Après un long voyage loin de ses fans, Albator, le Corsaire de l’Espace est de retour et s’offre le grand écran pour un film d’animation sublime, sombre et héroïque à savourer.
Dans les années 80 et début des années 90, tous les gamins de France étaient abreuvés d’aventures spatiales. Car après Star Wars, c’est l’adaptation du manga Albator qui va bercé toute une génération avant de disparaitre des écrans français. Mais les fans n’ont jamais été oubliés et le Japon a continué d’entretenir le mythe initié Leiji Matsumoto avec de nouvelles séries dans les années 2000 mais surtout un film d’animation qui était attendu comme le messie.
Maintenant, le voici sur grand écran et ce n’est pas une suite aux séries mais à une autre vision du personnage, s’appuyant énormément sur le mythe, que l’on peut admirer, et c’est d’autant plus appréciable pour les potentiels nouveaux venus qui n’ont pas forcément toute l’histoire de Harlock (nom du personnage en VO) en tête. Comme dans de nombreuses quêtes initiatiques, nous allons suivre le jeune Yama, nouveau venu dans l’équipage d’Albator pour mieux découvrir le capitaine, ses actes pour sauver le monde où le détruire alors que la Terre a été déclarée « terre sainte et inviolable» après des années de conflit.
Sur ce postulat, le scénario fait de trahisons, d’énergie noire, de conglomérat très puissant, d’amours contrariées, … est très riche. Si riche qu’il en devient inutilement confus par moments à cause de choix parfois douteux dans le rythme de révélation des événements. Le film se suit alors plutôt comme plusieurs épisodes de série d’affilée que l’on n’a plus envie d’arrêter. En effet, l’univers qui se met en place est très intéressant et on aimerait bien l’explorer davantage pour en savoir plus sur certains éléments ou certains personnages souvent survolés alors qu’ils ont clairement le potentiel pour donner plus d’émotions si le temps leur en était donné. A ce titre, un décomposition du film en 2 volet aurait permis de gagner en profondeur mais aussi en ampleur.
On pourrait croire que ce non-développement de tout cela serait en fait pour faire d’Albator un héros superstar du film. Mais ce n’est jamais le cas. Le capitaine est ici une figure présentée comme légendaire, presque un fantôme, que nous ne verrons pas souvent, la part belle étant donné à Yama et son conflit intérieur. Le héros du titre est alors plus sombre, perdu dans ses réflexions et son passé. Si il n’est pas toujours présent à l’image, son ombre plane sur tout le film et chacune de ses apparitions sera d’une classe folle, et encore plus prenante lorsqu’il se livrera à d’indispensables combats. Se révélant tour à tour faible ou héroïque mais surtout, cherchant au fond à accomplir sa mission avant de passer le relais à une autre personne qui pourrait entretenir la légende de ce pirate de l’espace. Cet aspect rend le film plus profond et humain qu’il n’en a l’air.
Car cet Albator, c’est aussi une véritable claque visuelle. Les décors, les costumes, l’univers mis en place avec cette animation fluide à la réalisation bien léchée nous embarque dans un voyage assez unique. La prouesse technique est bien là et nous emballe complètement pour nous emmener dans le sillage de l’Arcadia et explorer le cosmos et ses secrets. Et si certaines séquences sont parfois inutiles, elle restes superbes à regarder, même si cette perfection technique pourrait manquer parfois de pure poésie.
Délivrant un spectacle formidable et réinstallant un univers aussi bien qu’un héros que l’on aimerait suivre et découvrir davantage dans de prochaines aventures, Albator, Corsaire de l’Espace est donc un véritable space opéra sombre et passionnant.