Culte du dimanche : la Nuit des Morts-Vivants

Par Fredp @FredMyscreens

Film fondateur de la renaissance des zombies, La Nuit des Morts-Vivants a même changé une facette des films d’horreur. Retour du le film culte de George A. Romero.

Dans les années 60, malgré la Psychose et les Oiseaux d’Alfred Hitchcock, on ne peut pas dire que le cinéma d’horreur soit très inventif, se contentant encore et toujours de recycler ses monstres. On ne peut compter finalement que sur Roger Corman et Mario Bava pour apporter quelques frissons. Mais évidemment, il y a toujours quelques petits nouveau désireux de se faire une place et c’est en toute indépendance que George A. Romero et son équipe vont réaliser leur premier film. Sans budget mais avec des idées, c’est naturellement que leur film sera un film d’horreur, mais pas n’importe lequel.

Inspirés par le roman Je suis une Légende de Richard Matheson, ils vont s’embarquer dans une histoire de morts-vivants assiégeant une petite maison perdue dans la campagne et le combat mené par les occupants qui s’y sont réfugiés. Une histoire plus que classique aujourd’hui mais qui, à l’époque, relevait d’une certaine inventivité.

Mais plus que cette histoire basique, c’est surtout ce qu’elle représente et l’esprit avec laquelle elle a été réalisée qui importe. En effet, avec peu de moyens, le réalisateur se montre particulièrement inspiré pour créer de bons moments de tension mais aussi de nombreuses interrogations sur l’origine de ce retour des morts à la vie. En effet, malgré de nombreux indices, il n’y a aucune confirmation quand à l’origine du mal qui hante cette société qui va devoir répondre par la violence. Avec une parfaite maitrise de son récit et des instants de suspense avec une dose de gore bien gérée mais aussi grâce à des acteurs inconnus (auxquels nous pouvons donc facilement nous identifié dans ce contexte chaotique) assez justes et investis, le réalisateur orchestre donc un bon film de terreur.

Toutefois, la Nuit des Morts-Vivants va largement dépasser ce simple statut. En effet, lorsque le film sort, les États-Unis s’enlisent dans une guerre du Vietnam qui n’en finit pas et vienne de subir la vague d’émeutes de Détroit. Alors, inconsciemment ou non,  le rapprochement avec ce contexte est inévitable. Et il l’est d’autant plus qu’il est accentué par les rapports particulièrement houleux qu’entretiennent les individus entre eux. Ici, c’est presque chacun pour sa peau et même les enfants ne pourront échapper au mal.

Cet aspect politique est également renforcé par le fait que le personnage principal du film est afro-américain. Alors que les USA souffrent encore du racisme, confier le premier rôle à une personne de couleur est presque inédit. Et malgré cela, jusque dans son final, c’est une vision particulièrement nihiliste qui est présentée ici, ne montrant pas l’humanité sous son meilleur jour. Avec ce petit film de zombie, c’est finalement tout un contexte qu’arrive à capter le réalisateur.

Dès lors, ce n’est que le début d’une nouvelle vague du film de zombies qui, pour la plupart, verseront dans le gore à outrance mais aussi des films d’horreur qui vont devenir plus politiques (à l’instar du Massacre à la Tronçonneuse qui suivra quelques années plus tard, tout aussi critique vis à vis du Vietnam) et montrer à toute une future génération qu’il est possible de faire de nouvelles choses avec des petits budget en toute indépendance (en ce sens, Sam Raimi et Peter Jackson sont aussi un peu les héritiers de cette nuit des morts-vivants).

Heureusement, George A. Romero  n’a pas prévu de s’assagir puisque le second volet de sa saga sera une sévère critique de la société de consommation. A partir de là, le zombie sera non seulement une figure de l’horreur mais renverra également l’homme à sa simple condition d’être déambulant à la recherche d’un but pour se réveiller dans notre société formatée.