Critique – Diversion

Par Avisdupublic.net @avisdupublicnet

Arnaques et glamour, duo en émulsion dans Diversion, avec Will Smith et Margot Robbie. Entre thriller et romance, ce film audacieux passe à notre critique.

Tel est pris qui croyait prendre. Préparez-vous à perdre vos repères, Diversion se joue des codes du thriller d'escroquerie classique, et le résultat en vaut le coup d'œil, ne serait-ce que pour profiter de sa tête d'affiche alléchante. Quel avis pour Diversion, un jeu du chat et de la souris à coup de millions de dollars.

Focus sur les personnages

Dans Diversion, tout ou presque tourne autour du chiffre deux : une paire de réalisateurs et une tête d'affiche avec un duo d'acteurs, le ton est rapidement donné. Diversion présente la particularité de présenter non pas un mais deux personnages principaux, Nicky, interprété par Will Smith et Jess, jouée par Margot Robbie.

Expert de l'arnaque organisée, Nicky prend Jess sous son aile dans son organisation d'escroquerie avant de commencer à nouer avec elle une belle histoire. Une romance à laquelle Nicky coupe court en disparaissant de la vie de Jess, malgré la réussite d'une arnaque mémorable. Trois ans plus tard, Nicky retrouve Jess à Buenos Aires, dans les bras de Garriga (Rodrigo Santoro, alias Xerxès dans 300), un homme d'affaire dans l'industrie de la course automobile qui vient de l'engager pour une arnaque des plus secrètes. Entre dialogues enflammés et amour vache, ces retrouvailles peuvent mettre en péril ce que chacun tente de reconstruire.

A première vue, Diversion propose un énième récit de divertissement mettant en scène un couple qui se déchire, ici dans un contexte de film d'escroquerie. Pourtant, ce sont bien ces codes si connus des spectateurs que le film s'amuse à détourner, à commencer par la relation entre les deux personnages principaux. De façon presque trop belle pour être vraie, leur rencontre et leur liaison développées en début de film cache quelque chose - il y a baleine sous gravillons, comme on pourrait dire. Pas niaise pour le moins du monde, leur relation ne colle tout simplement au milieu dans lequel les personnages se rencontrent et évoluent. Comment construire une vie à deux quand on court de villes en villes sous différentes identités, le tout en multipliant les tromperies et en amassant des millions de dollars ? Un vie idyllique pour Jess mais trop compliqué pour Nicky qui choisit la fuite, suivant ainsi " le bon code du voleur " qui lui a été enseigné. La seconde partie du film introduit un autre classique du genre de la romance : le triangle amoureux. Entre l'homme d'affaires passionnel et l'ancien amant ressurgi du passé, vers qui le cœur de la belle Jess va-t-il se tourner ? Disons plutôt avant tout vers elle-même : Jess rit d'ailleurs au nez de Nicky lui récitant des phrases de lovers tout droit sorties d'histoires à l'eau de rose. Enfin, pour ce qui est de la partie " style de films d'escroqueries ", les codes sont repris à l'envers. D'ordinaire, on connaît la finalité de la grande arnaque, et on assiste à la construction et au déroulement scrupuleux du plan d'action. Dans Diversion, si la récompense que Garriga promet à Nicky sent bon les billets verts, son travail de voleur passe presque au second plan face à Jess : une autre manière de recentrer le scénario autour du couple de protagonistes et de moderniser le style du film d'escrocs.

Diversions sur diversions

Qui dit escroc dit escroqueries, et les maitres-chanteurs de Diversion ne sont pas uniquement les personnages. Les réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa ont également écrit le scénario du film et choisissent ainsi de mettre en image l'un des thèmes principaux et non pas des moindres : la diversion. Le premier acte du film installe le contexte avec la rencontre entre Nicky et Jess et l'initiation qu'elle reçoit pour être une bonne pickpocket. On apprend ainsi que pour voler quelqu'un, il faut détourner son attention en portant son regard ailleurs que vers l'objet désiré. C'est exactement le principe mis en place par Ficarra et Requa dans leur mise en scène.

