Un week-end à Paris : rencontre avec Roger Michell

Par Bobby @MissBobbyD

J’ai eu la chance parmi quelques blogueurs de rencontrer le réalisateur du film Un week-end à Paris (qui n’est autre que le réalisateur du très célèbre Coup de foudre à Notting Hill) : Roger Michell.

Dans The Mother, vous développez la sexualité d’une sexagénaire et là, on découvre un couple de sexagénaires. Qu’est-ce qui vous attire dans ce type de personnage ?

(rires) Quand nous avons fait The Mother, nous étions assez jeunes, le personnage semblait très vieux. Mais maintenant, on est plutôt proche de la soixantaine, on reste toujours plus jeune que lui, mais nous sommes plus proche du personnage en matière d’âge dans ce film, Un week-end à Paris. Je pense que c’est par accident que nous avons fait ces trois films autour de personnages âgés. Dans le premier film (The Mother), c’était autour du sexe et de la sexualité de cette vieille femme. Le second film (Venus) est plus tourné autour de l’amour que du sexe. Et dans ce film, c’est vraiment très différent, c’est à propos du mariage. D’habitude, on parle du commencement des relations humaines et comment les choses peuvent devenir dramatiques. Nous voulions faire un film où la relation peut prendre fin. Mais je n’ai pas d’âge particulier sur lequel je veux travailler.

Pourquoi avez-vous choisi de présenter cet hôtel, leur chambre, toutes ces petites histoires concernant l’hôtel ?

Quand nous avons préparé le film, nous avons posé une simulation autour de l’hôtel, ce que ça pourrait coûter (le room service, deux nuits, etc). Ça valait des milliers d’euros. Et le comptable a dit : « ce n’est rien. Certaines personnes vivent dans cet hôtel ».

[spoiler] Je ne pensais pas que vous auriez fini comme ça, sur le fait qu’ils ne puissent pas payer et qu’ils aillent demander de l’aide à Morgan. Pourquoi ?

Ils n’ont rien. La seule chose qu’ils ont c’est un chapeau, un manteau, un téléphone portable. Ils n’ont pas de passeport, pas d’argent, éventuellement, ils paient le prix de toute la responsabilité et ça les rend libres, libres de ne rien avoir du tout. Et ils sont négligents. Le film se réfère comme vous le savez à la Nouvelle Vague, à propos de jeunes gens qui font des expériences dans le monde et qui sont vivants, dans le sens où c’est vif.

Avez-vous des livres ou des films sur le couple qui vous ont inspiré pour faire ce film ?

Non, pas vraiment. C’était plutôt par rapport à nos vies. Vous savez, nous trois on travaille ensemble depuis 20 ans, on a passé environ trois ou quatre mariages, il y a neuf enfants entre nous, donc la vie peut nous inspirer. Vous devez apprendre au fur et à mesure, n’est-ce pas ? Ça ne s’arrête jamais, même en vieillissant. On continue de comprendre. Ce film est comme une empreinte sur le sable, une vie qui change. Après avoir fait ce film, j’ai appris à travers les films et les lectures, que les gens, du moins Angleterre, divorcent de plus en plus à l’heure actuelle. Du temps de mes parents, on attendait que les enfants partent de la maison et on ralentissait, en attendant de mourir. Et maintenant, les gens ne font plus ça, ils n’ont plus besoin de faire ça. Ils vivent un peu plus longtemps, ils sont jeunes plus longtemps, ils sont riches plus longtemps, ils veulent une vie correcte.

Que signifie pour vous Paris ?

Evidemment, Paris est célèbre pour être une ville romantique, importante conséquence dans ce film non-romantique. Mais c’est l’aspiration d’un couple qui vient pour apprécier un week-end romantique, qui immédiatement tourne mal, parce qu’ils choisissent le mauvais hôtel, etc, etc. Paris est aussi, pour les britanniques, une destination légendaire. Mais maintenant, avec le train, c’est comme un truc fantastique et excitant. Les Anglais, prendre un train pour un autre pays, c’est tellement une nouvelle expérience. C’est ce que la plupart des gens font le week-end. Il serait possible de poser le film à Berlin, Francfort, mais ça ne serait pas comme une résidence.

