American Sniper

Date de sortie 18 février 2015

American Sniper


Réalisé par Clint Eastwood


Avec Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes,

Jake McDorman, Cory Hardrict, Kevin Lacz, Keir O'Donnell


Genre Biopic, Drame


Production Américaine

American Sniper s'inspire de la vie et du livre autobiographique de Chris Kyle, écrit avec Scott McEwen et Jim DeFelice, dans lequel il confesse ne regretter aucun de ses actes. Sous-officier de la marine américaine et redoutable tireur d'élite Chris Kyle, qui aurait tué plus de deux cents personnes, (un record dans l'histoire militaire des USA) au cours de la Guerre d'Irak. De retour du champ de bataille, ce personnage atypique ouvrit un centre de formation pour apprentis tireurs d'élite dans son Texas natal et publia son roman. Ses convictions finirent par avoir raison de lui : il meurt assassiné le 2 février 2013, abattu à bout portant par Eddie Ray Routh, un ancien Marine de 25 ans souffrant de trouble de stress post-traumatique, dans le champ de tir Rough Creek Lodge près de la ville de Glen Rose au Texas.

Clint Eastwood explique pourquoi ce projet lui tenait particulièrement à cœur : "II se situait à mi-chemin entre les exploits de Chris au combat et les aspects personnels de sa vie, qui le rendent encore plus intéressant. Cela montre le poids de la guerre non seulement pour un individu, mais aussi pour toute sa famille". Le réalisateur ajoute qu’il trouvait primordial de montrer les sacrifices auxquels ces soldats consentent pour défendre leur patrie.

Bien avant l’écriture de son autobiographie qui a inspiré American Sniper, le producteur délégué du film Jason Hall s’était intéressé à l’histoire de Chris Kyle dont la réputation n’était plus à faire au sein de l’armée américaine. Jason Hall s’était même rendu au Texas pour rencontrer le tireur d’élite. Néanmoins, le producteur Andrew Lazar confirme que la sortie du roman les a aidés à concrétiser le projet : "Nous avions décidé de raconter cette histoire bien avant que ce best-seller n’existe, mais grâce à celui-ci, on a pu bénéficier du point de vue de Chris, et cela nous a bien évidemment influencés pour écrire une histoire qui raconte ses aventures le plus fidèlement possible".

Le cœur de l’intrigue reste la relation entre Chris Kyle et sa femme Taya. Le producteur Jason Hall déclare d’ailleurs avoir vraiment réussi à cerner le personnage de Chris quand il a rencontré sa femme. Clint Eastwood insiste quant à lui sur le dilemme moral auquel était confronté le tireur d’élite : "Chris était fou d’elle, mais en même temps il était déterminé à remplir complètement ses devoirs envers sa patrie".

Après l’assassinat de Chris Kyle, le producteur Jason Hall, Clint Eastwood et Bradley Cooper se sont sentis investis d’une mission : celle de faire en sorte que le film fasse justice à ce soldat d’élite et père de famille aimant. La femme de Chris Kyle, Taya, assure que la mémoire de son mari a été honorée avec American Sniper : "Je rends hommage à Jason pour avoir passé tant de temps à creuser et découvrir toutes les facettes de Chris et à Clint et Bradley, ainsi qu’à tous ceux qui se sont investis dans ce film. C’est un plus pour moi de savoir que le public aura un aperçu de l’homme que j’ai aimé, et aimerai toujours, et d’avoir immortalisé ces instants dans un film", déclare-t-elle.

American Sniper

Synopsis

Tireur d'élite des Navy SEAL, Chris Kyle (Bradley Cooper) est envoyé en Irak dans un seul but : protéger ses camarades. Sa précision chirurgicale sauve d'innombrables vies humaines sur le champ de bataille et, tandis que les récits de ses exploits se multiplient, il décroche le surnom de "La Légende".

Cependant, sa réputation se propage au-delà des lignes ennemies, si bien que sa tête est mise à prix et qu'il devient une cible privilégiée des insurgés. Malgré le danger, et l'angoisse dans laquelle vit sa famille, Chris participe à quatre batailles décisives parmi les plus terribles de la guerre en Irak, s'imposant ainsi comme l'incarnation vivante de la devise des SEAL : "Pas de quartier !"

Mais en rentrant au pays, Chris prend conscience qu'il ne parvient pas à retrouver une vie normale.

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En 2012, le Navy Seal, qui est au cœur du film de Clint Eastwood, recevait Le Figaro.

