[critique] MAD MEN par Musashi

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Synopsis:Dans le New York des années 60, Don Draper est l'un des grands noms de la pub. Maître manipulateur, il compte dans son entourage des ennemis qui attendent sa chute.

Mad Men  ( Matthew Weiner ) est une série comme il en existe peu. Passons le rendu quasi parfait de la série, reconstituant à merveille les années 60. En pas moins de 8 ans (la dernière saison étant coupée en deux…Money Money), la série aura su captiver, toucher et nous enfumer la tronche pour notre plus grand plaisir. Et pourtant, cela ne paraissait pas si simple : une série dans le monde publicitaire des 60’s où tout l’intérêt réside dans le sous-texte…Pas évident à vendre.

Tout d’abord, la force de Mad Men vient de ses personnages : à caractère fort, ils incarnent tous une facette de la société dans laquelle ils vivent. Des archétypes ? C’est ce qu’on souhaite nous faire croire. Parce que dans Mad Men, aucun personnage ne reste à sa place et chaque visage d’hier incarne l’évolution de demain. Ainsi, Don Draper (Jon Hamm), bellâtre s’il en est, représente le pilier de la famille où tout est signe de perfection avec lui. Sa femme, Betty (January Jones), est l’épouse parfaite, jolie et taciturne. A eux deux, ils incarnent le profil de la famille parfaite, celle qui nous est vendue dans les publicités (tiens, mais ce n’est pas le boulot de Don ça ?). Il en va de même pour les autres personnages de Betty en passant par Sterling (John Slattery). Mais très vite, les masques tombent et les personnages se révoltent contre leurs rôles trop ajustés pour eux. Le mari parfait trompe outrageusement sa femme en faisant preuve de sa virilité taiseuse jusqu’à atteindre le point où tout cela ne lui suffit plus, où il ne parvient plus à cacher qui il est réellement, à savoir Dick. Et le rapport de dualité, même s’il est montré surtout chez Don s’applique à tous : ce qu’on vous vend dans les publicités n’est pas ce que nous sommes.

"Le tabac ? L’alcool ? Profitons !"

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La série gagne également par son rapport à notre génération en posant ici et là, les attitudes de nos parents qu’on peut aujourd’hui juger comme outrageuses mais qui semblaient de vigueur à l’époque. Le tabac ? L’alcool ? Profitons ! L’environnement ? Je ne connais pas ! L’insécurité non plus ! Dans ce voyage temporel, Mad Men nous plonge dans cette insouciance de vie caractéristique des années 60 bien avant le Watergate, le 11/09… Mais un peu comme Don qui ne peut plus cacher Dick au fond de lui, le confort et la bienveillance de ces années-là font peu à peu place à un nouveau climat, beaucoup moins appréciable. Vietnam, assassinat de Kennedy, de Martin Luther King… Le confort laisse place à la peur du lendemain. La société dans laquelle évoluent les personnages incarne également cette facette en rendant toujours moins sûre l’existence de celle-ci au fil des années.Mais Mad Men, outre le fait de dévoiler des personnages à leur véritable moi ou à nous montrer le chavirement chaotique qu’ont pris les années 60, est aussi une série porteuse d’espoir. Cet espoir se cristallise en un personnage : celui de Sally ( Kiernan Shipka), la fille de Don et Betty. Résultat d’une société illusoire, elle prend conscience  de son environnement, de ses qualités comme de ses défauts et devient une vraie femme, mélangeant les traits de son père et de sa mère. Une idée où on ne construit qu’en apprenant de ses erreurs pour en devenir meilleur. Des erreurs et des compromis que chacun apprend à ses dépens laissant toujours une partie de lui même. Peggy (Elisabeth Moss) ne peut trouver amour et travail à la fois, Joan (Christina Hendricks) n'est qu’un fantasme insignifiant, Don, quant à lui, ne peut trouver la paix .... Mais qui parviendra à trouver une conclusion méritée pour certains, répondant enfin à leurs attentes?

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En fin de compte, Mad Men aura été une grande série. Le genre de série où on en ressort grandi. Elle aura  beaucoup disséqué le rapport des protagonistes face à cette société . Des rapports qui n'ont pas évolué aujourd'hui. En montrant le monde d’hier, Matthew Weiner nous parle de demain. Et si nous portions le même regard sur nous-mêmes ?

Bande-Annonce 1 Mad Men

MUSASHI.