Jeudi 25 juin, Certains l’aiment chaud de Billy Wilder, en ouverture de L’Été en Cinémascope

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Comme chaque année, l’Institut Lumière propose pendant la période estivale, « L’Été en Cinémascope ». A la tombée de la nuit, la place Ambroise Courtois (Lyon 8ème) se transforme en vaste salle de cinéma en plein-air.

Pour ouvrir la saison, l’Institut Lumière a choisi un chef d’oeuvre de la comédie américaine « Certains l’aiment chaud » de Billy Wilder avec Jack Lemmon , Marilyn Monroe et Tony Curtis.

Séance gratuite,  jeudi 25 juin à 22h00.
Le programme complet de « L’Été en Cinémascope » sur le site de l’Institut Lumière

Certains L’Aiment Chaud
Comédie de Billy Wilder
Avec Jack Lemmon , Marilyn Monroe et Tony Curtis
USA, 1959, 2H01

Synopsis

Chicago, 1929. Joe (Tony Curtis) et Jerry (jack Lemon) deux musiciens au chômage, obtiennent un contrat pour le bal de la Saint-Valentin. Ils sont malheureusement témoins d’un règlement de comptes entre deux bandes rivales.

Le chef de l’une d’elles, Spats Colombo, les a repérés et veut les éliminer. Pour lui échapper, les deux compères se déguisent en femmes et se font engager dans un orchestre exclusivement féminin en partance pour la Floride sous les traits de Joséphine et Daphné.

Leur couverture est parfaite jusqu’à ce que  Joséphine  tombe amoureuse d’une chanteuse  Sugar (Marilyn Monroe), qu’un vieux millardaire s’éprenne de « Daphné ».

Un sommet de la comédie par Billy Wilder, qui s’amuse à brouiller les identités sexuelles. Anticonformiste et drôlissime !

Billy Wilder, maître du travestissement 

A la fin des années 50, l’Amérique n’est plus ce qu’elle prétend être : le moral est au plus bas, le chômage continue d’augmenter et la Guerre froide fait trembler le monde. La télévision remplace le grand écran et un certain cinéma est en train de disparaître, celui des grands cinéastes de la légende hollywoodienne qui sont en train de faire leurs derniers films. C’est dans ce climat que Billy Wilder réalise une comédie trépidante où le rire masque l’amertume.

L’un de ses thèmes favoris est le jeu des apparences, le vrai et le faux, qui lui permet de composer avec différents niveaux de lecture ou d’intrigue et d’exploiter dès l’écriture la connivence du spectateur. Billy Wilder se plait à brouiller les identités dans de nombreux films : un soldat britannique ne pouvant s’échapper des nazis se fait passer pour un maître d’hôtel (Les Cinq secrets du désert, 1943) ; un arnaqueur à l’assurance feint une blessure pour toucher le pactole (La Grande combine, 1966) ; une femme se déguise en jeune fille pour ne pas payer un billet de train au plein tarif  (Uniformes et jupons courts , 1942) ; un policier se fait passer pour un client afin d’avoir l’exclusivité du marché de la prostituée dont il est amoureux (Irma la douce, 1963); l’obsession d’immortalité aboutit à une usurpation d’identité pour perpétuer la légende (Fédora, 1978).

Les personnages de Certains l’aiment chaud suivent le même principe : ils jouent un rôle, veulent donner une image faussée de la réalité. Les jolies filles sont des croqueuses de diamant, les femmes parfois des hommes. Derrière le rire, il s’agit pour Wilder de montrer l’hypocrisie qui domine les relations entre les individus par le mensonge ou sous l’influence de la sexualité.

La légèreté fantasque du déguisement qui sert de base au scénario permet à Billy Wilder d’évoquer librement certains interdits sexuels de l’époque comme l’homosexualité ou le travestissement.  Il utilise le travestissement sexuel comme un révélateur de la vraie personnalité de chacun des deux protagonistes : ils nous apparaissent au final fort différents l’un de l’autre.

Nobody’s perfect

La dernière réplique du film contribue pour une bonne part à sa célébrité. Le millardaire Osgood Fielding, tombé amoureux de Daphné (Jerry travesti), l’emmène sur son yacht. Jerry lui assène alors tous les arguments imaginables pour le décourager, sans succès. En dernier recours, il lui dévoile la vérité : « Mais je suis un homme ! », ce à quoi il répond : « Personne n’est parfait ! » (« Nobody’s perfect » en version originale)…  L’œil malicieux et l’esprit ouvert, Osgood ne désapprouve pas – bien au contraire : il semble ne pas avoir été dupe – la nature de son compagnon.