Festival de l’Absurde Séance 2013: (Mon) bilan!

Comme tous les ans depuis 5 ans, a lieu le festival de l’Absurde Séance à Nantes, au cinéma le Katorza. L’occasion de voir des avant premières, des inédits, des déja vu de choses cinématographiques barrées, drôles, gore, fantastiques et débiles (le tout en buvant des bières, mangeant de la charcuterie et des bonbons, et pour les irrespectueux fumant des clopes).
Cette année, le festival s’est déroulé du 2 au 5 octobre 2013 (zombie walk le 17 octobre). Voici mon petit bilan (attention spoilers).

Mercredi 2 octobre

Ouverture du festival avec un atelier bruitage. Jean-Carl Feldis est venu faire une démonstration de bruitage, en sollicitant le public. A l’aide de simples accessoires, de la voix et des mains,le public a été amené à créer des bruitages sur un extrait des Aristochats (de  Wolfgang Reitherman (1970), et de la Guerre du Feu (Jean Jacques Annaud, 1981). On a donc créé le bruit de la pluie qui tombe en deux temps: l’ensemble des sacs plastiques qui reproduisait le bruit de fond de la pluie, et avec des claquements de langue, l’impact des gouttes qui tombent. Une  volontaire a tapoté un doigt dans la paume pour créer les bruits de pas de la souris.
Pour faire le bruit du feu, un spectateur a utilisé un morceau de balai qu’il a frotté, et une bande de jeunes s’est donné à coeur joie de créer une sorte de dialogue entre hommes des cavernes.
Moment sympa et trop court.

Alors là on claquait des doigts pour faire la pluie

Alors là on claquait des doigts pour faire la pluie

1-Hercules Returns de David Parker, 1993

9332412003197

De quoi ça parle:
Un homme lassé de travaillé dans une industrie cinématographique de films plus mauvais les uns que les autres, décide de rouvrir un cinéma abandonné. Le jour de l’inauguration, il se rend compte que le film qu’il compte projeté est en italien, sans sous titres. A l’aide de deux amis, il décide de faire lui même le doublage et les bruitages.

De quoi j’en pense:
Voici donc l’une des blagues du festival, Hercules Returns. Je ne connaissais pas le film et il ne m’intéressait pas vraiment mais étant juste après l’atelier bruitage, autant y aller. Et ce fut une bonne surprise car il s’agit en fait d’une sorte de grand détournement plutôt réussi. Malgré des longueurs, c’est très drôle, d’autant plus que le film original a l’air d’être un bon gros navet, ce qui aide à des doublages improbables sur des situations complètement débiles.
Sachez que le film original se nomme Samson and His Mighty Challenge de Giorgio Capitani (1965).Le détournement représente les 3/4 quarts du film, le reste est dans le burlesque et l’exagération et n’a pas grand intérêt.

2-Tore Tanzt de Katrin Gebbe, 2013

21032209_20130827065208185.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

De quoi ça parle:
Un jeune garçon faisant parti d’une secte religieuse pour djeun’s écoutant du quepon, est recueilli par une famille, dont le père s’avère être un personnage particulièrement dérangé. La descente directe en enfer commence. Inspiré de faits réels.

De quoi j’en pense:
Changement donc de registre avec le très sombre Tore Tanzt. 1er long métrage de la réalisatrice, 1er coup de poing. Le film a été sélectionné à Cannes cette année dans la catégorie "un Certain Regard". Tu m’étonnes.
Le film est divisé en trois chapitres. Personnellement j’ai jamais trop compris ce type d’initiative, parce que quand je suis dans le film et que j’essaye de comprendre ce que je vois, je ne me souviens pas du chapitre dans lequel est la séquence. Mais ça a le mérite de délimiter clairement les différentes étapes du film et de son protagoniste.

Commençons par le positif, Tore Tanzt est porté de A à Z par son jeune interprète, Julius Feldmeier dont c’est le 1er rôle. Assez bluffant, bourré d’innocence et de naiveté, et en même temps de détermination. La mise en scène se veut réaliste, l’image est froide, elle m’a beaucoup fait penser au superbe Fish Tank d’Andrea Arnold, 2009.
La progression de l’intensité de la perversion du père, ainsi que l’initiation des autres (sa femme, ses amis) à la violence et à la torture est très bien dosée, ni trop brutale, ni trop lente, le spectateur assiste impuissant, au calvaire de Tore. D’autant que cette progression est ponctué de moments brillants de retournement de situation, comme la scène où le père commence à arroser Tore pour le nettoyer de sa crasse puante. On ressent un profond malaise devant cette intention mauvaise, qui peut encore se cacher comme une certaine bonté. La fille, attachée à Tore, arrive dans le champ de la caméra comme une sauveuse, en transformant l’instrument d’humiliation en jeu d’eau avec Tore. Le bourreau désarmé, s’éloigne. Le tout sans violence verbale ou physique.
Tore Tanzt contient deux scènes relativement insoutenables, dont la dernière est l’apogée d’une violence non pas brutale ou rageuse, mais profondément perverse.

