Du 25 mai au 28 juin 2014 dans les salles du GRAC : Obsession de Brian De Palma

Dans le cadre de Ciné-Collection, une fois par mois, les salles du GRAC proposent de (re)découvrir un film du répertoire. Les titres sont proposés en copies restaurées au format numérique. Au mois de juin, c’est Obsession de Brian De Palma qui est à l’affiche.  

Un grand nombre de séances sont présentées par un spécialiste ou un cinéphile averti.

Consultez les horaires des séances dans chacune des salles sur site du GRAC
Téléchargez le programme ici

obsession-de-palma4

Obsession
De Brian De Palma
Avec Cliff Robertson, Geneviève Bujold, John Lithgow
USA – 1976 – 1h38 – coul.

Synopsis
Ayant vu sa femme mourir faute d’avoir payé la rançon exigée par leurs kidnappeurs, Michael Courtland, homme d’affaire américain, rencontre un jour en Italie une femme lui ressemblant comme deux gouttes d’eau. Malgré les avertissements de son entourage, il y voit une seconde chance qu’il ne veut pas laisser passer. Au risque de réveiller un passé douloureux…

« Brian De Palma réalise avec Obsession une œuvre totalement référencée à Hitchcock dont l’analyse conduit à une vraie réflexion sur le travail de restauration de l’œuvre originale. Totalement assumée par De Palma et son coscénariste Paul Schrader, la référence à Vertigo prend dans Obsession un tour particulièrement traumatique accentuant la douleur de Courtland en ajoutant une dimension familiale et iconique à cette quête de l’être disparu. Le miracle d’Obsession tient dans sa capacité à produire une atmosphère unique et résolument personnelle. Le concours du directeur de la photographie Vilmos Zsigmond n’est pas étranger à la tonalité hypnotique du film. Figure emblématique du Nouvel  Hollywood, il crée tout au long du récit une image cotonneuse estompant la netteté des plans. La dimension irréelle de l’image épouse alors à merveille l’onirisme. Confiée à Bernard Herrmann, la partition, faite de puissants chœurs et de violons doucereux, appuie de façon ambigüe la sacralisation du parcours de Courtland, avant une déchirante valse finale. Obsession qui fut froidement accueilli à sa sortie, s’impose aujourd’hui comme une œuvre à la délicatesse rare, qui permet aussi de redécouvrir le tropisme italien des thrillers anglo-saxons de l’époque. » Sandrine Gueynard Le Scénario, Saint-Priest

Du 25 mai au 28 juin 2014 dans les salles du GRAC : Obsession de Brian De PalmaDu 25 mai au 28 juin 2014 dans les salles du GRAC : Obsession de Brian De Palma

A propos du film

Obsession est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Brian De Palma, véritable clin d’oeil au maître du suspense, Alfred Hitchcock. Thriller romantique, Obsession est un hommage direct et poignant à Sueurs froides. Tout comme chez Hitchcock, le personnage de Michael n’arrive pas à se remettre de la disparition de sa femme : la découverte de son double va déclencher en lui une véritable obsession. Le réalisateur de Blow Out signe ici une métaphore exemplaire du septième art, une oeuvre trouble sur la culpabilité, la vengeance et le désir.

