Kick-Ass 2, critique

Kick-Ass 2, critique

Kick-Ass est de retour au ciné pour une nouvelle aventure costumée mais surtout pour se reprendre encore une fois de bons coups de pieds au derrière. Mais cette fois, la blague de mauvais goût ne fonctionne plus.

Kick-Ass 2, critiqueEn 2010, un petit ovni adapté du comics instantanément culte de la grande gueule Mark Millar créait la surprise. Kick-Ass botte les fesses du box-office et se révèle un divertissement bien calibré sacrifiant volontiers la violence sur l’autel du fun sans pour autant oublier son propos premier, montrer une face plus réaliste du super-héros dans notre quotidien. Entre références sarcastiques et le show saignant de Hit Girl et Big Daddy, Matthew Vaughn proposait une vision décomplexée assez réjouissante.

Le succès aidant, Millar s’est tout de suite attelé à l’écriture de la suite en comics, toujours avec John Romita Jr au dessin pour explorer davantage les conséquences des actes de Kick-Ass dans notre société et montrer la montée des groupes de Vigilantes (ces gens se prenant pour des super-héros et faisant justice eux-même en aidant la veuve et l’orphelin). Voici donc que notre super-héros amateur s’entoure d’une équipe pour aider la population locale alors que Hit Girl tente de se fondre dans la masse et de vivre une vie de lycéenne normale (quand le naturel ne revient pas trop au galop). Mais il ne faudrait pas oublier Chris d’Amico, l’ancien traitre Red Myst qui va chercher à venger la mort de son père en enrôlant une bande de super-vilains.

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Exit Matthew Vaughn relégué au rang de simple producteur exécutif, place à un nouveau réalisateur pour mettre en boite cette suite. C’est donc Jeff Wadlow, à qui l’on doit le pas vraiment mémorable Never Back Down, qui s’occupe de mener l’affrontement entre les gentils vigilantes et les vilains casseurs du Motherfucker. Et autant le dire tout de suite, que ce soit à l’écriture ou derrière la caméra, il est loin d’égaler le niveau de son prédécesseur. On pouvait déjà faire pas mal de reproche à la matière de base, à savoir une glorification gratuite de la violence et un discours assez ambigu sur les fans de super-héros qui sont plutôt pris pour des abrutis finis, mais le réalisateur transforme tout cela en simple teenage movie aux blagues scatos sans intérêt. Si le comics et le premier film étaient volontairement grossiers pour mieux nous amuser, ici, il franchit allègrement la frontière de la vulgarité avec des dialogues qui se veulent percutants mais ne marqueront jamais les esprits, des gags qui frappent systématiquement sous la ceinture, bref du rire gras digne des frères Farrelly d’aujourd’hui, à base de vomi et de chiasse … en même temps.

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Oubliez la critique présente dans le premier Kick-Ass, cette fois, nous avons droit aux premiers émois d’une Hit Girl en chaleur (oui, la demoiselle a 15 ans et donc l’aspect fun d’une gamine tuant du gangster à l’arme blanche est terminé donc il faut bien trouver des gags à la hauteur comme la faire soupirer devant les abdos d’un Aaron Taylor Johnson maintenant trop carré pour le rôle du frêle lycéen…) qui nous rabâche pendant tout le film qu’elle ne peut plus s’habiller en combinaison violette pour donner des coups (au bout de 10 fois on a compris).
Du côté de Kick-Ass, le principe de ‘équipe était une bonne piste mais le réalisateur ne va pas se pencher beaucoup sur la question, se contentant surtout de faire tire un coup à son héros dans les toilettes. Comme dans le comics, le discours initial sera rapidement remplacé par du vide, à ceci près qu’il n’a en plus même pas les couilles (oui, on se met au niveau de vulgarité du film pour en parler) de montrer la violence qu’il est censé dénoncer. Fans du comics, oubliez donc le passage du chien ou du viol, le réalisateur a ici un sacré coup de mou et préfère en rire plutôt que d’y faire face.

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Ajoutez à ce non intérêt total du scénario une réalisation complètement à l’ouest, tentant tant bien que mal de reprendre le flambeau de Vaughn sans jamais y arriver et nous offrant en même temps certaines séquences particulièrement moches (la poursuite sur l’autoroute le dispute à la séquence du train de Wolverine), effet accentué par l’utilisation de sang exclusivement numérique (participant encore une fois à l’évacuation de la violence du film). On se demande alors où peut bien être passée la violence décriée par Jim Carrey tant le film n’est pas un seul instant subversif sinon pour le coup de pub. En parlant de Jim Carrey, il s’agit d’ailleurs certainement de la plus grosse arnaque du film. Certes, les lecteurs du comics savaient que le colonel qu’il incarne ne faisait pas long feu, mais c’est tout de même assez honteux de ne pas exploiter davantage et surtout de meilleure manière un acteur de ce calibre.

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Bref, Kick-Ass 2 condense à lui tout seul tous les défaut que son aîné avait réussi à éviter. De la comédie sarcastique sur le super-héros nous sommes donc passés au teenage movie graveleux qui n’assume jamais son propos. C’est très bête et sans grand intérêt … comme le comics en fait, la violence en moins. Et quand on entend que Jeff Wadlow travaille sur le prochain X-Force (dérivé de la franchise X-Men), on n’est pas prêt d’être rassuré.