Mes réserves se situent au niveau des personnages secondaires et de leurs interprétations, qui laissent à désirer. Le bourreau manque particulièrement de charisme et on a du mal à se dire qu’il ai réussi à initier son entourage, à la violence.
L’autre défaut selon moi (que l’on retrouve dans des films type Breaking the waves, Lars Von Trier, 1996), c’est cette incroyable tolérance à la souffrance et au martyr que le personnage principal est prêt à subir. Pourquoi? Pour l’amour de la jeune Sanny. Pourquoi? Pour l’épreuve que Dieu donne à Tore. Mais dans quel but? A la recherche de quoi? Et pourquoi sert il simplement de bouclier à Sanny sans chercher à neutraliser Benno d’une façon ou d’une autre, pour faire cesser de tels agissements? Lui qui finira sans doute par mourir, n’aura pas résolu grand chose à part permettre une fugue peut être provisoire de Sanny et son frère. Pour moi ça reste bien léger.

A noter que la mention "inspiré de faits réels" arrive au générique et a un impact bien plus lourd.

Samedi 5 octobre-La nuit fantastique

Jean Maurice nous présent le programme de la Nuit Fantastique

Jean Maurice nous présente le programme de la Nuit Fantastique

1-La malédiction de Chucky, de Don Mancini, 2012

affiche-La-Malediction-de-Chucky-Curse-of-Chucky-2013-1

De quoi ça parle:
Chucky’s back and he wants to play (avec une jeune fille en fauteuil roulant cette fois).Si vous ne savez pas qui est Chucky je ne peux rien pour vous.

De quoi j’en pense:
Seul opus de la saga qui sortira direct en DVD, ça vous donne une idée de la qualité de ce nouvel épisode. Bourré de défauts, que ça soit la mise en scène (zoom, ralentis qui durent 3H sans intérêt avec parfois des jumpscares ridicules, flashs back noir et blanc moches), l’interprétation (seule l’héroïne tient à peu près debout si je puis dire), le scénario (explication RIDICULE de la vengeance de Chucky, qui fait passer Charles Lee Ray pour un demeuré amoureux), les effets spéciaux (Chucky a parfois une tête très bizarre quand il est méchant avec une poussée anormale de tâches de rousseur) et j’en passe.
Mais le film se suit bien, les rebondissements s’enchaînent, les répliques de Chucky sont parfois rigolotes (Shut your fucking mouth dit il à la petite fille qui vient de lui dire mielleusement que le placard où il l’enferme est une bonne cachette), un oeil tombe et une handicapée se prend une hache. Bref on s’amuse quand même.

2-Frankenstein’s Army de Richard Raaphorst, 2012

frankenstein's army

De quoi ça parle:
Je sais plus trop, j’ai pas mal somnolé pendant celui là, mais on suit une troupe de soldats russes qui découvrent les expérimentations d’un scientifique nazi: un assemblage de restes humains, complété d’artilleries afin d’en faire des robots de combat indestructibles.

De quoi j’en pense:
C’est assez mauvais. Tourné en point of view, l’image donne mal au crâne. Ca part dans tous les sens, aucune cohérence dans l’action, peu crédible (le mec manque de se faire tuer mais bon non il faut récupérer la caméra, oui sinon y a plus de film remarque), mauvais acteurs, scénario débile…
Mais, on peut noter un gros effort sur les décors qui sont réussis bien que ça manque un peu de personnalité, et sur les robots qui sont quand même bien impressionnants.

3-Cheap Thrills de E.L. Katz, 2013

original_648857

De quoi ça parle:
Un sage père de famille en difficulté financière retrouve un ami d’enfance dans un bar. Ils rencontrent un couple fortuné, et l’homme va leur lancer des défis rémunérés. L’escalade dans la violence est lancée.

De quoi j’en pense:
L’affiche me faisait absolument pas envie, c’est pourtant la belle surprise de la soirée.
Pertinent, drôle, violent, dynamique, bien joué, Cheap thrills fait grincer les dents tout en évident de basculer dans le dégueulasse de mauvais goût.
Le personnage du meneur de jeu fortuné joué par David Koechner est particulièrement grandiose, faisant accepter sa grande déviance avec l’humour.
La force du film c’est sa capacité a amener progressivement les personnages de Vince et Craig à commettre des actes d’abord rigolos, puis limites a carrément hyper violents et dégradants. Et le spectateur évolue avec eux. C’est à dire qu’on s’amuse à les voir relever des défis que l’on pourrait se donner entre potes (se faire gifler par la serveuse), on rigole à les voir chier dans la maison du voisin, mais on est mal à l’aise quand Craig se laisse convaincre de se prostituer (dans les bras de Sara Paxton, m’enfin quand même).
L’autre réussite c’est l’ambiguïté de Colin, le riche meneur qui penche un coup du côté de la perversité la plus totale, et un autre coup du côté du gars qui a quand même un certain respect (en refusant de tuer le chien, en précisant que non il ne veut pas que les soumis mangent la merde du chien, etc…).

Bémols concernant la construction des personnages, vue et revue au cinéma (le bad boy a en fait un coeur bien plus grand que le nice guy qui s’avère être un salaud fini, bouffé par le capitalisme mais qui d’un côté fait ça pour protéger sa famille). Ou encore la morale bien pensante et pesante (c’est normal que le bad guy soit un looser parce qu’il a pas eu de chance dans la vie, alors que le nice guy a eu une famille et une éducation, du coup c’est pire qu’il bascule dans la violence et l’immoralité).

Le dernier film était  le gros navet Manborg  de Steven Kostanski,(2011) mais programmé à 4H30 du matin, je n’aurais pas tenu.