[CRITIQUE] : Pyramide

En plein désert égyptien, un groupe d’archéologues découvre une pyramide enfouie depuis des centaines d’années. Mais pas n’importe quelle pyramide, puisque cette dernière est exceptionnellement constituée de trois faces. Accompagné de deux journalistes, trois archéologues vont alors y pénétrer pour découvrir son mystère… Tel est le pitch de Pyramide, premier long-métrage en tant que réalisateur de Grégory Levasseur, à qui l’on doit notamment les scénarios de Haute Tension, La Colline à des yeux ou encore Piranha 3D de son pote Alexandre Aja, qui endosse ici la casquette de producteur. Que vaut donc cette première incursion du jeune scénariste/producteur derrière la caméra ?

187668-768x1024On attendait forcément Pyramide, tant les précédentes collaborations entre Grégory Levasseur et Alexandre Aja ont toujours donné lieu à des projets intègres et passionnés, voire brillants dans certains cas. Hélas, échanger leurs rôles respectifs n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. Par paresse ou manque d’inspiration, Levasseur a malheureusement recours à l’un des grands cancers du cinéma d’horreur actuel : le found-footage. La plus grosse erreur du cinéaste français est probablement d’avoir pris ce procédé de mise en scène comme un effet de style imparable et instantanément immersif, permettant de s’affranchir sans trop forcer de toutes contraintes visuelles ou narratives. L’utilisation du found-footage est ici totalement injustifiée, alternant caméra embarquée et véritable mise en scène sans aucune cohérence ni point de vue original, démontrant la méconnaissance grotesque du langage cinématographique de son réalisateur. Pendant près d’une heure et demie, Levasseur ne fait que reproduire les mêmes effets prévisibles, à grands coups de jump-scares faciles et de situations rabâchées, pompant sans se gêner tous les survivals claustrophobes de ces dernières années. Pyramide permet en quelque sorte de voir ce qu’aurait donné The Descent vidé de mise en scène, de personnages et d’enjeux émotionnels.

Entre la pauvreté visuelle de l’ensemble et l’indigence du scénario, difficile de déterminer lequel des deux est le pire. Comme d’habitude avec ce genre de production torchée à la va-vite, on ne cherche même plus à faire croire aux spectateurs à un univers ou à des personnages. Le scénario nullissime de Nick Simon et Daniel Meersand n’est qu’un condensé des pires clichés du cinéma horrifique de ces trente dernières années, multipliant les personnages inexistants et caricaturaux : la belle blonde un peu naïve, le père expérimenté et (trop) sûr de lui, le neuneu qui ouvre la bouche uniquement pour sortir des blagues… On assiste, affligé, à une succession de meurtres (de personnages dont on se fout royalement) d’une banalité confondante, ne cherchant jamais à dynamiter les codes du genre. Si l’on peut néanmoins reconnaître une chose à Pyramide, c’est au moins son second degré et son esprit décomplexé. En effet, quelques idées plaisantes jalonnent le récit, comme un climax complètement délirant où les derniers survivants affrontent Anubis en personne ! Malheureusement, déconnectées d’enjeux et jamais reliées entre elles de façon cohérente, ces (rares) idées-là voient leur maigre intérêt totalement annihilé au profit d’une accumulation de poncifs sidérants de je-m’en-foutisme.

À l’instar de Horns, le dernier film d’Alexandre Aja, on aurait aimé soutenir Pyramide malgré ses maladresses. Hélas, comment rester indulgent face à tant de crétinerie, de paresse et d’incompétence ?