[Critique Série] True Detective – S02 E01 : « The Western Book of the Dead »

True-Detective-Season-2-Review-Banner

« The Western Book of the Dead »

True Detective est de retour. La série qui aura tant fait parler d’elle depuis sa première saison, il y a maintenant presque un an et demi est de retour à l’antenne. Nouvelle intrigue, nouveau lieu, nouveaux personnages et castings, nouveaux réalisateurs, et toujours même showrunner, le mégalo Nic Pizzolatto. Prétentieuse, lente et chiante, habitée par une philo de comptoir à deux balles ou grande œuvre télévisuelle qui constituait une petite révolution, on a tout entendu sur la première saison, et j’avais moi aussi écrit quelques petits mots pour expliquer mon opinion sur celle-ci. Mais alors que les débats sont toujours aussi brûlants sur cette première saison, que vaut son retour?

Louisiane, flics, famille et société. Voilà, très grossièrement les thèmes de la première saison qui semblent se répéter ici. Mais là où la première saison pouvait paraître « lourde » avec son duo qui devait remplir son intrigue, on est ici face à un quatuor de personnages qui vont se partager ces thèmes à travers leurs storylines. Et s’il y a quelques choses de sûres, c’est que ce premier épisode est à propos des personnages (et avec un casting aussi exceptionnel il serait dommage de s’en priver), au point de quasiment devenir abstrait au niveau de l’intrigue globale de la saison, qui va certainement traiter de politique, de corruption, de mafia et de morale. Sinon, c’est globalement assez flou (seules les dernières minutes et un cliffhanger excellemment bien soigné nous informent sur la suite des évènements).

Si la première saison jouait avec les time-lines avec un doigté proche du génie, il ne serait pas étonnant de voir cette gestion du temps se plier pour nous prouver que l’évolution des personnages est quelque chose que Pizolatto maîtrise. Cet épisode se concentre, comme dit plus haut, quasiment exclusivement sur les personnages et pose des bases très attrayantes quant au futur de cette saison. Les histoires familiales de Rachel McAdams (qui semble avoir elle-même quelques soucis à régler), le passé trouble de Taylor Kitsch (encore plus trouble que celui de ses petits camarades, ça veut tout dire), les agissements de Vince Vaughn et sa vie de couple, ou encore les questionnements quant aux évènements qui ont frappé la famille de Colin Farrell, tout ça est au cœur d’un épisode, qui ne se raccroche que périodiquement seulement à son intrigue, quitte à faire du remplissage (les scènes avec Colin Farrell étant maîtrisée en terme d’écriture, mais qui semblent un peu vaines).

Techniquement, c’est également du haut niveau. Si la saison 1 brillait par sa photo, mais pouvait pécher dans son côté trop verbeux, ici on délaisse justement cette verbosité pour quelque chose de beaucoup plus atmosphérique, ambiancé, proche du cinéma de Michael Mann, d’un Drive ou Cogan. On tente d’iconiser Los Angeles comme le furent la Louisiane et les bayous. Les gestes, les mouvements, les gros plans (renversants), les instants de mise en scène, les raccords, comptent plus que les paroles, et les actes deviennent fascinants pour ce qu’ils représentent et ce qu’ils cachent, mystères qui nous seront dévoilés au fur et à mesure de l’avancement de cette saison.

Le retour de True Detective n’est donc pas décevant. Délaissant légèrement l’intrigue au profit de développement de personnages (aux traits malheureusement parfois un peu grossiers) il se rattrape avec justement ces développements extrêmement prometteurs, mais aussi une esthétique et une réalisation au niveau des meilleures productions cinématographiques (mais vous ne me ferez pas dire qu’une série est un long film et je ne rentrerai pas dans l’éternel débat sur quel médium est meilleur) qui rendent l’œuvre beaucoup plus agréable à appréhender. En espérant que le reste de la saison corrige le tir sur ces petits défauts et continue dans cette excellente lancée.

Parce qu’on partage tout ou presque à la rédaction, l’avis de @tanguybosselli en quelques mots : « Ça défonce sa race à la machette ». Une bonne conclusion je trouve.

True-Detective-Saison-2-Critique-Image-3True-Detective-Season-2-ImageTrue-Detective-Season-2-Image-1 True-Detective-Saison-2-Critique-Image-4True-Detective-Saison-2-Critique-Image-1