« Il s’agit d’une des oeuvres maîtresses de De Palma dans laquelle le cinéaste s’interroge sur son rapport au cinéma de Hitchcock (Obsession revisite Sueurs froides mais aussi Rebecca) et à la modernité cinématographique européenne (une partie de l’action se déroule à Florence , berceau de la culture occidentale). Le scénario de Paul Schrader dresse des comparaisons entre le maniérisme pictural , le travail de restauration et les citations presque maladives de De Palma, qui reproduit des mouvements de caméra du Mépris de Godard. Théorique et intellectuel ,Obsession est aussi un magnifique mélodrame morbide , une histoire d’amour dans laquelle De Palma donne libre cours à son imagination baroque et son romantisme pervers. La mise en scène de De Palma est constamment inspirée , portée par la musique funèbre de Bernard Herrmann. Initialement intitulé Déjà vu , Obsession emprunte en effet une idée cinématographique à Vertigo, le dédoublement post mortem du corps aimé,qui s’accompagne chez le personnage principal d’une névrose traumatique et d’un sentiment de culpabilité. Mais il saute aux yeux que De Palma, dans cette oeuvre maîtresse du début de sa carrière , vise autre chose que le plagiat. Le cinéaste se place d’emblée dans la position de celui qui vient après et propose une réflexion passionnante sur les différentes strates de l’histoire des images.Les films de De Palma sont plus ou moinsanalytiques ou cérébraux, mais c’est lorsqu’il parvient à concilier la théorie et les situations les plus émouvantes que le cinéaste de Pulsions signe ses meilleurs films. » Olivier Père Arte TV

obsession-de-palma5

Fiche technique

  • Réalisateur : Brian DE PALMA
  • D’après une histoire de Brian DE PALMA et Paul SCHRADER
  • Scénario : Paul SCHRADER
  • Avec : Cliff ROBERTSON, Geneviève BUJOLD, John LITHGOW
  • Montage : Paul HIRSCH
  • Directeur de la photographie : Vilmos ZSIGMOND, a.s.c.
  • Musique : Bernard HERRMANN
  • Producteurs : George LITTO et Harry N. BLUM

Brian De Palma

brian-de-palmaBrian de Palma naît en 1940 à Newark dans le New Jersey. Dès l’enfance, il se passionne pour l’astronomie et la physique, domaine dans lequel il décide de se spécialiser, et reçoit une médaille d’or à l’âge de 17 ans pour une thèse sur la cybernétique. Il entre à l’Université Columbia de New York dans le but de devenir astrophysicien mais sa découverte de Vertigo d’Alfred Hitchcock bouleverse ses projets, puisqu’il abandonner aussitôt ses études pour le théâtre, puis le cinéma.

En 1960, il réalise plusieurs moyens métrages pour lesquels il remporte plusieurs prix. Son premier long métrage, The Wedding party (1964) est une comédie semi improvisée dans laquelle il met en scène Robert De Niro. Il poursuit son apprentissage en s’attelant à des courts métrages et des documentaires, et réalise un nouveau long métrage en 1967, un thriller cette fois, Murder à la Mod. Le vent de contestation qui souffle sur l’Amérique à la fin des années soixante inspire Brian De Palma, qui réalise deux comédies satiriques au style bien personnel, Greetings et Hi! Mom, qui vont lui permettre de s’imposer parmi les jeunes réalisateurs du Nouvel Hollywood.

Rapidement, les studios commencent à s’intéresser à lui et lui propose des projets, comme la comédie Get to Know Your Rabbit (Attention au lapin, 1971), pour lequel il est renvoyé avant le montage à cause de sa relation conflictuelle avec les producteurs. En 1973, il poursuit sa carrière en réalisant Sisters (Sœurs de sang), dont il a écrit le scénario, qui révèle de grandes capacités d’écriture et un sens remarquable de la construction. Deux ans plus tard, il met en scène Phantom of the Paradise, qui le consacre comme un des meilleurs réalisateurs de sa génération. Avec ce film, De Palma propose une variante du thème de Faust dans lequel il mêle la comédie musicale, le fantastique et le drame psychologique. S’il est déjà un cinéaste confirmé pour la critique et le public, il surpasse tous ses précédents succès avec l’adaptation du roman Carrie (Carrie au bal du diable) de Stephen King en 1977. Aujourd’hui situé parmi les références du film d’horreur, sa séquence finale et son utilisation du split screen sont une source d’inspiration pour de nombreux cinéastes.

