“Hard day” de Kim Seong-hun

S’il y a des journées “qui mériteraient qu’on leur casse la gueule”, celle qu’entame Ko Gun-su, le personnage principal de Hard day, mériterait qu’on la tabasse violemment à coups de batte de baseball et qu’on l’achève à coups de lattes. Ce flic véreux – comme tous les flics sud-coréens, ainsi que le précise un de ses collègues – va en effet accumuler un nombre conséquent de problèmes en un temps record. Appelez ça la poisse, la guigne, la scoumoune ou une punition divine, le résultat est le même : Gun-su va vivre des heures plutôt éprouvantes…

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Au début du film, le personnage a déjà encaissé un premier coup dur, le décès de sa mère. Alors qu’il est en route pour assister à ses funérailles, il apprend que ses collègues et lui sont dans le collimateur de la police des polices, et que son bureau est sur le point d’être perquisitionné. Deuxième tuile, car dans ses tiroirs, il y a de fortes sommes d’argent, issues du racket exercé par sa brigade sur les commerçants de la ville. Une preuve suffisante pour le faire lourdement condamner… Alors, pas le choix, il décide de foncer au commissariat. Pour cela, il appuie sur l’accélérateur et bam!, troisième galère, il percute un piéton surgi de nulle part, qui a la mauvaise idée de mourir sur le coup. Avec ce contretemps, il est désormais certain que la police des polices a trouvé l’argent dans son bureau et va chercher à l’interpeler. Effrayé à l’idée d’ajouter un homicide involontaire aux chefs d’accusation qui vont peser sur lui, il décide de planquer le corps de sa voiture, en attendant de s’en débarrasser plus tard, et il se met en route vers le funérarium.
Evidemment, il se fait quelques frayeurs en chemin, en rencontrant des collègues agents de la circulation un peu trop zélés, bien décidé à vérifier le contenu de son coffre. Il parvient toutefois à s’en sortir et arrive à temps pour les funérailles. Mais ses ennuis sont loin d’être terminés puisque les inspecteurs de la police des police sont en route pour fouiller son véhicule. Il doit donc se débarrasser de l’encombrant cadavre au plus vite. Pas si simple…
Et c’est pas fini, comme dirait l’autre…

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En fait ce n’est même que le premier quart d’heure d’un film qui dure près de deux heures. La suite est du même acabit. Chaque séquence plonge un peu plus dans le pétrin le malheureux Ko Gun-su, et on suit ses déboires en se demandant constamment en se demandant ce qui va bien pouvoir lui “tomber dessus” lors de la scène suivante. Cette construction narrative, riche en péripéties, permet à Kim Seong-hun d’imprimer au film un rythme soutenu, tenant ainsi en haleine les spectateurs. Cependant, pour ne pas risquer de lasser le public, le cinéaste décide intelligemment d’opérer un brusque virage scénaristique à mi-parcours, faisant évoluer le récit vers un passionnant jeu de chat et la souris opposant le flic dépassé par les évènements à un maître-chanteur fou furieux.  Cet affrontement permet à Kim Seong-hun  d’instiller au récit un peu de cette sauvagerie propre aux polars hard boiled sud-coréens et donne l’occasion aux deux principaux interprètes, Lee Sun-gyun et Jo Jin-woong, de se livrer à de beaux numéros d’acteurs.

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Bref, si Ko Gun-Su passe une très mauvaise journée, les amateurs de thrillers haletants passeront, eux, un excellent moment devant ce petit film sympathique, qui a électrisé la Quinzaine des Réalisateurs 2014. Les cinéphiles ne seront pas en reste, la mise en scène de Kim Seong-hun s’autorisant quelques audaces rafraîchissantes. Il ne fait nul doute que l’on réentendra parler de cet auteur sud-coréen à l’avenir. En tout cas, on lui souhaite un parcours moins agité que celui de son malheureux héros…

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Hard dayHard day
끝까지 간다 / Kkeutkkaji Ganda

Réalisateur : Kim Seong-hun
Avec : Lee Sun-gyun, Jo Jin-woong, Shin Jung-keun, Jeong Man-sik, Shin Dong-mi, Kim Dong-yun
Origine : Corée du Sud
Genre : thriller haletant
Durée : 1h51
date de sortie France : 07/01/2015
Note :
Contrepoint critique : Culturopoing

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