Avec Coup de foudre à Notting Hill et Dérapages incontrôlés, vous dirigez des acteurs très connus dans de gros films. Votre dernier film semble être plus intime, pourquoi ? Est-ce une volonté venant de vous ou des raisons budgétaires ?

J’essaie un gros film de temps en temps, avec une sécurité financière de faire trois petits films. C’est pour ça qu’on m’autorise à faire de gros films. Celui-là à un budget bien plus bas que The Mother. Mais c’est bien de faire des films sans argent, vous avez entièrement le contrôle, personne ne vous dérange pour savoir comment vous dépensez l’argent, vous faites le film que vous avez envie de faire. Je me sens plus européen qu’américain. Je préfère le travail en Europe.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’inclure un acteur américain et un personnage américain dans ce film ?

Il a changé beaucoup. A la base, il était français, puis indien, et enfin, il est devenu américain. C’était presque un voyage. Mais le fait qu’il soit américain, il ressemblait à Jeff Goldblum, on écrivait pour Jeff Goldblum, ne sachant pas s’il allait le faire ou non, mais ça ressemblait à Jeff Goldblum. J’ai fait un film avec lui quelques années en arrière en Amérique. On était donc content de son enthousiasme et de sa présence sur le film. C’est un grand contraste dans ce film, en comparaison à Nick. Il est surprenant.

Avez-vous une idée de ce que sera votre prochain film ?

On l’a déjà filmé. J’ai commencé à le couper. C’est un téléfilm en deux parties. Et c’est écrit pas Peter Morgan qui a écrit The Queen et Rush. Peter écrit des histoires sur des personnes réelles. Cette histoire raconte une histoire vraie sur un professeur à la retraite accusé d’avoir assassiné sa tante, à Bristol, dans l’ouest de l’Angleterre, il y a trois ans. Il a été arrêté. Il semblait très étrange. Il ressemblait à un meurtrier. Et quand il a été arrêté, tous les journaux – nous avons d’épouvantables journaux en Angleterre – ont raconté d’horribles histoires sur lui, qu’il était un meurtrier, etc. Ensuite, ils ont trouvé le meurtrier, mais apparemment, c’était trop tard, ce personnage a été détruit. Donc c’est son histoire. L’une des raisons pour lesquelles j’ai voulu le faire, c’est parce que l’histoire est importante, mais surtout, il était mon professeur. C’est Jason Watkins qui jouera le rôle.

Souvent, c’est difficile de juger le jeu d’acteur dans une langue étrangère. Souvent je regarde des films français et le jeu d’acteur est incroyable, incroyable, incroyable, parce que je ne parle pas, je n’ai pas de nuance, vous voyez ce que je veux dire ?

Avez-vous des acteurs avec qui vous souhaiteriez travailler ?

Non, pas vraiment. J’ai appris au fil des années que le casting est vraiment important, si vous pouvez faire un casting proprement, cela veut dire que vous aurez à travailler moins en tant que réalisateur. C’est toujours un projet de trouver le parfait acteur.

Est-ce que vous admirez des réalisateurs ?

J’en admire des vieux ! C’est un métier très difficile. J’admire beaucoup de réalisateurs français de cette période comme Godard. J’admirais Pasolini, Fellini quand j’étais jeune. Les grands réalisateurs européens je présume. Ils ont eu un grand impact sur moi quand je grandissais. Et puis, plus tard, je me suis intéressé aux films américains du siècle dernier. J’ai des goûts très éclectiques, je peux aussi bien regarder Lars von Trier ou Spielberg.

Merci à Cinefriends.

N’hésitez pas à relire ma critique du film Un week-end à Paris !

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