Le début des années 80 est plus noir pour Brian De Palma : il se voit affubler d’une réputation de provocateur et fait l’objet de scandales. Ces tensions proviennent essentiellement de Dressed to Kill (Pulsions, 1980), aujourd’hui considéré comme un de ses chefs d’œuvre, et Blow Out (1981), hommage au Blow up d’Antonioni. Ces deux films traitent des thèmes chers à De Palma, à savoir le voyeurisme et la manipulation, ce qui dérange le public. En 1982, il revient sur le devant de la scène avec un remake plus violent du film de gangsters d’Howard Hawkes, Scarface, avec Al Pacino, grâce auquel il réussit à reconquérir les foules. Dans ce film, De Palma fait preuve d’une inventivité technique remarquable au service d’un voyeurisme morbide. Il enchaîne ce succès avec Body Double, dans lequel il rend hommage à Fenêtre sur cour d’Hitchcock, puis The Untouchables (Les Incorruptibles) d’après la célèbre série télévisée, pour lequel Ennio Morricone signe la musique.

Après quelques échecs difficiles à surmonter (Casualties of War, 1989), le cinéaste signe en 1993 le polar Carlito’s Way (L’Impasse), avec Al Pacino, devenu un classique du genre grâce à la performance de l’acteur et des scènes mémorables, dont la course poursuite finale qui constitue un film dans le film. Même si son style devient plus formel et adouci, il connait un triomphe mondial avec Mission Impossible, adapté de la série, avec Tom Cruise, Jon Voight et Jean Reno. Il réalise ensuite son premier film de science fiction en 2000, Mission to Mars, qui ne rencontre pas le succès escompté. Il s’installe alors à Paris, où il retrouve l’inspiration et réalise le thriller érotique Femme Fatale, suivi par The Black Dahlia (Le Dahlia Noir) en 2005. En 2007, il présente Redacted, sur la vie des soldats américains en Iraq, qui prolonge son film Casualties of War dans lequel il dénonçait la guerre du Vietnam.

Estimé comme l’héritier du maître du suspense Alfred Hitchcock, Brian De Palma est un des cinéastes révélés par le Nouvel Hollywood, qui a su renouveler les genres cinématographiques. Fier de ses influences, il ne cesse de rendre hommage aux œuvres et aux réalisateurs qu’il admire, dont Hitchcock et Eisenstein. Plus encore, on peut voir qu’à travers sa mise en scène, il questionne le cinéma de ces cinéastes, afin de comprendre le fonctionnement, le génie de leurs films. Cette recherche n’empêche pas pour autant De Palma d’avoir un style de mise en scène unique alliant outrance et lyrisme, où la musique joue un rôle fondamental, où les plans de caméra particuliers servent à mettre en valeur le décor, les personnages, un signe ou un objet clé, où les plans séquences révèlent une certaine complexité et une remarquable virtuosité. Grâce à ses exercices de style et ses variations sur le cinéma de genre, le cinéaste occupe aujourd’hui la place de monstre sacré du cinéma, à la fois adulé et détesté, pour lequel la mise en scène reste le sujet principal de tous ses films.

Filmographie Sélective

  • 1968 : Murder à la mod
  • 1968 : Greetings
  • 1968 : The Wedding Party, coréalisation avec Wilford Leach
  • 1970 : Hi, Mom!
  • 1972 : Get to know your rabbit (Attention au lapin)
  • 1973 : Sisters (Sœurs de sang)
  • 1974 : Phantom of the Paradise
  • 1976 : Obsession
  • 1976 : Carrie (Carrie au bal du diable)
  • 1978 : The Fury (Furie)
  • 1980 : Dressed to kill (Pulsions)
  • 1981 : Blow Out
  • 1983 : Scarface
  • 1984 : Body Double
  • 1987 : The Untouchables (Les Incorruptibles)
  • 1989 : Casualties of war (Outrages)
  • 1993 : Carlito’s Way (L’Impasse)
  • 1996 : Mission : Impossible
  • 2000 : Mission to Mars
  • 2002 : Femme fatale
  • 2006 : The Black Dahlia (Le Dahlia noir)
  • 2007 : Redacted

Source : Carlotta film