Plein soleil

Plein soleil De : René Clément.
Avec : Alain Delon, Marie Laforêt, Maurice Ronet, Erno Crisa, Elvire Popesco, Frank Latimore, Billy Kearns, Romy Schneider, Ave Ninchi, Viviane Chantel...
Genre : Thriller.
Origine : France - Italie.
Durée : 1 heure 54.
Date de sortie : 10 mars 1960.
Synopsis : Tom Ripley est chargé par un milliardaire américain, Monsieur Greenleaf, de ramener à San Francisco son fils Philippe qui passe de trop longues vacances en Italie auprès de sa maîtresse Marge. Tom entre dans l'intimité du couple et devient l'homme à tout faire de Philippe qui le fait participer à toutes ses aventures sans cesser de le mépriser...
Bande annonce française
"Je t'aurais suivi en enfer. Son père ne pouvait pas nous voir ensemble. Il me trouvé pas assez distingué... C'est drôle... Parce que maintenant, c'est lui qui m'envoie."
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Plein soleil
J'ai vu très peu de films avec Alain Delon. Je sais que c'est un monstre du cinéma français mais j'ai une méconnaissance de sa filmographie assez importante. C'est pas que je n'aime pas l'acteur, c'est juste que je n'ai jamais l'occasion de voir ses films ou quand l'occasion se présente, je passe souvent à côté sans que je puisse réellement l'expliquer. Du coup, à l'occasion de la ressortie en salles de "Plein soleil", j'avais envie de combler un peu certains trous dans ma culture cinéphilique en découvrant ce long métrage de René Clément qui à été une étape importante dans la carrière d'Alain Delon.
Et je dois dire que j'ai été agréablement surpris. Ce scénario écrit par René Clément, René Gégauff et Paul Gégauff d'après l’œuvre de Patricia Highsmith aurait même pu être plus surprenant à mes yeux si je n'avais pas eu la mauvaise idée de lire le synopsis d'Allociné qui raconte la seconde partie du film. Un synopsis qui en disait trop je trouve et que j'ai d'ailleurs voullu moi même "couper" un peu pour ceux qui ne connaisse pas le film et dont je déconseille aussi le visionnage de la bande annonce (comme toute les bandes annonces des vieux films français, celle ci dure trois minutes et raconte quasiment tout le film).
Bref, j'aurais pu être plus surpris encore si je n'avais pas eu connaissance de cette seconde partie car le film se dégage bien en deux partie. La première nous fait découvrir une relation amicale assez surprenante entre Tom et Philippe. Méprisante tout en ayant une dose de fascination l'un envers l'autre, on découvre alors les écarts de l'époque entre différente classe sociale tout en abordant l'attrait que l'argent peut avoir pour certains. Cette relation est surprenante car entre les deux va s'installer une espèce de jeu du chat et de la souris où on à un peu de mal à voir où chacun veut en venir, jusqu'où il est prêt à aller etc etc. Avec des faux airs de comédie dramatique, on se met alors à avoir plus ou moins d'affinités avec les différents personnages dans cette histoire légère qui tarde peut être à se lancer.
Ce lancement tardif avec le recul n'est pas une mauvaise chose car il nous permet de passer par la suite à une seconde partie beaucoup plus intéressante. Une seconde partie que je ne préfère donc pas trop dévoiler pour ceux qui n'ont pas vu le film mais qui prend un virage que j'ai nettement plus apprécier. Alors après, il y à bien sûr de grosses facilités scénaristiques qui font que le final devient presque "bête" tant on se laisse prendre au jeu et qu'on aimerait une autre issue pour le personnage de Tom Ripley mais malgré ses facilités, j'ai vraiment été pris par cette intrigue et la direction qu'elle à pris. Si la première partie aurait pu me lasser avec le temps et à su se stopper quand il le fallait, cette seconde partie s'est avéré plus passionnante et correspond déjà à un cinéma que j'apprécie plus tout en reconnaissant que les deux parties sont au final complémentaire malgré tout.
Alain Delon qui m'a fait déplacer en salles pour le coup est à la hauteur de son statut. En Tom Ripley, il est juste excellent. Charismatique, le regard pénétrant avec sa gueule d'ange, il est très bien mis en avant et malgré ses actes, on ne peut s'empêcher d'avoir de la sympathie pour lui. C'est là aussi que le scénario est assez fort je trouve car Alain Delon à un magnétisme naturel dans ce film qui irradie l'écran et donne à son personnage une dimension encore plus grande. Personnage assez complexe qu'on à du mal à cerner au delà de son attirance pour l'argent, c'est en tout cas un personnage que j'ai trouvé très intéressant et dont Alain Delon porte bien les traits à l'écran.