Propos recueillis par Maurin Picard et relevés surwww.lefigaro.fr

Assassiné un an plus tard, après cet entretien Chris Kyle venait de sortir sa biographie et évoquait son adaptation au cinéma. Il ne mâchait pas non plus ses mots à l'égard de la diplomatie hexagonale.

À l'évocation du film censé conter ses exploits, Chris Kyle s'était raidi sur son siège, un faible sourire se muant en une moue indescriptible. Au 14ème étage d'une tour de downtown Dallas, en ce mois d'avril 2012, l'ancien sniper des Navy Seals avait accepté de répondre aux questions du Figaro au sujet de ses exploits proverbiaux en Irak, de son livre American Sniper devenu best-seller outre-Atlantique et de son adaptation cinématographique à venir.

"Je ne veux pas de Matt Damon, grimaçait-il, en évoquant le film de Paul Greengrass, Green Zone réalisé en 2010. Et de tous ces gauchistes de Hollywood qui ont passé leur temps à dénigrer le courage de nos soldats en Irak."


Chris Kyle était un personnage complexe, éminemment polarisé et intrigant à plus d'un titre. Parti faire la guerre "en terre impie", il arborait une imposante croix rouge sang tatouée comme le trident des Navy Seals sur son avant-bras, qu'il exhibait volontiers "afin que tout le monde sache pourquoi je combats". "Badass" (dur-à-cuire) assumé, il expliquait placidement être un "croisé de Dieu", brandissant un glaive impitoyable face à ces "sauvages" d'Irakiens, allègrement regroupés dans le même panier. Sur la casquette de sa société de mercenaires Craft International, il avait fait ajouter la mention: "Contrairement à ce que votre maman vous a dit, la violence résout les problèmes."


Chris Kyle avait tout de la brute épaisse, du psychopathe délivré de l'ivresse des combats et projeté dans une vie civile trop étriquée pour qu'il se réadapte un jour. Et pourtant, il y avait quelque chose de doux dans ces petits yeux sombres et ce visage mangé par une barbe rousse et drue. Quelque chose d'enfantin, d'innocent même, lorsqu'il nous racontait, presque gêné, avoir "fini" au couteau un insurgé dans une maison de Falloujah en 2004.


American Sniper élude le sujet, mais Chris Kyle défendait sa vision de la guerre d'Irak. Manichéenne, forcément. Peu lui importait que le lien entre Saddam Hussein, les attentats du 11 septembre 2001 et al-Qaida n'ait jamais été bien établi. Les armes de destruction massive existaient bel et bien, soutenait-il mordicus: "Si je vous disais tout ce que les forces spéciales ont trouvé." Pourquoi n'en avait-on jamais entendu parler ? Mystère.


Le fait d'être un journaliste français face à cette bête humaine, grand rouquin d'1,88 m et 100 kg de muscles, entouré de fusils d'assaut et de mitrailleuses lourdes (chargées) dans son bureau, avait de quoi calmer les ardeurs éventuelles.

"Je n'aime pas ce que vous avez fait, vous les Français, en 2003,

lors des négociations avant la guerre", avait-il lâché mâchoire serrée.

Chris Kyle avait été soupçonné d'affabulations. Il avait par exemple confié avoir descendu une trentaine de pilleurs lors de la tempête Katrina qui avait ravagé La Nouvelle-Orléans en 2005, juché sur le toit d'un stade de football et grimé en "Punisher", le vengeur masqué à tête de mort oblongue devenu son totem en Irak. Aucun recoupement n'avait jamais pu être établi sur ces exploits de super-héros, réels ou fantasmés. Il prétendait aussi avoir abattu deux types qui cherchaient à lui dérober son pick-up dans une station-service du Texas, en 2010, sans que la police retrouve jamais la trace d'un tel incident.


Ce qui ne souffre pas contestation, en revanche, c'est l'aura de légende qui entourait le personnage. Depuis son départ des Navy Seals, Kyle était souvent approché par des inconnus, au garage ou au supermarché, le temps de remerciements appuyés pour leur avoir sauvé la vie tel jour, dans telle ville en Irak. Chris Kyle n'avait pas usurpé sa réputation d'"al-Shaïtan al-Ramadi (le diable de Ramadi)" ni les 80 000 dollars placés sur sa tête par les insurgés.


