L’Oncle de Brooklyn de Daniele Cipri, et Franco Maresco

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

L’Oncle de Brooklyn
De Daniele Cipri, Franco Maresco
Avec Salvatore Gattuso, Pippo Augusta, Salvatore Schiera
Italie, 1995, 1h38
Date de sortie : 3 Juillet 2013
Copie neuve restaurée

 Le film sort enfin en salle, plus de quinze ans après sa présentation au Forum du festival de Berlin.

Synopsis

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.

La famille Gemelly (Tano, ses trois fils et son neveu, paralysé et un peu fou) vit dans un vieux bâtiment délabré de la banlieue de Palerme. Deux nains, des chefs de la mafia, les informent qu’ils doivent abriter et cacher pendant quelques jours un personnage mystérieux, l’oncle de Brooklyn. Les Gemelly ne peuvent décemment pas refuser cette “faveur”. Leur invité s’installe donc chez eux. Les jours passent sans que personne ne vienne chercher cet oncle de Brooklyn qui ne mange pas, qui ne dort pas et qui ne parle pas…

Ciprì et Maresco, enfants terribles du cinéma italien

Nés tous les deux à Palerme (respectivement en 1962 et en 1958), ils commencent à travailler ensemble en 1986 en signant des courts métrages et des vidéos expérimentales pour une chaîne palermitaine.
En 1990, ils rejoignent la télévision publique Rai 3, grâce à Enrico Ghezzi, figure importante de la cinéphilie italienne, critique de cinéma et surtout responsable de programmes nocturnes audacieux et délirants. Ciprì et Maresco collaborent à Fuori Orario, Blob et Avanzi, émissions devenues mythiques de Ghezzi, puis créèrent Cinico TV, programme de saynètes à l’humour volontiers scatologique, de sketches satiriques qui brocardent méchamment les institutions italiennes ou dérivent vers l’absurde. Ciprì et Maresco révolutionnent la télé italienne et deviennent de véritables phénomènes de société

Ils passent au long métrage de cinéma en 1995 avec L’Oncle de Brooklyn, comédie mafieuse interprétée par des nains, des handicapés, des vieillards plus ou moins débiles.

En 1998, ils réalisent également  une fable surréaliste inspirée des épisodes les plus connus de la vie de Jésus Christ, Toto qui vécut deux fois.

Considérés comme les cinéastes les plus originaux de leur pays, ils sont fermement révoltés contre la médiocrité du cinéma italien contemporain, ses comédies hypocrites et narcissiques au flot ininterrompu de paroles, et surtout ses films politiques qui se veulent dénonciateurs de l’injustice.

Pour en savoir plus sur les deux réalisateurs, lire les Propos d’Olivier Père: ici

Quelques critiques :

"Une série de saynètes drôles et dérisoires poussant l’humour dans ses retranchements scabreux ou scatologiques, qui montre jusqu’où l’iconoclaste poète Pasolini aurait pu aller s’il n’avait pas été bridé par la censure religieuse de son temps."L’Humanité.

« Ce que j’aime chez Ciprì et Maresco, c’est le courage avec lequel ils parlent d’une Italie barbare. » Mario Monicelli

"J’adore Ciprì et Maresco, je les considère comme deux génies. Il sont "malades" et visionnaires, profondément originaux." Marco Bellocchio

« Je pense que dans le futur on regardera le travail de Ciprì et Maresco non seulement d’un point de vue cinématographique, mais comme on examine un véritable essai d’anthropologie sociale. »  Toni Servillo

« Lo Zio di Brooklyn est un film extraordinaire. L’utilisation sans concession de dialectes, l’époustouflante photographie en noir et blanc, le choix des décors et celui des acteurs concourent à donner une forte dimension poétique. » Mario Martone

Un entretien avec Ciprì et Maresco : ici