Blood Ties, critique

Blood Ties, critique

Guillaume Canet plonge dans les années 70 pour réaliser le remake des Liens du Sang à New York avec un joli casting : Blood Ties.

Blood Ties, critiqueEn 2008, Guillaume Canet est tellement absorbé par les Liens du Sang qu’il tourne sous la direction de Jacques Maillot avec son amis François Cluzet que le film ne le quittera pas et qu’il désire alors en réaliser un remake américain afin de replonger dans les films de gangsters qui ont bercé les années 70. Une première expérience américaine en toute indépendance, soutenue par James Gray au scénario. Sur le papier, le sujet sent plutôt bon car si le film français peinait à trouver ses marques, on pouvait y déceler une histoire fraternelle très intéressante. Et surtout, Canet a largement fait ses preuves avec le très efficace Ne le Dis à Personne. Son association avec le réalisateur surdoué de the Yards et la Nuit nous appartient avait donc de quoi nous intriguer.

Pour reprendre l’histoire, Chris est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison. Son frère, flic, est là pour le remettre dans le droit chemin malgré leurs choix de carrière complètement opposés. Leurs retrouvailles vont évidemment mal tourner quand Chris va replonger et que les femmes vont s’en mêler.

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On le sait, l’histoire a bien du potentiel mais pourtant, cette nouvelle version du film va aussi avoir du mal à trouver son rythme et son sujet. Par manque d’ambition ou peut-être par excès d’humilité face aux références qu’il a en tête, Blood Ties est bien indépendant et sort du carcan de ce qui se fait en ce moment mais il manque certains excès shakespeariens, une vision d’ensemble et l’adoption d’un point de vue plus personnel pour nous emporter. En effet, le réalisateur ne s’intéresse qu’en surface à ces deux frères opposés et n’ose pas assez entrer dans la sphère intime de ses personnages. C’est dommage car c’était sans doute la chose à faire pour le rendre plus viscéral.

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D’autant qu’il avait tout de même un casting de haut vol pour faire de ses personnages des figures mémorables du genre. Clive Owen (que l’on aimerait bien voir plus souvent dans ce genre de rôle), Billy Crudup, Matthias Shoenaerts, James Caan, Marion Cotillard (en prostituée à l’accent polonais fort prononcé) et Zoé Saldana sont impeccable une fois qu’ils sorte du jeu « à la française»  que leur impose parfois le réalisateur. Ils forment un ensemble cohérent dans l’univers des 70′s que décrit le réalisateur (ou fantasme plutôt, tant cette vision semble plus issue des films que de la réalité).

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Heureusement, au bout d’une heure, le rythme commence à prendre et à nous embarquer dans cette histoire. C’est aussi le moment où les personnages vont enfin interagir de manière plus naturelle et où les graines semées dans la première partie vont se déployer, de manière dramatique ou non selon les personnages. Mais malgré ce regain d’intérêt, le film peine toujours à trouver l’essence des personnages, à les éviter pour parier sur le non-dit et l’ellipse plutôt que sur l’affrontement direct et brutal qui aurait apporté du caractère au film.

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Au final, comme son homologue français, Blood Ties reste donc une histoire à fort potentiel jamais exploité comme il se doit, voyant trop petit alors que la galerie de personnage aurait pu apporter beaucoup plus de profondeur et de matière à ce qui qui reste en permanence en surface, comme si Guillaume Canet restait là, à admirer les films qu’il idolâtre sans jamais tenter d’arriver à leur niveau alors qu’il le pourrait et c’est dommage. Du coup le film reste intéressant mais laisse un goût de trop peu.