Qui, alors, voyait-il pour jouer son propre rôle ? "Dans l'idéal, j'aurais bien aimé Chuck Norris." Une pause. "Voire Ronald Reagan, en son temps." Une nouvelle pause. "Ils sont tous trop libéraux, dans l'industrie cinématographique." Puis Chris Kyle avait reconnu que des contacts avaient été pris avec l'acteur Bradley Cooper et que le beau gosse de la franchise Very Bad Trip pourrait "éventuellement faire l'affaire".

En retour, Kyle avait juste suggéré qu'il devrait peut-être "le traîner un peu dans la poussière, attaché aux pare-chocs de (son) pick-up, pour enlever son côté beau gosse". À l'arrivée, transformation réussie sans avoir eu à recourir à ces extrémités pour le comédien qui est aussi producteur d'American Sniper.


Mais Chris Kyle n'est plus là pour le voir, abattu le 2 février 2013 par un vétéran affecté du syndrome de stress post-traumatique. Ce même syndrome, ironie du sort, que lui-même pensait avoir conjuré, en quittant la grande fraternité du Trident pour se consacrer à sa famille.

Le père de Chris Kyle a déclaré vouloir que la mémoire de son fils soit absolument respectée dans le film. Il approuva d’ailleurs le choix de Clint Eastwood à la réalisation et celui de Bradley Cooper car il les considérait comme des "hommes de confiance".

Bradley Cooper ne devait au départ que produire le film et Chris Pratt endosser le rôle principal. Néanmoins, le vif intérêt que Bradley Cooper portait au projet le fit changer d’avis et il décida finalement d’incarner lui-même le tireur d’élite Chris Kyle. Pendant trois mois, Bradley Cooper a soulevé des poids et mangeait pour l’équivalent de 6000 calories par jour pour acquérir d’avantage de masse musculaire. L’acteur a également reçu une formation de tireur d’élite pour les besoins du film, s’est mis à tout faire pour lui ressembler physiquement en prenant énormément de masse musculaire. Il s’est également mis à étudier sa façon de parler et de se déplacer grâce à des enregistrements audio et vidéo de Kyle. L’acteur a aussi cherché à acquérir un accent texan proche de celui du militaire.

Pour se préparer au rôle de Taya, la femme de Chris Kyle, Sienna Miller a communiqué avec elle via Skype et a passé du temps à Los Angeles dans sa maison pour discuter de leur passé amoureux, de leur famille et des épreuves qu'ils ont affrontées.

Sources :

http://www.allocine.fr

Mon opinion

En bon roublard, Clint Eastwood ne renie pas ses idéaux politiques tout en déclarant au sujet de son film : "II se situe à mi-chemin entre les exploits de Chris au combat et les aspects personnels de sa vie, qui le rendent encore plus intéressant. Cela montre le poids de la guerre non seulement pour un individu, mais aussi pour toute sa famille".

Sa réalisation s'appuie avec une certaine mansuétude sur l'histoire de cet homme, originaire du Texas, dont l'éducation paternelle ne lui a guère laissé de choix. Après un entraînement, tout aussi dur moralement que physiquement, il deviendra un redoutable sniper, véritable héros pour le pays, selon les dires, pour avoir plus de 250 victimes à son actif. Sans aucun regret, à l'exception de celui de ne pas avoir pu sauver plus de vies humaines. Celles de ses hommes, s'entend.

Quelques scènes d'intimité sont autant de bouffées d'oxygène, loin du bruit strident des balles, des ordres qui résonnent aussi forts que le fracas des obus qui éclatent. Il est évident que l'intérêt du réalisateur est ailleurs. La première scène en dit long et plonge d'emblée le spectateur dans l'horreur de cette guerre.

Le fidèle directeur de la photographie, Tom Stern apporte un intérêt supplémentaire à cette réussite, notamment avec une tempête de sable magnifiquement mise en images.

À la fois, principal protagoniste et coproducteur, Bradley Cooper, est convaincant dans le rôle de Kris Kyle. Un homme limite trop sympathique. Je retiens plus particulièrement la scène située dans un bar à proximité de chez lui et dans laquelle il pleure, seul. Ou encore celle où il croise Keir O'Donnell son jeune frère, dans le film. "Fuck the place" lance le plus jeune à son aîné.

La caméra suivra son héros et son patriotisme exacerbé. Si l'intérêt ne m'a pas quitté du début à la dernière image, un certain malaise reste prégnant, bien après la projection.

American Sniper