Critique : La Nuit Au Musée – Le Secret Des Pharaons

Par Nicolas Szafranski @PoingCritique

Au revoir, monsieur le gardien.

Le musée préféré des petits et des grands (enfants) réouvre aujourd’hui ses portes, une dernière nuit, « pour sauver la magie », comme nous le crie l’affiche à nos yeux fouettés par le vent hivernal, dissimulant crapuleusement notre émotion à retourner dans les coursives de ce temple du passé. En effet, le temps est malheureusement venu pour les fans d’adresser leurs adieux aux mannequins et aux statues qui ont réchauffer les vastes corridors du muséum d’histoire naturelle de New-York tout autant que nos esprit candides, de tout refermer avec que la fantaisie ne se dissipe. Car, au rythme des nombreuses lunes passées derrière sa cellule de verre, la fameuse tablette égyptienne a vu ses capacités à animer les vielles breloques se détériorer, au point de compromettre sérieusement le bon déroulement de leurs aventures. Afin de garantir la postérité du sanctuaire, mais aussi de retarder le moment fatidique où il devra prendre congé de son amitié avec ses camarades de cire et de tissu, Larry Daley (Ben Stiller, en pilote automatique) reconduit le jeune Ahkmenrah auprès de son père, à Londres, seul détenteur de la formule permettant à l’objet de retrouver son lustre d’antan. Pour cela, Shawn Levy, seul maitre des clés de sa franchise, convoque, une nouvelle fois, humour, émotion et féerie, trois ingrédients qui participèrent, jadis, au succès des deux précédents opus. Évidemment, clou de l’exposition, feu Robin Williams, frais comme un gardon derrière la moustache et l’uniforme de cavalerie de Theodore Roosevelt, attire toute l’attention du public. Le directeur de l’exposition a par ailleurs su lui réserver une place de choix au sein de sa nouvelle collection, aux côtés d’une réplique néandertalienne bas du front, d’un chevalier de Camelot obsédé par son sacrée Graal, et d’une gardienne hardie et consciencieuse. Mais, aussi émouvant demeure ce poignant autel, la menace gronde. Cette dernière visite avant fermeture, en réveillant les grandes figures (le retour des vieux de la vieille) et les plus populaires pitreries (la charge de nos deux lilliputiens noyé dans le silence), fait figure de riche anthologie où le merveilleux s’efface derrière le mugissement de la corne d’abondance. Pourtant, la familiarité du cinéaste avec son univers lui permet maintenant d’harmoniser plus efficacement et intelligemment encore les divers éléments fantastiques qui ornent son monde afin d’offrir une démonstration qui repose moins sur une galerie d’épi-trouvailles que sur les interactions entre les personnages et leur quête. La Nuit Au Musée 3 traite ainsi avec une authentique sensibilité, sous couvert d’un humour très simpliste mais toujours agréable, ainsi que d’une poignée d’heureuses surprises, de cette passation de pouvoir entre générations, du profond lien qui nous unit à notre passé, mais aussi et surtout, de nous faire revenir à une certaine réalité, celle de ces reproductions inanimées, détenteur d’un savoir qu’elles tentent de faire vivre dans le cœur de leur public. Les craintes meurent, le plaisir naît. À cela, on ne pouvait honnêtement rêver de meilleure dernière nuit pour sauver notre âme d’enfant. (3.5/5)

Night At The Museum – Secret Of The Tomb (États-Unis, 2014). Durée : 1h37. Réalisation : Shawn Levy. Scénario : David Guion, Michael Handelman, Mark Friedman. Image : Guillermo Navarro. Montage : Dean Zimmerman. Musique : Alan Silvestri. Distribution : Ben Stiller (Larry Daley), Robin Williams (Theodore Roosevelt), Owen Wilson (Jedediah), Steve Coogan (Octavius), Dan Stevens (Sir Lancelot), Rami Malek (Ahkmenrah), Rebel Wilson (Tilly), Ben Kingsley (Merenkahre), Ricky Gervais (le docteur McPhee).