A ses côtés, j'ai bien aimé aussi Maurice Ronet en Philippe Greenleaf. Très charismatique aussi, il arrive très bien à joué le fils riche pourri gâté et marqué son aura sur Alain Delon qui fascine sans jamais trop en faire permettant à Maurice Ronet de très bien exister. L'acteur y est impeccable en tout cas, lui aussi assez complexe à cerner avec ce côté méprisant et en même temps sympathique sans qu'on puisse réellement l'expliquer. J'ai pas forcément compris ses réactions dans ses dernières scènes à l'écran mais le comédien m'a en tout cas bien plu et s'en sors très bien aussi.
Pour compléter ce trio, on retrouve une Marie Laforêt assez fraiche et pétillante. Elle est bien sûr moins charismatique que le duo Alain Delon - Maurice Ronet mais elle s'intègre bien dans cette bande de façon très naturelle. On aurait d'ailleurs très bien pu creuser davantage son personnage je pense qui parfois fait un peu office de belle plante alors que la comédienne montre de bonnes choses. Au final, elle est peut être un peu trop en retrait mais bon je le comprends d'un point de vue scénaristique c'est juste que vraiment je pense qu'on aurait pu exploiter un peu plus son rôle.
Derrière ce trio très glamour et très convaincant, j'ai bien aimé le reste de la distribution aussi qui est bien dirigé et qui n'en fait jamais trop, disparaissant de l'intrigue juste quand il le faut à chaque fois. C'est le cas par exemple de Billy Kearns en Freddy Miles qui à un petit côté énervant assumé mais dont les quelques apparitions apparaissent juste quand il le faut. Même chose pour Elvire Popesco en Madame Popova dont l'intérêt n'est pas très grand mais qui elle aussi joue bien son rôle. Erno Crisa dans le rôle de l'Inspecteur m'a lui aussi bien plu malgré ses clichés tout comme la très petite apparition de Romy Schneider dans le rôle de l'amie de Freddy que j'ai trouvé agréable.
Niveau réalisation, c'est le premier film de René Clément que je vois (je vais tenter de découvrir "Jeux interdits" bientôt en salles). Et pour une première, moi qui m'attendais à quelque chose d'assez classique, de posé, j'ai été agréablement surpris. Sa réalisation est vraiment très bien soigné avec des angles de vues parfait et une ambiance bien dosé en parfaite adéquation avec l’atmosphère générale. René Clément passe ici de la légèreté de la première partie à la tension de la seconde avec beaucoup de brio et si parfois les quelques touches d'humour sont peut être un peu maladroite, j'ai quand même beaucoup aimé sa mise en scène maitrisé du début jusqu'à la fin.
La version du film que j'ai vu avec l'image restauré aide beaucoup aussi mais le film est en tout cas toujours efficace avec une lumière assez chaleureuse et surtout une exploitation des décors que j'ai beaucoup aimé. J'ai aimé ce Rome pittoresque, mélange de rues touristiques et de passages plus confidentiels. Pour y être aller il y à peu, me replonger dans cette cité sans que je m'y attendes m'a bien fait plaisir surtout qu'à l'écran, la ville est tout aussi belle que dans mes souvenirs même si certains coins on quand même bien changé.
Le montage est réussi aussi sinon. Il contribue à rendre ce long métrage dynamique même si vers la fin on peut le trouver un peu long à cause de cette première partie qui prend son temps pour s'installer et repartir. Avec beaucoup d'humour, de charme, de glamour mais aussi du suspense, le film est en tout cas passionnant et nous tient bien en haleine, bien aidé par la bande originale composée par Nino Rota mélangeant bien la tension générale avec le soleil de l'Italie dans sa partition. Sa musique est très agréable à écouter et colle bien également avec ce film.
Pour résumer, je ne regrette vraiment pas cette découverte de "Plein soleil". Ayant des lacunes dans la filmographie d'Alain Delon, ce film me donnerait même envie de me plonger un peu plus dans la carrière de cet acteur tant il irradie de sa présence l'écran. Quand au film en lui même, si la première partie est peut être un peu longue, la seconde plus intéressante m'a vraiment beaucoup plu les deux étant de toute façon complémentaire. C'est un film que j'ai grandement apprécier malgré ses facilités et que je reverrais avec plaisir je pense tout en tentant l'expérience de son remake américain. Pour mes premiers pas chez René Clément, "Plein soleil" à réussi son pari et j'ai vraiment passé un très bon moment de cinéma.
Plein soleil
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