L'effet recherché par la réalisation est de tromper le spectateur en lui montrant à l'écran des images qui ne sont pas à interpréter telles quelles. Le scénario se construit ainsi par divers tours de passe-passe en faisant plusieurs diversions pour orienter le spectateur vers une idée qui se révèlera fausse à la fin du film, lors de l'acte des révélations. Une mise en scène tout d'abord ambitieuse mais surtout très réussie tant l'effet de surprise reste intact au final. Le plus intéressant est de noter que Diversion se nomme Focus en version original, ce qui confirme cette volonté de guider le spectateur vers une fausse intuition en se focalisant vers un détail par exemple anodin en apparence mais au final très important. Si le titre français retranscrit exactement la même idée qu'en version originale, le mot " focus " apporte également la notion du regard et de la caméra - on parle par exemple de distance focale pour un zoom en photographie. Ici, la focale est la caméra elle-même, et la diversion l'image vue à l'écran. Une réalisation très travaillée qui apporte autant d'originalité que de profondeur au film.

Le revers de la médaille

Puisque personne n'est parfait, Diversion présente également quelques impairs, à commencer par son rythme. Sans véritablement traîner en longueurs - le film dure moins de deux heures- c'est plutôt la construction du film qui cause ces pertes de régime après la première moitié du film. Le souci de Diversion est qu'il n'est pas coupé en trois actes, ni vraiment en quatre. Le premier acte déjà évoqué présente la rencontre entre Nicky et Jess, le second expose leurs premières collaborations (dont une super scène où Nicky et Jess font face à un milliardaire asiatiaque accroc aux paris) et le troisième leurs retrouvailles à Buenos Aires. L'ennui vient de ce qui semble être le quatrième acte.

Une fois sa mission pour Garriga réussie, Nicky souhaite quitter l'Argentine en compagnie de Jess. Une nouvelle scène s'en suit alors que le duo se retrouve piégé et forcé de dévoiler leur arnaque. Cette dernière scène est le passage clef des révélations qui lèvent le voile sur les zones d'ombre du film. Son problème est qu'elle est assez courte et qu'elle survient en fin de film, après un moment où l'intrigue semble se conclure. Cet esprit quatrième acte est assez mal géré, d'autant que les révélations en question perdent en crédibilité et semblent sorties de nulle part. C'est dommage parce qu'en soi, elles ne sont pas mauvaises, elles sont simplement mal amenées. Une ombre au tableau qui néanmoins ne ternit pas la qualité du casting. Will Smith reste convainquant sans être vraiment surprenant (il a tout de même l'air plus impliqué que pour After Earth). Quant à Margot Robbie, révélée par Le Loup de Wall Street, elle confirme son statut de nouvelle icône, d'autant que Jess, criminelle et malicieuse, évoquerait presque son futur rôle d' Harley Quinn pour Suicide Squad, où elle partagera à nouveau l'affiche avec Will Smith. Ça y est, on a hâte !

Pour d'autres critiques sur Diversion, voici les avis développés par la Critiquerie et Ciné Chronicle.

  • Le duo Smith / Robbie
  • Une réalisation très originale qui crée une diversion pour le spectateur
  • La photographie
  • Un rythme irrégulier
  • Des rebondissements parfois tirés par les cheveux

Note des lecteurs: (1 Vote)

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  • Titre : Diversion
  • Année de sortie : 2015
  • Style : Thriller / Romance
  • Réalisateur : Glenn Ficarra et John Requa
  • Synopsis : La relation entre un arnaqueur professionnel et une apprentie criminelle vient perturber les affaires de chacun, quand ils se recroisent quelques années après leur première rencontre.
  • Acteurs principaux : Will Smith, Margot Robbie, Rodrigo Santoro
  • Durée : 1h45