de American Sniper? Eh bien, même si Bradley Cooper est excellent, la mise en scène brillante et de nombreuses scènes qui font leur effet, le film dégage une violente ambiguïté, où on ne sait jamais où Eastwood veut vraiment en venir: prône-t-il la guerre ou la détruit-il par delà une critique cinglante de l’Amérique? Les débats sont ouverts depuis fin février, et il risque de s’éterniser. D’autant plus que Chris Kyle, le personnage principal du film, était considéré comme un fervent serviteur de sa patrie, et prônait ouvertement les raids américains à l’étranger dans son autobiographie. Un véritable casse-tête.

It Follows, de David Robert Mitchell: Film d’horreur renouant avec les prémices du genre, It Follows arrive à faire froid dans le dos sans user de grossiers jumpscares. Ici, on retourne à la peur primale, une peur de l’inconnu qui débarque dans la vie, avec de nombreux thèmes sur l’adolescence qui lui apportent une certaine tendresse et une empathie envers les personnages. De plus, à l’exception d’une légère redondance par rapport à un mouvement de caméra qui perd de son intensité la deuxième fois, et d’une scène finale dans la piscine municipale, qui elle est presque nanardesque; la réalisation de David Robert Mitchell est très inspirée et pourtant n’use que de simples effets de montage pour effrayer (des champs/contre-champs, des panoramiques ou de simples effets de lumière. Une agréable réussite, donc.

Projet Almanac, de Dean Israelite: Produit par Michael Bay et distribué par MTV Films, le film à la production la plus « remarquée » de l’année en France, Projet Almanac est un joli petit ratage malgré une idée de base intéressante. Son scénario est complètement opportuniste (un mix peu subtil entre Chronicle et L’Effet Papillon), ses personnages ne sont que cliché, honteusement promotionnel par moments, ne semblant démarrer qu’au bout de 40 minutes (sur 1h45… ça en fait du temps perdu hein?) et donnant l’impression de ne pas comprendre le principe du found-footage, notamment lorsqu’il inclut… de la musique extra-diégétique. Mais Projet Almanac peut sembler être un petit plaisir coupable parfois, notamment grâce à quelques scènes bien rythmées et une bonne humeur générale. De plus, bien qu’ils soient de vulgaires archétypes, Dean Israelite semble aimer ses personnages, et c’est légèrement réciproque puisqu’ils ne paraissent jamais véritablement insupportables. Alors, oui, c’est pas très bien, mais ça divertit. Un peu.

Frank, de Lenny Abrahamson: Du sous-Gondry, tout plat et tout mou, sans âme ni conviction, dont le dénouement final ne délivre aucune véritable émotion ni empathie envers des personnages qui sont absolument tous détestables. Il n’y a aucun véritable envoûtement ni fascination pour les bizarreries du monde d’Abrahamson. Il n’y a rien, vraiment rien d’intéressant, et c’est très décevant.

Bob L’éponge, Un héros sort de l’eau, de Paul Tibbitt: Un film d’animation qui se fait déglinguer par la blogosphère ciné, ce n’est pas arrivé depuis longtemps, mais Bob L’éponge a eu le mérite d’y avoir droit. A TORT. Eh bien oui, je défends ce film d’animation qui réussit à être fidèle au dessin animé tant ans la situation que dans l’humour global, qui est complètement déjanté. Même si ça peut s’avérer lourdingue, les situations et les blagues fusent tellement qu’il y en a forcément une qui fait sourire par minute. Un véritable plaisir, débile, fun, à l’animation très moyenne au final mais qu’importe! La joie de retrouver Bikini Bottom est restée intacte.


Ainsi s’achève notre vaste périple de février, qui se solde par une nette amélioration par rapport à janvier, et un peu plus de plaisir pris au cinéma. Sans plus attendre, voici le classement des films du mois:

-Indispensable: Réalité;

-Divertissant: It Follows; Birdman; Papa ou mamanBob L’éponge, un héros sort de l’eau;

-Plaisir coupable à la con, moins honteux que Cops mais quand même: Projet Almanac;

-#######CEREBRAL CRITIC SYNTAX ERROR 404#######: Kingsman services secrets; American Sniper;

-Décevant: Jupiter Le Destin de l’Univers; Les Nouveaux Héros;

-Nul: Frank; Bis;

-Chocké et dessu yavé pas de q lol: Cinquante Nuances de Grey.

On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle chronique pour parler du mois de mars, qui lui aussi a su nous offrir quelques jolies perles comme de mauvais films. Et puis, comme dirait @popolbird: « ah gros ». Ce qui ne veut rien dire vu le contexte. Allez, portez-vous bien, et on se retrouve lundi prochain pour une nouvelle rétrospective et le résultat du jeu-concours! Paix, prospérité, Gaspar Noé.

Chivers.

P.S: La vanne sur le mois d’avril de début de chronique étant un sommet d’hilarité, j’ai décidé de monter mon propre one-man show, baptisé le Tanguel Comedy Club. Je serai le 14 à Hyères-les-Palmiers, le 16 à Nice, le 24 à Cabriès, et enfin le 30 à Bagneux en guise de prolongation exceptionnelle. Guy Bennet fera la première partie du show. Une place achetée, vingt places offertes, soyez au rendez-vous, je vous attends!